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Sarkozy-Le Maire, un écart qui se rétrécit dangereusement dans les sondages... jusqu’à un dépassement ?
©Reuters

Rattrapage

Rue de Vaugirard, les proches de l'ancien chef de l’État s'inquiètent de voir Bruno Le Maire à quelques points de leur leader et tentent de lui mettre des bâtons dans les roues. Selon eux, la candidature de Geoffroy Didier pourrait ringardiser l'ancien ministre de l'Agriculture.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Combien de sourires contenus a-t-il rencontré lorsqu'au printemps 2013 il affirmait, avec aplomb : " je vise l’Élysée " ? Combien de regards gênés face à l'assurance de cet ex-ministre encore méconnu du grand public ? Déjà, viser la présidence de l'UMP semblait bien ambitieux. Face à Nicolas Sarkozy, cela relevait du suicide. Et pourtant, l'inconnu Le Maire, à force de battre le terrain et de croire à son destin, réussit, en novembre 2014, à rassembler prés d'un tiers des voix. Un score inespéré face à la star Sarkozy dont l'équipe pronostiquait une victoire avec plus de 90% des voix. Bruno Le Maire avait eu raison d'y croire.

Quelques mois plus tard, candidat à la primaire des Républicains, l'ancien ministre de l'Agriculture rencontre les mêmes regards lorsqu'il affirme : " je serai au second tour, j'emporterai cette primaire ". Les mêmes sourires qui n'en sont pas. Il n'est, en octobre, qu'en quatrième position dans les sondages, derrière François Fillon, mais très vite les deux hommes sont au coude à coude, longtemps. Mais en mars, après sa déclaration de candidature et son grand meeting à la Plaine-Saint-Denis, Bruno Le Maire se trouve propulsé juste derrière Nicolas Sarkozy. Il n'y a plus, aujourd’hui, entre les deux hommes, que quelques points d'écart. BLM, comme son équipe le nomme, n'a plus que 11 points de retard sur le président des LR, alors qu'il en comptait encore 21 le mois dernier. Dans un autre sondage (Odoxa pour Le Parisien) publié dimanche 20 mars, le député de l'Eure n'avait même que cinq points de moins.

Voilà de quoi énerver l'ancien président et son équipe qui, tout en faisant mine de ne pas s'en inquiéter et de ne rivaliser qu'avec Alain Juppé, ne manquent pas une occasion de s'en prendre à l'impétrant, de dénoncer son arrogance en bureau politique, son mépris pour les élus de son camp... Mais rien ne semble y faire, l'autre grimpe et l'écart de resserre. Les proches de l’ancien chef de l’État réfléchissent donc à une opération Killing le renouveau et regardent d'un œil intéressé l'arrivée, dans la campagne, du tout jeune Geoffroy Didier qui avance justement l’argument du changement de génération et ne retient pas ses coups contre Le Maire : " Le renouveau ? Le Maire l'affiche, Macron l'incarne ", lançait-il récemment tentant de ringardiser celui dont les sarkozystes ont pris l'habitude de dire : " il est déjà vieux dans sa tête ".

A lire sur notre site, l'interview de Geoffroy Didier : "Si vous pensez que je roule pour Nicolas Sarkozy et pour ringardiser Bruno Le Maire, alors je risque de vous étonner par ma liberté"

Mais Bruno Le Maire peut-il vraiment challenger Nicolas Sarkozy ? Il faut reconnaître que l'argument du renouveau est assassin pour l'ancien chef de l’État qui est ainsi en permanence ramener à son quinquennat. A son bilan. Pourquoi ferait-il demain ce qu'il n'a pas fait hier, semble dire, sans même avoir à desserrer les lèvres, Bruno Le Maire.  Mais le seul argument du renouveau suffira-t-il à porter l'ancien ministre au second tour ? Cela semble un peu léger.

D'autant que si Bruno Le Maire est entré en campagne il y a plus d'un an, Nicolas Sarkozy, lui, attend toujours son heure. L'ancien chef de l’État temporise, prend le temps de verrouiller la primaire, les investitures aux législatives. Ca n'est qu’en septembre, lorsqu'il sera officiellement candidat, qu'il se déploiera enfin pour gagner l'opinion. Et dans la tête de ses soutiens, ça ne fait aucun doute, Bruno Le Maire sera balayé par la force de frappe de Nicolas Sarkozy. Ce charisme et cette énergie qui font sa supériorité.

D'autant que le député de l'Eure a choisi le même créneau idéologique que le patron des LR, la droite de la droite, proposant de réduire le nombre d'employés de la fonction publique territoriale (il souhaite, par exemple, que les jardiniers municipaux dépendent d’entreprises privées), de privatiser Pôle emploi, de construire des prisons, de rénover l'armée et de plafonner à 75% du SMIC les aides sociales afin que celui qui ne travaille pas ne gagne pas plus que celui qui travaille. Il réfléchit aussi à réformer le statut des enseignants afin qu'ils ne soient plus fonctionnaires à vie. Il ne cesse de fustiger cette droite qui, "lorsqu'elle est au pouvoir, pense comme la gauche". A trop vouloir concurrencer Nicolas Sarkozy sur son terrain, à l'heure du choix, il pourrait bien être concurrencé à son tour par l'ancien président.

Reste qu'en attendant septembre, Nicolas Sarkozy court un grand risque à laisser ainsi se rapprocher son concurrent. A laisser s'installer l'idée qu'il pourrait être dépassé dans les deux sens du terme. Qu'il pourrait être, même pas le challenger, simplement l'oublié.

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