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Salaire inférieur au Smic : comment Pierre Gattaz va tuer cette bonne idée
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Pierre Gattaz, a suggéré de créer un salaire d’entrée dans l’entreprise à un niveau inférieur au Smic. L’idée est bonne mais l’enthousiasme du président du Medef risque de la tuer.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Cette affaire de coût du travail va constituer le vrai test de la capacité du gouvernement à assouplir le droit du travail pour rendre le marché de l’emploi fluide. Le système français souffre d’un coût du travail excessif mais aussi d’un manque de souplesse. C’est d’une évidence biblique, l’existence du Smic a accéléré la délocalisation industrielle et a provoqué du chômage. Le coût du travail s’est retrouvé depuis une dizaine d’années trop élevé par rapport aux conditions d’équilibre de l’entreprise. Les entreprises ont fermé et les syndicats ont préféré se battre pour améliorer l’indemnisation chômage. Le pays tout entier a fait le choix du chômage plutôt que du travail.

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Les entreprises ont été dissuadées d’embaucher et les demandeurs d’emplois n’ont pas été franchement encouragés à trouver un job. Résultat, la France compte désormais 10% de chômeurs.

De l’avis de la majorité des experts,  la solution passerait par un déblocage du marché de l’emploi. C’est-à-dire par une simplification des procédures, un déverrouillage des seuils qui bloquent le développement des entreprises, une flexibilité plus grande y compris sur les salaires… avec, pourquoi pas, des Smic différents selon les régions et  comme vient de le dire Pierre Gattaz, l’instauration d’un Smic inférieur au niveau légal  pour inciter les jeunes à mettre un pied dans l’entreprise plutôt que de commencer par la case "Pôle Emploi" !

Le problème, c’est que tout cela n’appartient pas au logiciel de la gauche. Les militants du Front de gauche, du Parti communiste et les adhérents syndicaux sont en général vent debout contre ce type de réformes. Ces dernières sont donc restées de tout temps dans les cartons pour des raisons strictement idéologiques.

Manuel Valls est arrivé à Matignon sans trop d'a priori. Il a d’emblée parlé de réformer le droit du travail, d’introduire plus de flexibilité... François Hollande lui-même s’est laissé convaincre, par quelques-uns de ses amis économistes, dont Elie Cohen, de réfléchir à un salaire minimum moins élevé et pourquoi pas un salaire régionalisé pour tenir compte des différentiels de pouvoir d’achat. Manuel Valls a soulevé quelques inquiétudes dans les rangs de ses amis politiques mais pas de levées de boucliers. La gauche est dans un tel état qu'elle n’a pas d’autre choix que d’accepter les prescriptions de l’un des leurs, même si ces prescriptions ne paraissent pas dans la ligne du parti.   

Dans les coulisses, tout était donc possible pour Manuel Valls qui veut absolument faire repartir la machine économique. Mais à une condition : de ne pas faire de provocation à l’adresse des militants de gauche.

Or, si Pierre Gattaz  s’empare de cette idée pour la défendre avant même que le gouvernement l’ait formalisée, il provoque immédiatement une réaction de rejet de la part des syndicats. Ça n’a pas manqué. Tous les syndicats sont plus ou moins montés au créneau contre cette idée du Medef redevenu pour le coup le repère des "affreux-capitalistes-prêts-à-tout-pour-optimiser-leurs-dividendes".  

Reste à savoir comment vont réagir les politiques, non ceux de droite (Ils n’ont guère travaillé à trouver des idées nouvelles), mais les politiques de gauche brûlés vifs… On aurait voulu tuer dans l’œuf une mesure intelligente et pragmatique qu'on n’aurait  pas fait les choses différemment. Les pires adversaires de Manuel Valls sont tapis au sein même de sa famille. Pour l’instant, ils grognent un peu mais attendent de voir. Maintenant, si on agite le chiffon rouge, ses adversaires vont se réveiller et obliger François Hollande à calmer le jeu. 

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