Rouge Chine : le vent de la révolution sexuelle balaie le carcan de la pruderie communiste <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Du temps de la Chine de Mao et de la Révolution culturelle, le sexe était considéré comme décadent.
Du temps de la Chine de Mao et de la Révolution culturelle, le sexe était considéré comme décadent.
©Reuters

Point de non retour

Lentement mais sûrement, la révolution sexuelle est en marche en Chine. Pourtant, le pays n'a pas toujours été conservateur en matières de pratiques sexuelles...

La révolution sexuelle en Chine est une affaire compliquée… et contradictoire. Chaque année, plusieurs milliers de femmes sont prêtes à payer plus de 500 euros pour se faire reconstruire l’hymen rapidement avant leur mariage. Les futures mariées qui ne sont pas en mesure de débourser une telle somme peuvent aussi se rendre dans l’un des 200 000 sex shops que compte le pays pour s’acheter un hymen artificiel. La part des femmes ayant des relations sexuelles avant le mariage a en effet grimpé en flèche ses vingt dernières années. Et dans les zones urbaines, elles sont aujourd’hui près de 70% à avoir eu des relations sexuelles pré-maritales alors qu’elles n’étaient que 15% dans les années 1990.

Si ces chiffres témoignent d’une forme de libération sexuelle, ils révèlent également le conservatisme qui règne en la matière. Selon Richard Burger, journaliste américain auteur deBehind the Red Door : Sex in China, “pour la plupart des Chinois, la virginité reste quelque chose d’important et les hommes ont généralement hâte d'être à leur nuit de noces pour déflorer leur épouse encore vierge. Dans le cas contraire, cela peut représenter un motif de divorce".Il n’empêche que la Chine est bel et bien en train de vivre une révolution sexuelle, mais contrairement à celle qu’a connue le monde occidental dans les années 1970, celle-ci se fait petit à petit. Elle se veut moins tapageuse et plus lente notamment en raison du contrôle exercé par le gouvernement. De plus en plus de magazines se permettent timidement de publier des photographies érotiques, et de donner des conseils à leurs lecteurs sur comment draguer une fille, alors qu’il y a encore quelques années, ce genres de pratiques étaient tout simplement impensables.

Certains sociologues estiment que la politique de l’enfant unique introduite en 1979 seraient l’élément déclencheur de cette révolution. "La politique de l’enfant unique a ébranlé les croyances confucianistes selon lesquelles le seul objectif des relations sexuelles est la procréation",explique Pan Suiming, professeur à l’université de Renmin en Chine.  Si la révolution sexuelle a commencé avec la mise en place de la politique de l’enfant unique, c’est l’évolution d’Internet qui l'a alimentée. C’est sur la toile que les jeunes gens peuvent obtenir des vidéos pornographiques, interdites en chine, ou encore pour rencontrer des partenaires d’un soir. “Il s'agit d'une sorte de révolution sexuelle populaire, qui vient de la base", a déclaré dans le New-York Times, Annie Wang, auteure de The People’s Republic of Desire. En 2003, une bloggeuse a d'ailleurs particulièrement chamboulé les mentalités des femmes. Sur son "sex blog", Muzi Mei avait l’habitude de décrire ses ébats en détails et est même allé jusqu’à en publier des enregistrements sonores. Sans surprise, les censeurs sont passés par là et le blog a été fermé à peine quelques mois après son ouverture. "Elle a apporté un discours complètement nouveau en Chine. (…) Les femmes ont soudainement compris que leur vie sexuelle leur appartenait et qu’elle pouvait en faire ce que bon leur semblait”, estime Richard Burger dans une interview au site américain Business Insider.

Il est donc loin le temps de la Chine de Mao et de la Révolution culturelle, quand le sexe était considéré comme décadent. A l’époque tout le monde portait des chemises unisexes et les femmes avaient les cheveux très courts. Les jupes et les chemises leur étaient interdites et le gouvernement punissait ceux et celles qui vivaient avec leur petites copines ou leur petits copains. C’est d’ailleurs sous Mao que tous les bordels ont été fermés méthodiquement. Car si la Chine a connu des périodes de très stricte conservatisme, elle aussi été très libérale concernant les mœurs et les pratiques sexuelles. Par exemple, lorsque la dynastie Tang régnait sur l’Empire du milieu de 618 à 907, l’homosexualité et la prostitution étaient parfaitement acceptés. Il y a plus de mille ans donc, les prostituées étaient enregistrées auprès de l’Etat pour ne pas échapper aux taxes et les hommes pouvaient librement avoir des relations sexuelles avec d’autres hommes. Les pratiques homosexuelles témoignaient même d’un statut de privilégié. Ce n’est que lorsque la Chine a rencontré les valeurs occidentales dans les guerres de l’Opium que l’homosexualité a commencé à être considéré comme un péché. 

La Chine qui n’a eu de cesse de faire des aller-retours entre conservatisme et libéralisme en matière de pratiques sexuelles va-t-elle vraiment devenir de plus en plus libérale ? Pour Rochard Burger, la Chine a atteint un point de retour et la tendance serait définitivement à la libération sexuelle

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !