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Retournement à la hausse : cette réinversion de la courbe du chômage qui semble curieusement ne plus intéresser grand monde
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Embellie

Le nombre de chômeurs A, B et C vient d'atteindre un record historique. Avec près de 6 millions de demandeurs d'emplois inscrits, la France n'a jamais connu une telle situation.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Cette dégradation inquiétante, qui tranche avec l'amélioration constatée chez nos voisins, tient largement à l'explosion massive du chômage chez les plus de 50 ans. Pour Emmanuel Macron, ces chiffres sont d'autant plus inquiétants que le projet de loi de finances et le projet de loi de financement de la sécurité sociale ne portent aucune mesure de nature à rompre durablement avec le marasme économique.

La nouvelle n'est évidemment pas excellente pour le Président de la République, dont les tourments sont désormais bien connus des Français. Après une réforme à la hussarde du code du travail, qui avait laissé les partenaires sociaux sans voix majeure, un an plus tard, ça ne va pas vraiment mieux sur le terrain de l'emploi. Bien au contraire! des records sont atteints avec 5,66 millions de demandeurs d'emploi en catégories A, B, et C, chiffres jamais connus dans l'histoire de ce pays. Ils étaient 100.000 de moins au lendemain du second tour de la présidentielle.  
En l'état, l'exécutif ne peut donc se targuer d'une brillante réussite dans ce domaine. S'il peut montrer qu'il a globalement adopté les réformes préconisées par Bruxelles, il n'obtiendra aucun satisfecit dans l'opinion publique pour son action en faveur de l'emploi.  

De bonnes nouvelles sur le terrain du chômage des jeunes

Il serait injuste de dramatiser globalement la situation. Les partisans de la start-up nation se féliciteront de constater une véritable décrue sur le terrain du chômage des jeunes. Ils étaient environ 750.000 en août 2018, corrigés des variations saisonnières, à être déclarés demandeurs d'emploi. C'est un bon chiffre (équivalent à une classe d'âge annuelle, toutefois) à peu près identique à celui connu au lendemain de l'élection d'Emmanuel Macron. Le Président peut se vnter de ne pas avoir dégradé la situation, qui était bien sous Jean-Marc Ayrault.  
Rappelons qu'en 2015, ils avaient franchi la barre des 800.000... 

La catastrophe des plus de 50 ans...

Pour Emmanuel Macron, la catastrophe touche plutôt les plus de 50 ans. Il a fallu attendre 2013 pour que le nombre de ceux-ci passe la barre du million. A l'élection de François Hollande, ils étaient moins de 900.000. Leur nombre atteint désormais les 1,4 millions, soit un doublement depuis 2010. Depuis l'élection d'Emmanuel Macron, leur nombre a augmenté de 60.000... 
On aurait tort, évidemment, d'imputer à la politique économique du Président la responsabilité unique de cette situation. L'accélération de la révolution numérique, qui permet de forts gains de productivité (ou est supposée le permettre), y est pour beaucoup. Les entreprises tendent à ne plus s'entourer de compétences qu'elles jugent vieillissantes, et réputées difficiles à intégrer dans un monde dominé par de nouveaux outils.  

Quel impact pour la négociation chômage?

On peut imaginer que ces mauvais chiffres n'aideront guère le gouvernement à susciter l'engouement des partenaires sociaux pour la lettre de cadrage envoyée récemment pour fixer le cap de la prochaine négociation de la convention d'assurance-chômage. Cette lette demande des économies supérieures à 1 milliard d'euros au régime chômage, sur une période de trois ans.  
Alors que, manifestement, les ordonnances prises dès l'arrivée d'Emmanuel Macron tardent à prouver leur effet sur l'emploi, le ton sec de la lettre, qui enjoint aux partenaires sociaux, d'achever leur négociation avant février 2019 risque de mal passer. Et de susciter assez peu de vocations profondes.  

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