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Rentrée scolaire : le redoublement, une fausse bonne idée ?
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C'est reparti pour un tour

Le redoublement est un sujet épineux, tant pour les enseignants que pour les parents d'élèves et leur progéniture. Nathalie Anton explique qu'empêcher un enfant de passer en classe supérieure peut se révéler inutile, voire néfaste pour sa scolarité. Extraits de "L'art d'enseigner" (2/2).

Nathalie Anton

Nathalie Anton

Nathalie Anton est enseignante depuis treize ans. Elle a travaillé en collège et lycée et a intégré durant trois ans une équipe chargée de prévenir et de lutter contre la violence en milieu scolaire. Elle est également psychologue clinicienne. Nathalie Anton anime par ailleurs depuis 2008 un blog destiné aux parents d'élèves, intitulé "Conseil et accompagnement scolaire".

Elle est l'auteur du livre "L'art d'enseigner" chez Ixelles éditions.

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Proposer ou non le passage en classe supérieure est parfois une question cruciale à laquelle l’enseignant se trouve confronté au terme du troisième trimestre : dans quel cas faut-il faire redoubler un élève ? De manière très schématique, on pourrait penser que si les compétences attendues en fin de cycle ne sont pas maîtrisées, le redoublement s’impose.

Cependant, il apparaît qu’empêcher un élève de passer en classe supérieure puisse se révéler inutile, voire néfaste pour sa scolarité. La motivation de l’enfant s’avère déterminante pour que le redoublement puisse porter ses fruits. Si le redoublant ne le perçoit pas comme une deuxième chance, il risque de s’installer dans une conduite d’échec et de se braquer contre le système scolaire et contre ses parents. Par ailleurs, pour qu’un redoublement soit bénéfique, il faut que les conditions d’enseignement changent et soient mieux adaptées au profil de l’élève : une simple répétition dans le même cadre et au même rythme risque de produire les mêmes effets que l’année précédente. Il serait sans doute judicieux de proposer des classes à effectif réduit, ou des heures de soutien renforcées, mais il s’avère parfois difficile de les mettre en place au sein des établissements scolaires. Le passage systématique en classe supérieure alors que le niveau n’est pas atteint peut toutefois avoir des effets pervers dans un système qui continue à le faire planer comme une épée de Damoclès au-dessus de toutes les têtes d’élèves. Celui qui s’attendait à redoubler et qui passe quand même peut être ainsi conduit à :

- mépriser les mises en garde des enseignants, qui, ne se vérifiant plus sur le court terme, entraînent un sentiment d’impunité face au travail non fait ;

- se sentir rejeté par une école qui, ne pouvant pas résoudre ses difficultés, le pousse le plus rapidement possible vers la sortie, quel que soit le niveau atteint.

Il ne faut surtout jamais oublier que le redoublement ne constitue nullement un moyen de sanction, mais une option à proposer à l’élève après mûre réflexion, pour l’accompagner au mieux dans la poursuite de sa scolarité.

Du côté des parents

Il est indispensable de travailler tout au long de l’année sur le parcours de l’élève au regard de ses difficultés et de ses voeux d’orientation, en partenariat étroit avec le professeur principal, le conseiller principal d’éducation, le conseiller d’orientation psychologue et, bien évidemment, avec les parents. Comment ceux que nous avons interrogés abordent-ils cette question ?

« Redoubler peut permettre à un élève de revoir les points non acquis et peut-être d’acquérir de la maturité pour mieux aborder la suite. » (Sophie R.)

« Le redoublement, pour en avoir vécu un, cela peut être assez traumatisant. L’impression que le train part sans toi… Mais il est certainement profitable pour des cas d’enfants ayant besoin de temps. » (Émilie C.)

 « Je pense que le redoublement est stigmatisant pour les enfants, vécu comme une punition et rarement source de rebond positif. Si ça doit arriver à un de mes enfants, j’envisagerai le changement d’établissement : je pense qu’être «le redoublant» est une étiquette qui encourage l’échec. » (Karine B.)

« Le redoublement est une question difficile, il faut que ce soit discuté avec le jeune afin qu’il en comprenne bien la nécessité, pour y adhérer. Sans l’adhésion, ça ne marche pas. » (Corinne L.)

« À ne pas supprimer. Il peut arriver qu’un enfant ait une année à vide pour différentes raisons allant des problèmes de santé à ceux de famille. Recommencer une année permet parfois de reprendre pied et continuer une scolarité dite normale ». (Solange L.)

Le redoublement est prononcé par le chef d’établissement après avis du conseil de classe à la fin de chaque cycle, c’est-à-dire 6e, 4e, 3e et seconde. Les parents peuvent cependant toujours le demander s’il leur semble souhaitable, même en milieu de cycle. Leur décision notifiée par écrit n’est alors pas contestable. À l’inverse, lorsqu’ils s’opposent à un avis de redoublement, ils peuvent engager une procédure d’appel dans des délais fixés et c’est une commission composée de membres divers (inspecteurs, chefs d’établissements, professeurs, conseillers principaux d’orientation, parents d’élèves, directeurs de centres d’information et d’orientation, psychologues, assistants sociaux…) qui, après examen, rendra la décision définitive. Maintenir le dialogue ouvert avec les parents sur cette question nodale s’avère donc tout à fait primordial, afin d’en clarifier les enjeux et d’éviter ainsi des choix qui pourraient nuire à la motivation et à la réussite de l’enfant.

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Extrait de "L'art d'enseigner" chez Ixelles éditions (22 aout 2012)

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