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Rencontres Hollande/chefs 
de partis : Mélenchon sera-t-il 
le meilleur ennemi du Président ?
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Sparadrap

François Hollande a entamé ce lundi une série de rencontre avec les dirigeants des principaux partis politiques français. Une entrevue avec Jean-Luc Mélenchon est prévue ce mardi. Le leader du Front de gauche sera-t-il l’épine dans le pied des socialistes pendant toute la durée de ce quinquennat ?

Gérard Grunberg

Gérard Grunberg

Gérard Grunberg est directeur de recherche émérite CNRS au CEE, Centre d'études européennes de Sciences Po. 

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Atlantico : François Hollande rencontre ce mardi Jean-Luc Mélenchon à l’Elysée. Pendant ce temps-là, à Hénin-Beaumont. Le candidat socialiste Philippe Kemel reproche au candidat du Front de gauche de réserver "ses critiques les plus acerbes à ses camarades du Parti socialiste". Jean-Luc Mélenchon sera-t-il l’épine dans le pied de François Hollande pendant toute la durée de son quinquennat ?

Gérard Grunberg : La relation entre le Front de gauche et le gouvernement socialiste va dépendre de trois facteurs :

  • Est-ce que les socialistes et les écologistes auront la majorité à eux seuls ou est-ce qu’il leur faudra un appui du Parti communiste ? Est-ce qu’on sera dans la situation de 1988 ou de 1981 ? Si les socialistes et les écologistes ont la majorité absolue, je ne dis pas qu’il n’y aura pas un pouvoir de nuisance de Jean-Luc Mélenchon, mais ce dernier serait tout de même moindre.
  • La deuxième variable est de savoir si les communistes veulent ou non aller au gouvernement. Il est difficile aujourd’hui de répondre à cette question mais mon sentiment est qu’ils sont plutôt sur le reculoir.
  • Cela dépendra également du rapport de force entre les communistes et Jean-Luc Mélenchon. Si les candidats du Front de gauche, en dehors des candidats communistes, sont complètement laminés, cela donne plus de latitude d’action au Parti communiste pour adopter la stratégie qu’il veut. Si Jean-Luc Mélenchon n’arrive pas à être devant les socialistes au premier tour des législatives du Pas-de-Calais, cela peut également être un élément important. Est-ce que le PC va arriver à avoir entre 80 et 90 % des députés du Front de gauche élus ?

Il semble que Jean-Luc Mélenchon attende patiemment l’échec de la social-démocratie pour enfin se présenter en symbole du « vrai socialisme ». Est-ce aussi votre avis ?

La présidentielle est passée et la majorité des députés du Front de gauche sont des députés communistes. L’affaire de la position de Jean-Luc Mélenchon au sein du Front de gauche n’est pas du tout réglée. Sa stratégie devrait dépendre, là encore, du nombre de députés du Front de gauche élus.

Comme il aime battre les estrades et qu’il a tout de même un gros égo, il est probable qu’il est envie de jouer un rôle et que, si les socialistes sont amenés à faire beaucoup de compromis au niveau européen et établir un budget de rigueur, à ce moment-là, il pourrait effectivement jouer ce rôle.

Jusqu’où a-t-il intérêt à jouer ce rôle nuisible vis-à-vis du gouvernement socialiste ?

A chaque fois que les communistes ont essayé de d’adopter la politique du pire cela ne leur a pas réussi. 1981 a été le début de la fin pour eux et quand ils sont partis en 1984 ce n’est pas pour cela qu’ils ont fait un bon score en 1986. Il est loin d’avoir gagné. Regardez ce qu’est devenu en Allemagne le Die Linke dont il s’est inspiré. Regardons ce que vont faire les candidats du front de gauche qui ne sont pas communistes aux législatives. S’il a envie de jouer ce rôle, il y a tout de même beaucoup de contraintes, il ne peut pas faire n’importe quoi.

Plus la politique socialiste sera en difficulté, plus ils seront obligés d’aller vers la rigueur et plus cela laisse du champ libre au Front de gauche pour être critique. Mais jusqu’où voudront-ils être des opposants à ce gouvernement dans un rapport qui reste toujours fondamentalement un rapport droite/gauche ?

Jean-Luc Mélenchon fait-il aussi payer au Parti socialiste la place secondaire qu’on lui a attribuée pendant des années au sein du parti ?

Jean-Luc Mélenchon n’a pas été mis au second rang. Il a perdu systématiquement les congrès, notamment ceux qui ont suivi la défaite de Lionel Jospin en 2002 et 2005.

Je pense que c’est quelqu’un qui veut jouer les premiers rôles et qui ne trouvait pas la place qui lui convenait au PS pour être le tribun populaire sur les estrades qu’il aime être et qu’il peut être aujourd’hui au Front de gauche.

Si la stratégie de sape du président du Front de gauche venait à réussir, une personne comme Martine Aubry pourrait-elle en tirer bénéfice au sein du Parti socialiste ? 

Je ne le crois pas. Je pense que quand on a perdu une chose aussi importante qu’une primaire socialiste, il est très compliqué de revenir. Je ne crois pas que Martine Aubry puisse trouver un premier rôle dans la vie politique française.

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