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Racler les fonds de tiroir et transférer les dépenses de l'Etat sur d'autres : les tentatives de maîtrise des finances publiques passent encore à côté d'une véritable réforme
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Éditorial

S'est tenue hier jeudi la première réunion du Conseil stratégique de la dépense publique dont la mission est de trouver 50 milliards d'euros d'économies dans les dépenses publiques.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Un nouveau comité Théodule vient d’être installé en grande pompe à l’Elysée, le conseil stratégique de la dépense publique. Son objectif : analyser la circulation des flux monétaires à travers les circuits complexes de l’économie, traquer tout ce qui n’est pas indispensable au fonctionnement, fermer quelques robinets susceptibles de réduire la consommation de 50 milliards d’euros.

Une tâche qui ne parait pas surhumaine au départ, puisque cela représente seulement quatre pour cent de la dépense actuelle. Au demeurant la volte-face de François Hollande a été si spectaculaire que l’opinion internationale est apparue prête à lui accorder un nouveau crédit, tant la communauté des affaires souhaiterait avoir moins de soucis du côté de la France alors que la reprise économique est engagée en Europe, mais demeure fragile et qu’un souci venant de notre pays serait susceptible de la compromettre. Une fois de plus, nos partenaires sont ainsi disposés à faire crédit à notre pays, en attendant de voir comment la gigantesque opération de concertation annoncée à l’Elysée va pouvoir se mettre en route.

Mais la France n’aura pas tout à fait les mains libres. Plus que jamais elle sera placée sous surveillance car l’ambigüité demeure sur la réelle volonté des réduire les dépenses. Il est bien connu que notre pays est le champion des formules qui tiennent trop souvent lieu d’action. Nos voisins allemands sont bien décidés à mesurer la réalité des changements annoncés car ils continuent de douter de la méthode suivie. Il n’est question en effet que de contreparties, de donnant donnant, comme si l’on voulait éviter à tout prix qu’il y ait des gagnants et des perdants.

Or, il n’est plus possible de maintenir un artificiel statu quo qui n’est acquis que par un dérapage régulier de la dette, alors que l’on ne peut compter sur la reprise d’une croissance forte qui adoucirait les angles. Les enquêtes d’opinion montrent que les Français attendent aussi des décisions palpables, à condition qu’elles soient prises chez le voisin. Partout, à tous les stades, les lobbies sont vent debout pour le maintien de leurs privilèges. Dans ce contexte, la méthode douce choisie par François Hollande parait condamnée à l’échec, d’autant qu’il demeure toujours dans ses propos au stade des idées générales, sans que celles-ci soient suivies d’applications précises.

C’est toujours le plus grand flou qui règne en maître. Et l’on incite encore les ministères à racler les fonds de tiroir, sans commencer à s’attaquer au dur de la réforme. Avec un double risque qui commence à apparaître. D’une part, l’Etat pourrait afficher une politique de réduction de son train de vie en reportant sur les collectivités locales un certain nombre de charges qu’il assurait jusqu’ici, et ces dernières, une fois les élections passées, ne manqueraient pas de relever le niveau de leurs taxes au détriment des citoyens, ce qui ne ferait que déplacer les problèmes. D’autre part, les pouvoirs publics mènent une négociation parallèle auprès de Bruxelles dans l’espoir d’obtenir de nouveaux délais pour ramener à 3% le déficit des comptes publics, en arguant de la nécessité d’avoir plus de temps devant soi pour assurer les réformes. L’Etat ne pourra indéfiniment user de subterfuges et réduire son propre robinet de la dépense en le reportant sur d’autres, car le résultat sera le même : une aggravation de la situation du pays qui deviendra un jour insupportable.

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