Quelle différence y a-t-il entre l’antisémitisme d’extrême droite et celui d’extrême gauche ?<!-- --> | Atlantico.fr
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©SEBASTIEN BOZON / AFP

Antisémitisme

L’un, vieux et fatigué, agonise. L’autre, jeune et vigoureux, est en plein essor.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

Raquel Garrido était il y a deux jours chez Cyril Hanouna : elle chronique régulièrement dans son émission. Réagissant aux propos de Blanquer qui avait dit « le voile n’est pas souhaitable à l’école » elle lança « s’il avait dit la kippa il aurait immédiatement cessé d’être ministre ! ». Elle illustrait ainsi, avec fougue, le discours de La France Insoumise qui alerte régulièrement sur le fait que la pieuvre juive régente la France.

Hanouna, d’habitude plutôt gentil avec elle, l’étrilla aussitôt : « ce sont des propos antisémites ». Raquel Garrido, embarrassée, bredouilla qu’elle était juste « anti-communautariste ». Présent sur le plateau, Jean Messiha, encarté au Rassemblement national, planta quelques clous supplémentaires dans son cercueil. Pauvre Raquel (Rachel) Garrido déjà qu’elle porte un prénom sioniste… 

C’est l’occasion de s’interroger sur les mutations de l’antisémitisme français. Durant longtemps – depuis l’affaire Dreyfus jusqu’à Jean-Marie Le Pen - être antisémite était une ardente obligation. Puis le vent de l’Histoire souffla dans un autre sens. L’extrême droite se mit à aimer les Juifs par haine des Arabes. Seul Jean-Marie Le Pen, talentueux et imaginatif, arrivait à détester les deux en même temps. Mais qui l’écoute encore ?

L’extrême droite ayant oublié de breveter son antisémitisme, l’extrême gauche s’en empara dans une manœuvre audacieuse. Comme Jean-Luc Mélenchon est un homme cultivé et un bon connaisseur de la langue française il substitua au mot « juif » celui de « sioniste ». Une belle trouvaille. Et c’est, bien sûr, par antisionisme qu’il dénonça le grand rabbin d’Angleterre comme ayant causé la défaite de son grand ami Jeremy Corbyn.

Il faut comprendre Mélenchon et les siens. Le prolétariat qu’ils auraient tant voulu aimer a disparu ou vote pour Marine Le Pen. Il fallait donc lui trouver un remplaçant. Ainsi le patron de la France insoumise est allé chercher de la chair fraîche dans le 93, à Trappes etc… Et c’est ainsi que – figure inversée de celle de l’extrême droite – il a commencé à détester les Juifs par amour des Arabes.

C’est avec eux qu’il se console dans ses moments difficiles quand sa solitude est grande. Il parvient à l’extase en exhalant : « ah les quartiers populaires ! ». « Ah le peuple des banlieues ! ». Cela me fait irrésistiblement penser à une histoire peut être pas trop connue.

Un soir de la Saint-Sylvestre, un homme est tristement seul dans son appartement. Il se dirige vers son frigo et en sort une bouteille de Coca. D’une main il porte le goulot à la bouche. De l’autre, il se masturbe. Et au moment de l’extase, il s’exclame : « ah le champagne et les femmes » !  

PS : C’est par erreur que dans une précédente version de l'article, nous avons fait de Jean Messiha, un juif. Il ne l’est pas. Il s’étonne de ce mot qui lui a été accolé avec une formule pleine de bon sens : "faut-il être juif pour dénoncer l’antisémitisme des islamo-gauchistes ?". Il a raison. Le combat contre l’antisémitisme est l'affaire de tous.

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