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Que deviennent les BRICS ?
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Les BRICS après avoir été à la mode dans les années 2000, les BRICS ont depuis été décriés et le terme a même paru à beaucoup n’être plus qu’un concept marketing. Un petit rappel pour ceux qui ont oublié : le concept BRICS a été popularisé par Goldman Sachs en 2001, il est censé représenter les pays « émergents » les plus importants Brésil, Russie, Inde, Chine et l’Afrique du Sud.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Les BRICS après avoir été à la mode dans les années 2000, les BRICS ont depuis été décriés et le terme a même paru à beaucoup n’être plus qu’un concept marketing. Un petit rappel pour ceux qui ont oublié : le concept BRICS a été popularisé par Goldman Sachs en 2001, il est censé représenter les pays « émergents » les plus importants Brésil, Russie, Inde, Chine et l’Afrique du Sud. 

Les crises financières, économiques  ou politiques qui ont touché certains de ces pays ces dernières années ont largement contribué à décrédibiliser le concept. La difficulté de comparer ou d’assimiler des économies et des problématiques aussi différentes que celles de  l’Inde ou du  Brésil par exemple ont également limité l’intérêt pour le sujet.  Pourquoi en parler maintenant alors ? 

Plusieurs raisons : La première est que ces BRICS même si leur croissance est disparate d’un pays à l’autre, sont devenus des acteurs incontournables de l’économie mondiale, la deuxième tient à l’actualité. La semaine dernière s’est tenu un « sommet » de ces 5 pays en Chine à Xiamen. Ce sommet, très important aux yeux des dirigeants Chinois, a été éclipsé par les tensions entre la Corée du Nord et les Etats-Unis, mais il nous semble que l’économie des BRICS vaut que l’on s’attarde un peu à analyser ces pays dans une vision long-terme. 

Au cours de ce sommet, la confiance dans l’avenir a été clairement affichée : en 2020, l’économie chinoise devrait dépasser celle des Etats-Unis et pris globalement, en 2030, les BRICS devraient surpasser largement les économies dites avancées. 

La reprise en Europe et la poursuite de la croissance sur un rythme de 2-2.5% aux Etats-Unis auraient pu diluer un peu le poids des BRICS dans l’économie mondiale. Il n’en n’est rien et la situation des BRICS devrait au contraire être renforcée dans les prochaines années. 

Le changement dans ces pays est tout simplement phénoménal :

En 2000, la Chine pesait 10% de l’économie américaine, l’Inde commençait juste à « émerger », et le Brésil était, comme la Russie en proie à d’énormes difficultés après la crise financière de 1998. 

En 2010, La Chine pesait 50% de l’économie américaine, la croissance en Inde avait énormément accéléré. 

La crise de 2008 a durement touché le Brésil et la Russie mais depuis quelques mois la situation s’améliore même dans ces pays

Même si des tassements dans la croissance sont inévitables, l’économie cumulée des BRICS devrait dépasser celles du G6 (Etats-Unis, Japon, Grande-Bretagne, France, Allemagne et Italie) dès 2030.

L’explication principale de cette performance tient certainement à la démographie et aux gains de productivité qui sont réalisés dans les BRICS. Par comparaison, bien sûr, la démographie dans les pays du G6 est nettement moins favorable (Japon, Allemagne, Italie) ; mais force est de constater que les gains de productivité y sont faibles depuis des années en particulier aux Etats-Unis.   

Les politiques de restriction de l’immigration dans la Grande-Bretagne de l’après Brexit et aux Etats-Unis de Donald Trump ne vont pas améliorer la situation démographique globale des pays du G6…sans parler du Japon qui  est désormais condamné à voir sa population décliner durablement. Tout cela pèsera durablement sur la consommation des ménages et l’investissement, moteurs majeurs de la croissance économique. 

L’autre explication, qui est pour le moment uniquement conjoncturelle, pourrait à terme être extrêmement favorable aux BRICS comme à l’ensemble des pays émergents, il s’agit de la baisse du Dollar. En effet, tous ces pays bénéficient, en fait, de la baisse du Dollar par rapport à leur devise. Tout d’abord, quand le Dollar baisse, la pression est moindre sur la devise du pays et La Banque Centrale du pays peut baisser ses taux, ce qui favorise la consommation locale et l’investissement. Accessoirement cela permet à ces pays de voir les coûts de leurs emprunts en dollar diminuer fortement. Enfin, les matières premières qu’ils importent lourdement leur reviennent moins cher car libellées en Dollar qui baisse ! 

A contrario ces pays sont collectivement exportateurs et pourraient être pénalisés pour exporter vers les Etats-Unis avec une devise trop forte, mais que ce soit la Chine, l’Inde et dans une moindre mesure le Brésil ou la Russie, tous tentent désormais d’avoir une économie moins dépendante de l’extérieur. 

A plus long-terme, les BRICS s’organisent entre eux pour moins dépendre du Dollar. L’idée de créer un Fonds Monétaire dédié aux BRICS permettrait de limiter l’influence du FMI mais aussi celle du Dollar. 

Sur le plan boursier, les BRICS ont réalisé une bonne année 2017 pour le moment, grâce à la baisse du Dollar et à la poursuite de la croissance mondiale globale. Nos gestions sous-mandat sont investis globalement depuis plusieurs mois sur la zone ; sur les niveaux actuels nous sommes réticents à renforcer plus avant mais nous n’hésiterons pas à compléter nos positions en cas de consolidation marquée et ce d’autant plus que les actions américaines nous paraissent plutôt chères désormais. A plus long-terme, l’investissement dans ces pays va mécaniquement augmenter, en effet les BRICS représente 40% de l’économie mondiale mais ne pèse que 10% de la capitalisation globale, difficile d’imaginer que cette situation s’’éternise.

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