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Les banques centrales louent leurs réserves d’or à des tiers en vue de percevoir une rémunération.
Les banques centrales louent leurs réserves d’or à des tiers en vue de percevoir une rémunération.
©Reuters

Decod'Eco

L'or ne se remet pas de son krach : petit retour en arrière pour mieux comprendre les enjeux - et les différences - d'un marché pas comme les autres.

Isabelle  Mouilleseaux

Isabelle Mouilleseaux

Isabelle Mouilleseaux est directrice de publications chez Publications Agora.

Elle a notamment co-écrit Le déclin du Dollar : une aubaine pour vos investissements ? (Valor, 2008).

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Etape n°1 - Le vendredi 12 avril, jour où le krach commence, deux trades titanesques sont lancés sur le COMEX (marché des futures or US) à une heure d’intervalle -- deux positions vendeuses (short) :

  • La première position vend 100 tonnes d’or
  • La seconde vend 300 tonnes d’or

400 tonnes d’or papier vendu au total, soit 12,8 millions d’onces. C’est quasiment 20% de la production d’or annuelle balancée en une heure sur le COMEX. Au cours de 1 550 $ l’once, cela fait 19,8 milliards de dollars. Pas étonnant que le marché de l’or papier se soit effondré. Et pour enfoncer le clou…

Etape n°2 - Le lundi 15 avril, les appels de marge sur le marché des futures US sont relevés de 16% à 19% pour l’or - si bien que les traders ont immédiatement été obligés de déposer du cash sur leur compte ou de vendre une partie de leurs positions pour faire face à l’appel de marge soudain. Ce qui a d’autant plus poussé le prix de l’or à la baisse.

Pour revenir à la position short de 400 tonnes d’or, la question est de savoir qui peut se permettre de prendre un risque financier aussi important ? C'est tout de même une position digne d’une bullion bank, voire d’une banque centrale… Mais le plus étonnant n’est pas là.

La réaction du marché physique de l’or est frappante

La demande s’est envolée. Il y a eu une ruée sur le physique avec une envolée faramineuse des primes (écart entre le prix de l’or physique échangé et le cours de l’or déterminé par le fixing et affiché).

Les marchands de pièces, notamment en Asie et aux Etats-Unis, ont été dévalisés. Il y a eu de nombreuses ruptures de stock, tant les particuliers se sont rués sur les pièces et lingots. Et pendant ce temps, les ETF or voient fondre leurs actifs.

"Les gens ne veulent pas de certificat sur l’or, ils veulent du physique réel". C’est Terrence Duffy, le PDG du marché des futures US (le roi du marché papier) qui le dit sur Bloomberg TV.

Pénurie d’or physique ?

Les investisseurs “or-papier”, qui ne demandaient jusqu’ici jamais livraison physique, sont curieusement de plus en plus nombreux à la demander sur le COMEX. Ce marché à terme a dû livrer plus de 43 tonnes d’or en février 2013, ce qui est très inhabituel. Quand on sait que les transactions or papier sont 100 fois supérieures à l’or physique disponible pour livraison, cela peut faire froid dans le dos.

Certes, la plupart des investisseurs jouent sur le COMEX sans jamais demander livraison physique. Mais ce dernier pourrait être mis en défaut si l’idée venait soudain à quelques-uns de demander livraison.

Certaines banques ont d’ores et déjà pris les devants : ABN Amro vient d’annoncer à ses clients qu’ils pouvaient continuer de jouer l’or papier, mais que les livraisons physiques n’étaient plus possibles. Les positions seront donc débouclées cash.

Autre indice, l’évolution du GOFO

Les banques centrales louent leurs réserves d’or à des tiers en vue de percevoir une rémunération (le gold lease rate -- GLR). C’est le taux officiel du marché des prêts/emprunts d’or.

Pour être attrayant, il doit être inférieur au fameux taux LIBOR (taux interbancaire court terme de Londres)

La différence entre ces deux taux clé s’appelle le GOFO. Comme le dit très justement Cyrille Jubert : “A LIBOR constant, quand l’or est abondant sur les marchés, le GOFO monte car personne n’est prêt à payer cher quelque chose de banal. Quand l’or se raréfie le GOFO baisse car le louer coûte plus cher. De manière rarissime, le GOFO peut même être négatif.”

Voici l’évolution du GOFO depuis le 1er janvier :


On constate une très forte baisse du GOFO. Une baisse qui ne vient pas du taux LIBOR (qui n’a que très peu évolué)… on peut donc en déduire que c’est le taux du marché de l’or, le GLR, qui monte. En général, lorsqu’un taux monte, c’est qu’il y a plus de demande que d’offre.

L’or physique se raréfie-t-il ?

Il y a une vraie dichotomie entre le marché papier et le marché physique.

Rappelons que l’or physique ne peut être manipulé. Il ne peut être démultiplié à volonté. Contrairement aux contrats à terme sur l’or qui peuvent être multipliés à l’infini (comme le dollar).

[Retrouvez Isabelle Mouilleseaux -- et toute l'actualité des marchés de l'or -- en continuant votre lecture]

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