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Quand les tabloïds britanniques s’inquiètent de voir Paris livrée aux bandes pendant la fête de la musique : fantasme de no-go zones ou début de réalité ?
©Capture d'écran

London calling

Le Daily Mail britannique a diffusé la vidéo d'une bagarre impliquant des jeunes à Paris lors de la Fête de la Musique, dans un article titré "Terrifiant déchainement de voyous dans un festival musical soutenu par Emmanuel Macron". Plusieurs villes de France ont été victimes de violences lors de la Fête de la Musique.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Atlantico: Les tabloïds ou d'autres médias anglo-saxons type Fox News reviennent souvent sur la dangerosité de Paris et de ses "no-go-zone". Au-delà des excès propres aux tabloïds, quelle part de vérité dans cette vision d'une France victime de la violence des bandes ?

Xavier Raufer : Génuflexions sur l'Europe ou pas, les peuples de ce continent ont une mémoire et de durables animosités ; ainsi, la presse populaire britannique adore-t-elle brocarder les Français ; idem pour les médias cocardiers américains, Fox News en tête. Cela dit, si exagération et polémique il y a souvent, ces médias n'inventent rien et les images montrées par le Daily Mail sont tristement réelles.

Elles le sont même répétitivement - car désormais en France, nuit de fête signifie nuit d'émeute. Rien que l'an passé : Saint-Sylvestre... 14 juillet... Mondial de Foot... Halloween... toutes festivités perturbées par des bandes violentes masquées et armées. Idem bien sûr lors des manifestations plus revendicatives des Gilets Jaunes, le semestre passé. Résultat : ravages, incendies, jets de pierres et d'engins incendiaires - en prime désormais, de bouteilles d'acide. 

Et cela ne vise pas que l'Île-de-France : en 2018, des émeutes ont touché Lyon, Mulhouse, la plupart des villes de l'Essonne et de la Seine-et-Marne, Corbeil et Provins en tête ; Poitiers, Toulouse, Rennes, Nantes, Grenoble, etc.

Hors des ravages matériels, les forces de l'ordre souffrent de ces émeutes. Selon des sources syndicales et associatives convergentes, ces phases anarchiques ont provoqué plus de 10 000 blessés en 2018 (polices nationale et municipales, préfecture de police de Paris, gendarmes, adjoints de sécurité, etc.).

Bien sûr, ce qui précède n'est qu'une évocation d'ambiance : détailler toutes ces éruptions anarchiques sur la seule année 2018 emplirait un volume.

Lors des célébrations du Mondial 2018, les médias français exaltaient les scènes de liesse, mais la presse étrangère montrait d'abord les exactions accompagnant ces célébrations. Comment expliquer cette différence de traitement selon les pays ?

Les grands médias français informent désormais moins qu'ils ne militent pour le monde libéral-libertaire voulu par leurs propriétaires : Etat-Macron, milliardaires progressistes. Retirez les subventions d'Etat à ces médias et leur financement, à fonds souvent perdus, par des milliardaires qui en font un outil de chantage financier : pour la plupart, ces médias meurent en six mois. Ainsi, dit la sagesse populaire : "qui paie l'orchestre choisit la musique". Le mondial de foot, par exemple, est typique de cette idéologie médiatique : ode à la mondialisation, équipes pluriraciales - un rêve pour Davos-Soros. 

Puisqu'il s'agit d'édifier les masses sur ce Rayonnant Souverain Bien qu'est la mondialisation heureuse, les médias français dits "d'information" oblitèrent donc le chaos survenant en France à chaque épisode festif ou revendicatif - plus encore, sur qui les provoquent : d'usage, des meutes ou bandes juvéniles issues de l'immigration maghrébine ou africaine, parfois, les anarchistes type Black Blocs. 

En dépit de leur côté caricatural, ces médias montrent-ils de manière plus franche une partie de la France qu'on ne peut pas ou ne veut pas voir ?

La presse populaire anglo-saxonne fait certes ses choux gras des émeutes advenant en France - elle ne les invente pas. Car si la paix publique était assurée chez nous - ce qui n'est pas le cas, même la bienséante Mme Hidalgo s'en avise - ces médias anglo-saxons en seraient pour leurs frais. Exemple, les centaines d'émeutes - certaines, très violentes - advenues en France lors du Mondial de foot : nos médias d'information ont choisi de faire l'autruche : ils ont brièvement gémi sur "la fête gâchée", puis tout noyé dans le silence. Nulle sérieuse enquête, ni grande interview, ni sondage important, ni émission télévisée sur ce thème. 

Telle que pratiquée par ces bandes ou meutes hantant les cités et quartiers hors-contrôle, la violence criminelle est le seul fait social majeur constamment censuré par nos médias d'information. Hypnotisés par quelques milliers de cas sociaux (transsexuels, etc.), ils camouflent en revanche le fait - un exemple entre dix autres - que l'Essonne (1,3 million d'habitants) tourne au département hors contrôle. Il y avait des cités et quartiers coupe-gorge - on en vient désormais, Macron-Belloubet-Castaner regnante, à l'échelle départementale. 

Depuis 2018 en effet, dans l'Essonne, les émeutes anti-forces de l'ordre sont hebdomadaires - parfois quotidiennes : (policiers caillassés, projectiles jetés du toit des immeubles, guet-apens visant des patrouilles ou actions de pompiers ; ce, à Corbeil, Draveil, Etampes, Les Ulis, Lisses, Longjumeau, Massy, Montgeron, Saint-Michel sur Orge, Vigneux, etc. Rien dans les médias sur ce massif et durable phénomène, hormis la relation d'actes isolés, balayés dans la poubelle des  "faits-divers".//

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