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Alerte aux attentats sur la présidentielle : voilà pourquoi plus la vague terroriste dure, plus les terroristes vont vers la défaite
©Reuters

Retour en force

Alors que le sujet s'était étrangement éclipsé pendant cette campagne - malgré trois années précédentes marquées par les attaques - le terrorisme est revenu sur le devant de la scène avec l'arrestation à Marseille de deux présumés terroristes qui s'apprêtaient à passer à l'acte.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Atlantico : Ce mardi 18 avril, deux individus sont interpellés par la DGSI, dans le cadre d'une enquête pour terrorisme. Leur cible aurait été un candidat à l'élection présidentielle. Que révèlent ces faits sur la menace pesant sur le pays ? Que peut-on réellement affirmer au stade actuel de l'enquête ?
 

Xavier Raufer : Ce dernier épisode terroriste confirme les analyses faites depuis l'été 2016 par des criminologues, dont l'auteur. Ce diagnostic, le voici :

- Seuls désormais de potentiels terroristes vivant en France (ou dans un pays de la zone-Shengen, où les frontières sont abolies) peuvent agir. Pour l'instant, l'encerclement des bandes armées de l'Etat islamique par les armées des régimes syriens et irakiens, plus des milices chi'ites ou Kurdes, est effectif dans la nasse Syrie-Irak. N'oublions pas qu'environ cent djihadistes "français" sont depuis des mois coincés dans Mossoul - voués à la capture ou à la mort. Restent les djihadis cachés parmi les réfugiés des Balkans ; mais ceux-là aussi ont désormais grand mal à gagner l'Union européenne. Ainsi, la menace réelle émane-t-elle d'éléments vivant sur notre sol, passant soudain du vague état de "radicalisés" à celui, redoutable, de "bombes humaines" pouvant frapper à brefs délais.

- Comme nous l'affirmons depuis 2012 et le cas Mohamed Merah, à une exception près, toutes ces "bombes humaines" sont des voyous ré-islamisés et fanatisés, des hybrides, ce que notre renseignement intérieur a longtemps ignoré. Mais depuis que ce service a admis ce concept pourtant simple et éprouvé de "hybride", il cible mieux ces bombes humaines et sait - enfin - les arrêter avant le drame, comme récemment à Marseille.

Des armes et explosifs ont été découverts dans leur appartement, suggérant un passage à l'acte imminent. Si ces individus ont pu être interpellés à temps, peut-on dire que le niveau de sécurité actuel des divers candidats est adapté aux circonstances ? 

D'abord, ce point crucial : soit un terrorisme (islamiste ou pas) bouscule vite le pouvoir en place, l'affole tant, qu'éclate la guerre civile ; soit fatalement il perd. Plus dure la vague terroriste, plus les terroristes vont vers la défaite. L'engrenage est simple : d'un côté, à grand peine, lentement, l'appareil d'Etat apprend, retient et intègre les pratiques ennemies ; de l'autre, des individus traqués et réduits, après quelques attentats, à un pur régime de survie ; ils ne peuvent innover ou changer de stratégie : toute l'histoire de la clandestinité le démontre. Précisément : notre service de protection des personnalités a une longue expérience des menaces pesant sur ceux qu'il protège. Il suit de près l'évolution des risques. Mais bien sûr, en cas d'attentat-suicide au contact du candidat...

Quel pourrait être l'impact d'un tel cas ? Quels sont les précédents de tentatives d'assassinat politique pouvant se rapprocher du cas d'espèce ?

Dans l'histoire récente de la France, le dernier attentat terroriste mortel au sommet de l'Etat advient à Marseille en octobre 1934. Cette "co-production" unit les deux machines terroristes balkaniques les plus redoutables de l'avant-guerre, l'Oustacha croate et l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne (ORIM/VMRO). Le roi (Serbe) de Yougoslavie Alexandre 1e et le ministre français des Affaires étrangères Louis Barthou tombent sous les balles d'un tueur du VMRO, poétiquement surnommé "Le Loup du Vardar". Autre monde, autre siècle. Cependant, en matière de terrorisme, l'ORIM a tout inventé ! Tout ce qui s'est fait dans ce domaine jusque dans la décennie 1970 fut alors imaginé - et pratiqué.

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