Qui sera l’OPEP de demain ?
Quand le minage de bitcoin consomme désormais plus d’électricité en Islande que les Islandais eux-mêmes : bienvenue dans la géopolitique énergétique du monde 2.0
Selon un article publié par le site d’informations Quartz, l’Islande utilisera plus d'énergie pour le minage de Bitcoins en 2018 que pour alimenter les habitations du pays.
Stephan Silvestre
Stephan Silvestre est ingénieur en optique physique et docteur en sciences économiques. Il est professeur à la Paris School of Business, membre de la chaire des risques énergétiques.
Il est le co-auteur de Perspectives énergétiques (2013, Ellipses) et de Gaz naturel : la nouvelle donne ?(2016, PUF).
Selon un article publié par le site d’informations Quartz, l’Islande utilisera plus d'énergie pour le minage de Bitcoins en 2018 que pour alimenter les habitations du pays, révélant l'implantation de datacenters dans les pays nordiques pour satisfaire aux besoins des Gafa. Quelle est l'ampleur de ce phénomène de concentration énergétique dans les pays nordiques ? Quelle portion d'énergie mondiale pourrait être absorbée par ces activités, du cloud au stockage de données etc...?
À quelle carte correspond la formation de cet "OPEP 2.0" ? Quels sont les principaux pays représentés ?
Mais ce phénomène avait déjà touché d’autres acteurs de l’hébergement massif de données : Amazon (en Suède), Apple (au Danemark), IBM (en Norvège), Facebook (en Suède et au Danemark) ou Google (en Finlande) ont déjà pris leurs quartiers dans les régions nordiques. D’autres pays encore plus septentrionaux, tels que le Groenland ou l’Alaska ouvrent leur banquise aux géants du cloud. Ces pays offrent aussi un autre avantage à leurs clients, une électricité en grande partie issue de ressources renouvelables (hydroélectricité, géothermie, vent), qui permet à ces grands noms d’internet de verdir l’image énergivore qu’ils véhiculent de plus en plus.
Comment ce phénomène pourrait-il avoir des répercussions géopolitiques ?
L’avantage de la production d’électricité, c’est qu’elle est locale et atténue fortement les tensions géopolitiques (à l’exception des barrages hydroélectriques frontaliers). L’effet sera plus sensible lorsque les véhicules électriques viendront se substituer aux véhicules thermiques, faisant ainsi chuter la demande en pétrole, probablement entre les années 2030 et 2050. Les pays du Golfe Persique perdront alors leur bouclier stratégique et il est à prévoir de nombreux conflits locaux. Dans une moindre mesure, la Russie pourrait perdre de son influence. Mais celle-ci est de plus en plus assise sur le gaz naturel plutôt que sur le pétrole et cette ressource continuera d’être exploitée pendant longtemps, notamment parce qu’elle permet de produire de l’électricité facilement et à moindre coût. Mais l’offre est aujourd’hui très abondante et le pouvoir de marché des producteurs assez faible.
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