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Quand l’extrême pauvreté mène au commerce de bébés…
©Reuters

Trafic de nourrissons

Ce commerce sordide de la misère pourrait rapporter jusqu'à 12 000 euros aux trafiquants.

Eric Coder

Eric Coder

Eric Coder est journaliste.

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Une pauvreté endémique et une coruption qui touche tous les pans de la société bulgare poussent des familles à vendre leurs nouveaux-nés en Grèce pour les faire adopter. Un phénomène qui est un avatar d'une réalité sordide malheureusement mondialisée : le commerce d'enfants, des plus pauvres de la planète au profit des plus riches.

Bébés bulgares à vendre

"Iliana est partie enceinte en Grèce. Elle est rentrée en affirmant avoir perdu son bébé à la naissance. C'est le troisième bébé qu'elle vend », témoigne une femme d'Ekzarh-Antimovo, un village à 40 kilomètres de Bourgas, à un journaliste de l'AFP.

Le trafic de nourrissons s'est développé dans les ghettos roms de cette région il y a une quinzaine d'années, mais s'étend désormais dans d'autres provinces. Cette activité criminelle est favorisée par le cadre législatif de l'adoption en Grèce. En effet, parallèlement à l’adoption publique, plus encadrée et supervisée par la justice, subsiste un système d’adoption privé qui prévoit un accord signé devant notaire entre la mère naturelle et les parents adoptifs. Toute transaction financière est proscrite mais des délinquants, avocats, notaires, médecins, se sont engouffrés dans la brèche.

Selon la chaîne de télévision bulgare Nova, "trois ou quatre trafiquants tiennent le marché grec, vendant 5 à 6 bébés par mois. Le chef de réseau empocherait 12 700 euros par transaction, dont 3 500 euros destinés à la mère biologique, somme très importante en Bulgarie où le salaire moyen est de 470 euros par mois".

En 2015, 27 personnes ont été inculpées pour le trafic de 31 femmes enceintes soupçonnées d'avoir vendu 33 bébés au cours des dernières années. Trois procès sont en cours mais des peines avec sursis sont généralement prononcées, sauf en cas de récidive. En Grèce, des réseaux sont aussi démantelés et jugés. En 2014, dans le centre du pays, les policiers sont intervenus au moment de l'échange d'un bébé de 21 jours contre 10 000 euros. En 2015, le rapport du Département d'Etat américain sur le trafic d'êtres humains citait la Bulgarie comme "une des principales sources"de l'Union européenne.

Un trafic mondialisé

Mais la Bulgarie, tout comme la Roumanie, ne sont évidement pas les seuls pays à être confrontés à ces trafics de bébés et d'enfants. Selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), dans son rapport 2014, les mineurs représentent la majorité des victimes en Afrique et au Proche-Orient.

Et dans certains pays, comme l'Inde, l'Egypte, l'Angola ou le Pérou, ils peuvent représenter plus de 60 % des victimes. Les enfants et les adolescents ne représentaient que 20 % des cas connus de trafic pour la période 2003-2006, rappelle l'Office. Dans le monde, 70 % des victimes de trafic sont de sexe féminin, contre 84 % il y a dix ans. La part des femmes a chuté à 49 %, contre 74 % en 2004, mais celle des fillettes et adolescentes a explosé : 21 %, contre 10 %, dix ans plus tôt. Ce rapport, basé sur les donnés fournies par 128 pays, ne permet de percevoir que "la partie émergée de l'iceberg", souligne l'ONUDC. L'organisation déplore que dans beaucoup de régions du monde le trafic d'êtres humains reste "une activité peu risquée et très lucrative pour les criminels".

Le business de l'adoption

A côté de ces pratiques criminelles coexistent également des adoptions plutôt très limites... Ainsi, Madonna avait défrayé la chronique, en 2009, lors de l’adoption d’une petite fille de 3 ans, Mercy James. Une adoption qui avait soulevé une polémique au sein de la population très pauvre du Malawi, pays d’Afrique australe, où la star avait été accusée d’avoir usé de toute son influence y compris financière, afin d’accélérer le processus. La star a adopté deux enfants dans ce pays, alors que la loi du Malawi prévoit que pour adopter, une personne doit avoir été résident dans le pays depuis au moins dix-huit mois.

Ou encore, en octobre 2007, l'association l'Arche de Zoé qui avait tenté d'exfiltrer du Tchad vers la France 103 enfants présentés comme orphelins du Darfour. L'opération, complètement illégale, avait échoué et les protagonistes avaient été condamnés.

"La majorité des soi-disant orphelins adoptés en provenance d'Afrique ont au moins un parent vivant et de nombreux enfants sont victimes de la traite ou vendus par leurs parents", selon l'African Child Policy Forum (ACPF), rapporte Slate Afrique.

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