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Vote des étrangers : une primaire "citoyenne" sans citoyens !
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Confusion

Droit de vote des étrangers : un vieux projet que les socialistes aiment à ressortir avant chaque élection. A l’occasion de sa « primaire citoyenne », le PS a joint les actes aux paroles… et est même allé beaucoup plus loin en faisant participer des étrangers à ce qui constitue de facto la première étape du scrutin présidentiel. Une aberration démocratique.

François Tillinac

François Tillinac

François Tillinac est un chef d'entreprise, tout juste trentenaire, installé à New York depuis plusieurs années.

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Si la France médiatique s’enthousiasme du succès de la primaire socialiste, peu nombreux sont ceux à relever les perspectives ouvertes par cette révolution de nos pratiques démocratiques : le glissement inéluctable vers un modèle électoral à l’américaine avec une légitimité forte donnée aux dynamiques partisanes et des scrutins internes dont l’autorité fonderait le reste du processus électoral.

Evolution souhaitable ? Compatible avec la culture démocratique française et l’esprit des institutions de la Ve République ? L’avenir nous le dira… Toujours est-il que la voie choisie par le parti socialiste imposait de ne pas sombrer dans le folklore d’un scrutin ne répondant pas aux standards les plus basiques définis par le code électoral français.

En autorisant des étrangers (mais aussi des mineurs) à participer à la désignation du candidat qui représentera selon toute vraisemblance la gauche au second tour de la présidentielle, le parti socialiste s’est livré à une incroyable démonstration démagogique de bons sentiments… substituant aux impératifs de légitimité politique une « morale de gauche » fantasmée où les concepts de citoyenneté et de frontières seraient abolis.

Car la différence est immense entre la promesse récurrente (jamais réalisée) d’accorder le droit de vote aux étrangers lors des scrutins locaux, et le fait de leur conférer le pouvoir de sélectionner le candidat qui a globalement une chance sur deux de devenir le prochain président de la République.

Nation et communauté

Quoi qu’on pense de la proposition socialiste visant à autoriser les ressortissants étrangers implantés en France à participer à la vie politique locale, elle se base sur un distinguo très net entre scrutins affectant une communauté et élections portant sur l’avenir de la Nation (législatives, présidentielles, référendums). Si le projet socialiste intègre sans ambiguïté cette distinction, le processus de sélection du candidat PS ne le fait pas.

Si on regarde d’ailleurs le modèle américain, sur lequel est calqué le principe même de la primaire socialiste, on réalise que le droit de vote peut en effet y être déconnecté de la citoyenneté pour des scrutins locaux, même si cela demeure l’exception. Chaque communauté (ville, comté, Etat) détermine elle-même ses règles électorales… tant qu’il s’agit de son mode de gouvernance local.

Très peu de communautés autorisent des non-ressortissants américains à participer directement aux scrutins électifs, mais des étrangers peuvent s’engager dans la vie démocratique lors de scrutins techniques liés à la vie quotidienne des administrés. C’est notamment le cas des élections scolaires (budgets, programmes, recrutements,…) dans l’Etat de New York, et les étrangers payant des impôts dans le Connecticut participent aux élections et referendums budgétaires et fiscaux de l’Etat. Un modèle de démocratie participative à des années lumières du jacobinisme français !

En revanche, lorsqu’il s’agit de scrutins à portée nationale (et notamment les primaires des deux principales formations politiques), le système est unifié et seuls les citoyens peuvent participer à l’élection… Une logique de bon sens dans une démocratie souveraine, qui structure de surcroît la notion même d’Etat-Nation.

Primaire citoyenne sans citoyens

Pourquoi les socialistes ont-ils choisi d’ouvrir cette primaire à des électeurs qui n’en sont pas vraiment ? Il fallait toute l’imagination du PS pour inventer une « primaire citoyenne » sans citoyens… Faut-il y voir la simple naïveté de l’humanisme et de l’internationalisme de gauche, ou un mouvement tactique savamment pesé pour déstabiliser la droite ? Le cynisme socialiste sur la question ne date pas d’hier… et est aussi vieux que le Front National.

Le vote des étrangers est le mouchoir rouge que les socialistes agitent systématiquement à la veille d’un scrutin pour radicaliser les électeurs de droite qui font à tort ou à raison de cette mesure un casus belli… Jouant de cette confusion entre scrutins locaux et nationaux, l’occasion était trop belle pour ne pas enfoncer le clou à l’occasion de cette primaire.

Et pourquoi pas ne pas étendre la mascarade à ces fameux « clandestins » et « sans-papiers » qui ont participé à la sélection du champion socialiste ? On pourrait s’en indigner… ou préférer ne pas même relever cette provocation qui ne vise qu’à exciter la frange la plus droitière de l’UMP pour qu’elle tombe dans la nasse de Marine Le Pen.

Anti-démocratique

Il va de soi (et les éléphants socialistes le savent parfaitement bien) qu’accepter le vote de personnes vivant illégalement en France est la négation mêmes des principes de base qui fondent notre démocratie. La morale de gauche n’a rien à voir là-dedans : il s’agit pour les politiques de se soumettre aux règles communes… a fortiori quand ils ne prévoient pas de les changer.

On imagine en effet très mal un président socialiste se lancer en 2012 dans des régularisations massives de sans-papiers devenus électeurs… ou proposer que les clandestins participent désormais à l’élection du président de la République.

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