PS : la guerre souterraine entre Manuel Valls et Martine Aubry<!-- --> | Atlantico.fr
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Les deux ténors du PS se livrent une bataille idéologique dans les coulisses du pouvoir
Les deux ténors du PS se livrent une bataille idéologique dans les coulisses du pouvoir
©Reuters

En sous-main

L'examen du projet de budget rectificatif de la Sécurité sociale a mis en avant deux frondeurs socialistes : Christian Paul et Jean-Marc Germain. Signe particulier : ces deux députés sont tous les deux très proches de l'ancienne Premier secrétaire du PS Martine Aubry.

François Xavier Bourmaud

François Xavier Bourmaud

Journaliste politique au Figaro chargé de l'Elysée, de Matignon et du Parti socialiste. Auteur de "PS, la bataille des egos" chez l'Archipel (2010).

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Atlantico : Le budget rectificatif de la Sécurité sociale (PLFSSR) a été l’occasion pour les frondeurs d’être en première ligne, notamment pour les aubrystes Christian Paul et Jean-Marc Germain. Comment analyser l’attitude des partisans de Martine Aubry dans la bataille budgétaire ? Quelle peut-être l'implication de Martine Aubry dans cette fronde ?

François-Xavier Bourmaud : Les partisans de Martine Aubry sont des déçus de la politique de François Hollande et sont déçus que ça soit Manuel Valls qui mène cette politique. Ils sont organisés entre eux pour faire entendre leur voix et contester la ligne politique sociale-démocrate. Quand on voit Jean-Marc Germain et Christian Paul en première ligne on se dit qu’elle a forcément donné son imprimatur et qu’ils lui rendent compte mais on ne peut pas le dire qu’elle pilote ce mouvement. Jean-Marc Germain a été son principal collaborateur, ils ont travaillé ensemble et il n’y a pas besoin de portable entre eux. Quand Jean Marc Germain s’exprime on entend Martine Aubry parler. Avec Christian Paul, ils sont exactement sur la même ligne.

Les aubryistes sont aussi là pour défendre ce que Martine Aubry avait construit au PS. On assiste en ce moment chez les hollandais et autour de Manuel Valls a beaucoup d’attaques et de critiques en off contre le bilan de Martine Aubry lorsqu’elle était à la tête du PS. Ils reprochent à Martine Aubry de ne pas avoir assez fait assez travailler le PS et de ne pas l’avoir rénové à part lors de la primaire. Ils estiment qu’Harlem Désir n’a rien pu faire d’un parti qui n’a pas été rénové. Jean-Marc Germain affirme pour sa part ce moment qu’il ne faut pas oublier le travail qu’elle a fait au PS.

On sait que la maire de Lille n'a jamais eu de très bonnes relations avec Manuel Valls. Comment expliquer cette défiance ?

Ils ne sont pas sur la même ligne politique et ils ne font pas partie de la même génération. Manuel Valls appartient à la génération des quadras qui voulait mettre tout le monde dehors il y a quelques années, la lutte des anciens et des modernes. C’est peut-être aussi une question de caractère, ils sont tous les deux assez éructifs. On se souvient de l’épisode de 2009 quand Martine Aubry écrit une lettre à Manuel Valls en lui répondant en gros "le parti tu l’aimes ou tu le quittes" alors qu’il avait juste avant appelé le PS à changer de nom.

Martine Aubry peut compter sur un groupe de parlementaires qui veille sur ses intérêts. Manuel Valls, lui, vient de placer plusieurs fidèles à Solférino lors de la récente vague de nomination de secrétaires nationaux adjoints, comme Luc Belot ou Nicolas Bays. Le fidèle Carlos Da Silva avait quant à lui été nommé porte-parole du PS après la nomination de Jean-Christophe Cambadélis en avril dernier.

En quoi le PS peut aussi être un lieu décisif dans ces rivalités ? Comment se répartissent les rapports de force à Solférino entre ces deux poids lourds ?

C’est dans le parti que va se jouer la question de la primaire et il vaut mieux avoir la main sur ce débat. Le parti fait le relais de la campagne présidentielle. Il y a une volonté de désaubryiser le PS mais Martine Aubry peut toujours compter sur quelques relais à Solférino comme Marie Pierre de la Gontrie (Secrétaire nationale à la Justice et aux libertés et membre du Conseil national). La bataille ne se joue toutefois pas aujourd’hui mais surtout au prochain Congrès prévu fin 2015 selon les statuts même s’il pourrait être avancé. C’est là où se jouera la bataille de force, congrès prévu fin 2015 dans les statuts. Manuel Valls place certes du monde mais son calcul c’est de dire que s’il grimpe le parti viendra naturellement à lui.

Christian Paul a récemment indiqué au "Talk" du Figaro qu'il souhaitait voir la maire de Lille s'exprimer prochainement. Peut-on analyser cette déclaration comme un premier pas en avant pour Martine Aubry ? 

Cela ressemble à quelqu’un qui prépare la piste d’atterrissage même s’il faudrait que ses proches soient plus nombreux à faire cet appel. Lancer un appel quand on est aussi proche n’est pas anodin et on pense tout de suite à La Rochelle. La Rochelle offre une tribune qui donnera énormément d’échos à d’éventuels propos. Mais le silence de Martine Aubry est toutefois précieux pour elle, car il permet de valoriser sa parole dans une période très difficile pour le personnel politique. 

Quelle peut-être la stratégie du "camp Aubry" d'ici le prochain Congrès du PS en 2015. Peut-il avoir un intérêt à entretenir la fronde des députés entre temps ? 

Est-ce que sa stratégie est de revenir ou de peser ? Si c’est pour revenir ce sera compliqué, par où peut-elle le faire ? Au PS on peut tout imaginer mais il est difficile de penser qu’elle veut reprendre le PS. C’est aussi quelqu’un qui n’y va pas si elle n’est pas poussée et ce n'est pas vraiment le cas pour le moment.

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