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"Profs en territoire perdu de la République" : ce désastre qu’on nous cache
©Reuters

Documentaire

On proteste contre la réforme du collège. Contre la refonte des programmes. Mais il y a bien pire… Jeudi 22 octobre, France 3 diffuse le documentaire "Profs en territoires perdus de la République".

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Entre les murs des établissements scolaires il y a la vraie vie avec ses charmes un peu turbulents. On y trouve une belle jeunesse agitée certes mais créatrice et attachante. "Entre le murs" ce fut d’abord un livre a succès puis un film inspiré du best-seller de Bégaudeau. Pour la circonstance les capuches un peu ternes furent recouvertes de la tenue bariolée d’Arlequin. France métissée, France de la diversité… Comment ne l’aurait-on pas aimée ? Le jury du Festival de Cannes aima à la folie et décerna au film la Palme d’Or.

C’était, dans tous les sens de ce terme, du cinéma. Et au cinéma on fait ce qu’on veut avec les kilomètres de pellicule dont on dispose. On coupe, on raccorde, on choisit, on monte. Et Bégaudeau, de son propre aveu, fit passer à la trappe toutes les séquences qui témoignaient d’un antisémitisme décomplexé et fortement enraciné. Des blagues de potaches, selon lui, qui auraient pu être mal comprises par les spectateurs.

"Profs en territoire perdu de la République ?"* est un film mais ce n’est pas du cinéma. Treize ans après la parution des "Territoire perdus de la République", un livre qui dressait un tableau effrayant de la francophobie, de l’antisémitisme et du sexisme installés sans entraves ni complexes dans les collèges et lycées de banlieue, Georges Benayoun a promené sa caméra de Noisy le Sec à Saint Denis. Un désastre ! La République a encore perdu des territoires.

Ce sont des profs qui parlent. Une dizaine d’enseignants qui aiment leur métier et aussi leurs élèves. Ils s’expriment avec calme et gentillesse. Avec empathie pour ceux dont ils ont la charge. Avec tristesse mais sans ressentiment ils avouent, pour la plupart, leur impuissance. Comment convaincre des élèves butés dans leurs certitudes que le 11 septembre et le 7 janvier n’étaient pas le fruit d’un complot contre l’Islam ? Comment expliquer à un garçon qu’une fille non voilée n’est pas pour autant une pute ? Et comment leur dire que leur antisémitisme naturel et spontané n’est qu’une passion haineuse ?

Les profs, répétons-le, s’expriment avec modération. Et tout au long du film affleure comme une évidence le sentiment qu’ils restent en deçà d’une réalité bien plus catastrophique que ce qu’ils veulent bien en dire. On entend aussi une autre parole que la parole enseignante. Plus brutale et plus crue. Didier Lapeyronnie, sociologue : "quand les élèves disent qu’il ne sont pas Charlie, ils veulent simplement dire qu’ils ne sont pas français." Smaïn Laacher, professeur à l’Université de Strasbourg explique que l’antisémitisme est déposé dès la naissance de l’enfant dans l’espace domestique : "dans toutes les familles issues de l’immigration maghrébine quand on veut gronder ou admonester un enfant on le traite de juif". Smaïn Laacher doit savoir de quoi il parle…

Samedi il y avait des milliers de manifestants contre la réforme des collèges. On les voit mal manifester contre les enfants décris plus haut. Mais contre leurs parents peut-être ? Le film de Georges Benayoun a reçu l’aval de l’Education Nationale. Il sera donc projeté dans les instituts ou l’on forme les profs. C’est bien. Ce serait encore mieux si il était accompagné, compte tenu du comportement de certains élèves, de cours d’arts martiaux…

* Il sera diffusé jeudi 22 octobre à 23h15 sur France 3

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