Prise entre le marteau et l’enclume, Marine Le Pen à l’assaut des "musulmans patriotes"<!-- --> | Atlantico.fr
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Marine Le Pen tente de trouver la bonne stratégie sur l'islam de France
Marine Le Pen tente de trouver la bonne stratégie sur l'islam de France
©Reuters

Un nouveau front

Alors que la présidente du Front national s'est engagée dans un entreprise de séduction de l'électorat musulman, elle aurait tout intérêt à s’adjoindre les conseils d’un Pascal Boniface qui calculait si bien son poids électoral comparé à celui des juifs.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Les Peaux Rouges envoyaient des signaux de fumée pour avertir de leurs projets et de leurs intentions. Seuls d'autres Peaux Rouges étaient susceptibles de les comprendre. Ceux qu'envoie Marine Le Pen sont, avec un peu d'effort, aisés à décrypter. Elle a écarté des cercles dirigeants du FN son (désormais ex) conseiller spécial Aymeric Chauprade. Au motif que ce dernier, un peu pro-israélien sur les bords, dénonçait la présence en France d'une « cinquième colonne islamique » et ne s'interdisait pas l'expression « choc des civilisations ».

La position de Marine Le Pen n'a pas trouvé grâce auprès de son père et de sa nièce Marion Maréchal. Mais bon, ça se réglera en famille... Il est en revanche tout à fait intéressant de se pencher sur les signaux de fumée de la numéro 1 du Front national. Dans un excellent article paru dans Le Point Michèle Cotta l'explique très bien. Un appel du pied à l’extrême gauche quand elle déclare sa passion pour le parti grec, et très rouge, Syriza. Un câlin appuyé aux musulmans quand elle écarte « l'islamophobe » Aymeric Chauprade. Électoralement cela se comprend. On a besoin de voix pour être élue. Et aucune n'est à négliger.

Mais il ne faut pas pour autant mélanger torchons et serviettes. Le parti frère de Syriza c'est le Front de gauche. Et ses électeurs tiendraient aisément dans une cabine téléphonique. Donc pas de gains substantiels à attendre de ce coté là. Les musulmans en revanche sont un paquet. Et avec eux il y a donc de quoi faire. Mais comment Marine Le Pen va t-elle s'y prendre alors que son parti est régulièrement accusé de racisme anti-arabe ? Plusieurs voies s'ouvrent devant elle.

Elle pourrait de temps en temps, comme ça, mine de rien, lâcher une phrase gentille sur « les musulmans patriotes ». Elle pourrait aussi s'adjoindre les services de Pascal Boniface qui, en son temps, rédigea un fameux rapport expliquant au PS que celui-ci devrait s'intéresser un peu plus aux arabes et un peu moins aux juifs. Mais cette fumée là ne serait ni claire ni convaincante pour les intéressés. L’électorat musulman a besoin de signaux plus forts.

Lors des dernières élections présidentielles, cet électorat a massivement voté en faveur de François Hollande. En réalité contre Nicolas Sarkozy « suppôt sioniste » déclaré. Marine le Pen a parfaitement analysé ces résultats. Et, en toute logique, elle est capable de comprendre que les musulmans qu’elle drague seraient sensibles à quelques mots prononcés par elle sur les juifs. Ainsi le Front national déjà « gay friendly » deviendrait « muslim friendly ». Mais l’exercice est délicat. Il est hors de question de faire appel au répertoire éprouvé de papa : « point de détail », « Durafour crématoire », « fournée ». Pas question non plus de recourir aux compétences de Soral et de Dieudonné : ils sont tellement grossiers et vulgaires...

Mais Marine le Pen a dans sa cartouchière ce qu'il faut. David Rachline, le maire de Fréjus, qui se définit en tant que « juif pas comme les autres », c'est-à-dire, selon la terminologie chère au Front national, « un juif patriote ». Personne aussi bien que lui ne saura dénoncer le « lobby du CRIF » ou « la double allégeance des juifs – non patriotes ». Il sera parfait pour dire aux musulmans ce qu'ils ont envie d'entendre.

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