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Un pouvoir d’achat 
à géométrie variable
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EDITORIAL

L’annonce d’une prime générale obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés augmentant leurs dividendes, et facultative pour les plus petites, secoue le monde patronal.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Une fois de plus, Nicolas Sarkozy justifie son caractère de fonceur, pour bousculer les comportements, sans se préoccuper des inévitables pots cassés dans un univers économique marqué par le conformisme et les idées reçues. Il fait naître un espoir parmi les gros bataillons des huit millions de salariés, destiné à montrer qu’il continue de se battre en faveur d’un pouvoir d’achat sérieusement attaqué au moment où les prix prennent l’ascenseur, alors que les salaires montent péniblement l’escalier, avec l’envolée des cours des matières premières et  de l’énergie, sans parler de l’allongement du départ à la retraite et de la timide réforme des 35 heures.

En rendant obligatoire la mesure en faveur des grandes sociétés, il vise aussi à sermonner, comme il l’a fait récemment pour le président de Total, les firmes du Cac 40 et leurs dizaines de milliards d’euros de dividendes, ce qui lui parait un bon moyen de rallier une opinion française qui préfère la petite entreprise aux grands  groupes. Il ne craint pas, au contraire, le tollé suscité au sein du patronat, afin de se rapprocher de « la France qui souffre », même si la mise au point de la nouvelle réglementation risque de s’apparenter rapidement à une  véritable usine à gaz..

De plus le slogan qui court déjà, « la prime contre les dividendes » peut avoir des relents préélectoraux, tout en créant de nouvelles divisions au sein de l’opinion, car il y aura beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. De premières estimations font état d’un million de salariés bénéficiaires tout au plus, en raison du faible nombre d’entreprises distribuant des dividendes. Les fonctionnaires se trouvent écartés par un texte qui se réfère uniquement au secteur privé. Et dans ce domaine, ce sont les personnels des grosses firmes qui seront le plus favorisés alors que sur l’échelle des revenus, ils sont déjà dans la bonne moyenne, et qu’ils disposent généralement d’un complément  avec l’intéressement et la participation.

En revanche, la plupart des salariés des PME ne seront pas admis au festin de la distribution. Reste à savoir ce qui sortira d’une idée simple, qui se veut généreuse, mais dont la  mise en œuvre s’avère d’une redoutable complexité, car elle engendrera beaucoup de déceptions. Sans parler de l’administration des finances qui cherchera à éviter  d’en faire une nouvelle niche fiscale, à l’heure où celles-ci sont dans le collimateur.  Sans oublier des manœuvres que pourront déclencher les entreprises à travers leur arsenal de conseillers juridiques, pour en minimiser le coût et s’efforcer de ne pas  voir pérenniser une mesure susceptible de faire renaître un désir de délocalisation. Sans sous-estimer enfin l’intérêt que portent les fonds étrangers gros détenteurs de valeurs du CAC 40 au maintien de dividendes qui ne soient pas rognés par des primes aux salariés,  alors que la plupart des profits des grands groupes sont  réalisés en dehors de France.

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