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Prime digitale de 500 euros aux petits commerces : un pourboire pour la morgue
©BARBARA GINDL / APA / AFP

LES ENTREPRENEURS PARLENT AUX FRANÇAIS


500 euros. Vous l’avez lu et entendu, le gouvernement s’est fendu après 8 mois de crise, d’une prime de 500€ destinée à digitaliser les petits commerces. Réprimez votre sourire, c’est du sérieux !

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Pour tout technocrate qui se respecte, c’est un chiffre conséquent, une annonce majeure, qui démontre l’attention extrême du gouvernement pour les petits commerces privés d’ouverture, coupables de contamination face à la grande distribution, dont le (ou la, qui se soucie du « sexe » de ce virus) covid éviterait soigneusement les rayons, préférant vraisemblablement l’intimité des petites boutiques ! 

Pour vous et moi, entrepreneurs et acteurs économiques, on reste stupéfait, hésitant entre la mauvaise farce et l’indignation, voire la rage devant une annonce aussi honteuse, qui montre l’amateurisme, l’incompétence, l’ignorance crasse et surtout l’impréparation d’un Gouvernement, qui depuis le mois de mars, n’aura RIEN fait, sur aucun secteur essentiel permettant de prévoir et d’accompagner au mieux une seconde vague qu’ils annonçaient pourtant eux-mêmes, dès le mois de Mai. 

Pour nombre de journalistes, particulièrement ceux du journal de 20H, cette mesure n’a pas suscité le moindre soulèvement de sourcil, pas le début d’un questionnement, ce qui en dit long sur la culture économique et digitale de ceux qui vous « informent » ou plutôt « désinforment » à 13H et 20H, ces 2 occasions saisies pour faire peur et raccourcir l’information au point de la rendre inutile, voire « aux ordres ».

Dès le premier confinement, on savait que l’on condamnait les commerces à la ruine. Mais à l’époque on savait que des vies allaient être perdues, que le « score » pouvait être élevé, essentiellement dans l’Est puis à Paris, mais on préféra quand même mettre la France entière sous cloche. Principe de précaution, quand tu nous tiens… On savait que 20% des restaurateurs n’y survivraient pas, mais sauver le malade du Covid semblait être la nouvel eldorado politique, chaque pays rivalisant de mesures coercitives pour y parvenir avec l’assentiment d’une population terrifiée de se réaliser mortelle. Pourtant, comme le rappelle Woody Allen, la vie est une maladie mortelle, mais ivres du pouvoir de la science, l’occidental semblait l’avoir oublié. Et surtout depuis, l’INSEE nous apprend que la mortalité en France n’a pas évolué depuis 2018, sauf de 5% pour les plus de 85 ans. Et malgré l’utilisation des chiffres de la contamination pour perpétuer la peur, on réalise que les hospitalisations sont moins importantes qu’en Mars, et que le nombre de morts recule un peu plus chaque jour. Et encore, pour 9 sur 10, atteints de vieillesse et d’une comorbidité, mort du covid ne signifie rien, puisque malheureusement pour eux, ce sort funeste les attendait de toutes façons dans les semaines ou mois à venir. Ce que les statistiques de l’INSEE nous confirment d’ailleurs. Bref, revenons à notre sujet.

Admettons par charité, que de Mars à Juin on pouvait avoir un doute, malgré les leçons qui pouvaient être prises en Asie, où la gestion était quasi parfaite, et prouvait que cette maladie était contagieuse mais peu mortelle (moins de 100 morts à Taiwan, Hong Kong et au Vietnam), et surtout très gérable. Mais après quelques mois, à l’aube du premier déconfinement, on annonçait déjà une seconde vague possible ou plus exactement la reprise naturelle et logique de la contamination contenue par le confinement, on imaginait un Gouvernement, mené par un QI soit-disant exceptionnel, prêt à affronter la suite avec talent et organisation. Nous avons tous appelé à se poser la question essentielle de la sous-capitalisation des PME françaises, et de leur retard incroyable sur le terrain digital. Nous nous attendions donc à ce que des mesures soient prises, en urgence, pour éviter à Amazon de devenir le maître de la consommation française. Mais non, on préféra faire des annonces grandiloquentes sans lendemain, sur le terrain de la relocalisation de la production en France, à laquelle j’ai eu la faiblesse de participer, par amour de ce pays, plutôt que de se soucier du 2nd épisode de « 24H Covid Chrono ». Rien. Niente. Nada. 

Rien sur le capital. Rien sur la digitalisation. Et une fois ce reconfinement, tellement prévisible venu, la cigale politique plus prompte à chanter qu’à faire, n’avait rien prévu. Pas de lits supplémentaires (A Mulhouse les lits provisoires avaient été entre temps supprimés !!!), pas de préparation de la seconde attaque, pas d’accompagnement financier de la crise, pas d’accompagnements des indépendants, des chefs d’entreprises, le tout se terminant en apothéose par l’ouverture de la grande distribution et la fermeture des petits commerces, qualifiés du terme insultant de « non essentiels ». En clair « ils peuvent crever ». Les 1500€ de prime sont toujours attendus par 70% des entreprises qui les ont demandées et quand on fouille un peu les poubelles et « radio moquette » de la Direccte, censée traiter les dossiers, on réalise que seuls ceux dont le chiffre d’affaire a baissé de plus de 70 à 80%, ont, parfois, pu la toucher. Autant dire, que l’on parle alors de prime destinée à payer leurs frais mortuaires !

Mais la cerise sur le gâteau, fut quand même la prime à la digitalisation. D’après un Gouvernement qui a, je vous le rappelle, un secrétaire d’état au Numérique, un commerce Français en perdition, pourra se digitaliser d’ici Janvier ou Février au mieux, en mettant 500€ sur la table !! Si on peut digitaliser une PME en 3 semaines, portes fermées, avec 500€, alors je joue au loto immédiatement car les chances y sont plus grandes de gagner le Jackpot et je proposerai Cédric 0 comme prochaine personne à sanctifier au Saint Siège. Néanmoins si son arrivée au Paradis dépend du succès de sa prime, je pense que notre Cédric risque de passer l’essentiel de son temps en enfer. Côté digitalisation, il va falloir penser à le débaptiser et l’appeler désormais Cédric Zéro (0) et non Ö. 

O ! Quelle tristesse d’avoir hérité d’un Ministre qui ait une connaissance si crasse de la signification du terme « digitalisation ». 

Les petits commerces auront néanmoins, pour ceux qui ne seront pas encore liquidés lors de l’arrivée de la prime magique, la consolation de pouvoir payer les frais d’huissiers et d’avocat pour payer une partie des frais de déclaration de redressement judiciaire. Le prix d’une belle couronne mortuaire. On dit quoi au Gouvernement ? Merci bien sûr ! 

J’ai honte d’être Français, une fois de plus. Commerçants, petits entrepreneurs, je vous plains, je suis de tout cœur avec vous, je regrette tellement que nous ne soyons pas plus battus, nous entrepreneurs, un peu médiatisés et vaguement écoutés, pour accéder au pouvoir et vous éviter la mort. Pardon !

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