Primaires présidentielles de la droite et du centre : pourquoi il ne faut plus perdre de temps !<!-- --> | Atlantico.fr
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Thierry Solère doit annoncer mardi prochain la répartition géographique des bureaux de vote.
Thierry Solère doit annoncer mardi prochain la répartition géographique des bureaux de vote.
©Reuters

Bras de fer

Chargé d’organiser les primaires de la droite et du centre, Thierry Solère doit annoncer mardi prochain la répartition géographique des bureaux de vote, la liste a fuité hier. Paris devrait en accueillir 313, la Creuse 13. Mais de nombreux problèmes restent encore à régler et notamment le choix des équipes chargées localement de l’organisation, qui est un enjeu majeur.

Xavier  Chinaud

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud est ancien Délégué Général de démocratie Libérale et ex-conseiller pour les études politiques à Matignon de Jean-Pierre Raffarin.

Aujourd’hui, il est associé du cabinet de stratégie ESL & Network.

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Chargé d’organiser les primaires de la droite et du centre, Thierry Solère doit annoncer mardi prochain la répartition géographique des bureaux de vote. Leur liste a fuité hier, Paris devrait en accueillir 313, la Creuse 13. Cette répartition a été le fruit de semaines de négociation entre les représentants des différents candidats, les juppeistes souhaitant que les voix du centre soient prises en compte, ce qui semble être le cas. Mais de nombreux problèmes restent encore à régler. Le choix des équipes chargées localement de l’organisation est un enjeu majeur. Le choix des lieux de vote inquiètent aussi les différents candidats. Il semble exclu que le scrutin se déroule dans les fédérations mais avoir l'accord des écoles ou des mairies pour y installer des urnes comme l'avait fait le parti socialiste en 2011, s'apparente à un véritable parcours du combattant. Il restera enfin à trancher la question sensible des budgets qui seront alloués aux différents candidats pour mener campagne. Autant de sujets qui devraient occuper les équipes de Nicolas Sarkozy, Bruno le Maire, Alain Juppé et François Fillon dans les semaines qui viennent et que détaille notre contributeur Xavier Chinaud.

«  Le premier tour des primaires aura lieu le 20 novembre 2016, le second tour éventuel le 27 novembre. Le dépôt des candidatures est fixé au 5 septembre 2016.

Ouverte aux candidats de la droite et du centre, la participation aux primaires nécessitera des parrainages : 250 de maires et conseillers départementaux, 20 de parlementaires et 2500 d’adhérents. Les candidats auront également à signer une charte comprenant un « engagement à soutenir le vainqueur avec loyauté ».

Cette annonce faite au début de l’été, nécessite pour devenir effective un très long et lourd travail d’organisation qui ne semble pas avoir vraiment commencé au point de rendre incertaine la bonne tenue de cette consultation décidée par l’ex-UMP devenue Les Républicains.

L’expérience de la primaire socialiste de 2011 a apporté 2 enseignements : il faut beaucoup de temps pour mettre en place un tel processus et en termes de résultats l’effet « amitié locale » et la logique des fiefs électoraux est importante (comme l’a démontré J. Fourquet dans la revue Commentaire de ce trimestre).

Fort de cela, il y aura pour arriver à organiser une consultation dont l’ambition doit être la participation de 10% du corps électoral dans des conditions strictes d’équité et honnêteté, nécessaires  discussions de chacun des points suivants :

-          La Haute autorité interne chargée du contrôle n’a pas été renouvelée et son ou sa présidente pas encore nommé(e)

« La Haute Autorité est composée de quatre membres extérieurs aux partis et groupements politiques concourant à la primaire, choisis pour leur compétence juridique, parmi des personnalités offrant toutes garanties d’indépendance et jouissant de la plus haute considération morale »

 « Elle veillera notamment au respect d’une stricte égalité entre les candidats et fixera le calendrier et les modalités d’organisation de la primaire»

Si le dépôt de candidature n’est prévu que dans un an, la campagne a de fait déjà commencé, et elle est compétente pour toute réclamation émanant de l’un des candidats, encore faut il qu’elle soit constituée, qu’elle ait établie son propre règlement intérieur et établi un guide électoral…mais au-delà c’est de l’organisation sur le terrain dont il s’agit.

-          La charte précise que « Dans le respect d’une stricte égalité entre les candidats, les organes délibérants des partis et groupements politiques concourant à la primaire fixent le plafond des dépenses de campagne et peuvent décider d’allouer une somme à chacun des candidats à la primaire » quid de la période qui va d’aujourd’hui à septembre 2016 ?

Pour se faire il faut  un montage juridique et financier de la structure organisant les primaires, concrètement : personnalité morale ou non ? Soumission aux règles des partis politiques ? Capacité d'emprunt garantie par qui ? Reversement des profits à qui ? Autant de questions à trancher.

-          La charte prévoit la mise en place d’une commission nationale et de commissions départementales et locales d’organisation des primaires. Cela prendra du temps au niveau local, pour aboutir à un consensus.

-          Un minimum de communication va être nécessaire dans le processus, ses modalités restent à définir.

-           10.000 bureaux de vote,

Il aura fallu l’été pour qu’aboutisse un accord sur la fixation du nombre de bureaux de vote par circonscription (500 restant toutefois non affecté pour l’instant) ; le plus difficile reste à faire : en définir la localisation précise dans chacune, sur quels critères ? Cantonaux ? Selon l’accessibilité ? Les choix faits ne seront pas neutre eu égard à la capacité de mobilisation des élus enracinés.

Si semble écarté l’usage des permanences politiques, les lieux de vote seront à trouver dans des bâtiments publics,  dans ce cas les démarches à faire partout sur le territoire prendront beaucoup de temps et ne seront pas toutes fructueuses et parfois couteuses, impliquant des adaptations ultérieures.

Parallèlement à ce travail, 10.000 bureaux de vote c’est au-delà des scrutateurs désigné par les candidats  (ce qui ne sera pas à la portée de tous) 20 à 50 000 responsables de bureaux de vote à désigner, difficile d’envisager que les candidats s’en remettent au bon vouloir de fédérations départementales très majoritairement sous contrôle.

Enfin sans le concours du ministère de l’intérieur, les fichiers électoraux à cette échelle prendront du temps à être collecté et diffusé, le PS avait eu du mal en 2011 dans ce domaine…

Tout ceci devant évoluer et se définir avec le concours des partis et groupements politiques concourant à la primaire, or à ce jour cela ne concerne que les Républicains…

Attendre pour avancer sur tous ces points pourrait être de nature à contrarier la tenue même de la primaire…ou pour le moins leur sincérité. Il y a de fait du travail pour une grosse année, le bon déroulement de la primaire est de l'intérêt de tous dans l’opposition  et toute perturbation profiterait d'abord à la gauche et à l'extrême droite avant de profiter à un des candidats. 

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