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Présidentielle américaine : Hillary Clinton peut-elle encore perdre ?
©Reuters

Trans-amérique Express

Alors que Donald Trump dégringole dans les sondages et multiplie les déclarations à l’emporte-pièce, Hillary Clinton se dirige vers une victoire facile le 8 novembre. Sauf si…

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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A en croire les sondages, l’affaire est faite. A 80 jours du scrutin présidentiel, Hillary Clinton est en tête de toutes les enquêtes d’opinion aux Etats-Unis, avec entre six et dix points d’avance sur son rival républicain Donald Trump. Elle est en tête au plan national et elle est également en tête dans les swing states, les Etats dont le résultat est incertain et qui feront la différence. Hillary mène de deux points en Caroline du Nord et dans le Nevada ; de trois points en Floride et dans l’Ohio ; de six dans le Michigan ; de huit en Virginie et dans le New Hampshire ; de neuf dans le Wisconsin et en Pennsylvanie ; et de onze points dans le Colorado, qui n’est même plus considéré comme un swing state à ce stade mais comme un Etat "acquis aux démocrates". Donald Trump se voit même menacé en Géorgie, un Etat du sud qui n’a pas voté démocrate lors d’une élection présidentielle depuis 1992 et un certain Bill Clinton.

Bref, la candidate démocrate pourrait rassembler 350 voix au Collège électoral contre moins de 190 à son adversaire. Ce ne serait plus une victoire, mais un triomphe…

De sorte que la question qui subsiste est de savoir si quelque chose peut encore empêcher Hillary de l’emporter. Certes, la campagne est à peine lancée, mais Trump suscite un tel désaveu, y compris de son propre camp, et sa campagne est tellement chaotique, qu’il est difficile d’imaginer qu’il puisse refaire le retard accumulé sur sa rivale. Seul un événement extérieur, ou une faute monumentale d’Hillary, pourraient la faire chuter.

Ces cas de figure existent néanmoins. Ils sont peu nombreux, et peu souhaitables surtout, pour les Etats-Unis, mais ils font partie des impondérables d’une campagne présidentielle. Voici cinq de ces cas de figure.

Une mise en examen dans le cadre de l’enquête sur ses suppressions d’emails alors qu’elle était Secrétaire d’Etat

Depuis la révélation que, du temps où elle était secrétaire d’Etat, Hillary Clinton utilisait une adresse personnelle et un serveur privé pour ses échanges mails professionnels à la place de l’adresse et du serveur sécurisés de l’administration, et qu’elle a ainsi pu effacer quelques 30 000 emails touchant à la sécurité nationale, les élus républicains du Congrès bataillent pour que le département de la Justice engage des poursuites judiciaires contre la candidate démocrate. En vain pour l’instant. Après plusieurs semaines d’enquête, le FBI a indiqué que si l’attitude d’Hillary était critiquable, elle n’avait pas violé la loi et une mise en examen n’était pas justifiée. Les Républicains n’ont pas pour autant jeté l’éponge : ils cherchent à présent la possibilité de la confondre pour avoir menti sous serment. Les propos tenus par Hillary lors de ses dépositions devant les différentes commissions du Congrès ont en effet été contredits à plusieurs reprises lorsque le contenu de certains emails a fait surface. Il y a peu de chances que la quête des Républicains aboutisse. Mais ils ne lâcheront pas le morceau. Ni d’ici le scrutin, ni même sans doute au-delà.

De nouvelles révélations de fraudes lors des primaires et d’une collusion entre les dirigeants du parti et la candidate

Quelques heures avant le début de la convention démocrate, à la mi-juillet, le site Wikileaks a divulgué une série d’emails internes au parti démocrate, révélant que le DNC, le comité national démocrate, l’autorité du parti gérant les primaires, avait délibérément cherché à avantager Hillary Clinton aux dépens de son challenger Bernie Sanders.  L’affaire avait fait grand bruit et provoqué la chute de la présidente du DNC, Debbie Wasserman Shultz, contrainte de démissionner à l’issue de la convention. Le DNC (comme son équivalent républicain, le RNC) se doit d’être impartial. C’est un arbitre et un régulateur. Pas un participant engagé. Les révélations de Wikileaks, qui faisaient suite à un vaste piratage informatique dont avait été victime le parti démocrate, avaient suscité un profond malaise car elles alimentaient les pires phobies d’une partie de l’électorat envers un système jugé truqué, où les jeux sont joués d’avance. Donald Trump avait d’ailleurs capitalisé sur l’incident assurant que l’élection - y compris le scrutin à venir du 8 novembre - serait truquée ("rigged" en anglais) en faveur d’Hillary. La crainte chez les démocrates est désormais que d’autres emails compromettants ne soient "fuités" à la veille du scrutin. D’autant que Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, s’est vanté de posséder d’autres informations sur Hillary Clinton, promettant de les divulguer le moment venu…

La multiplication des émeutes dans les ghettos urbains

Le week-end du 15 août a été marqué aux Etats-Unis par de nouvelles émeutes raciales, cette fois dans la ville de Milwaukee dans le Wisconsin. Des centaines de jeunes Noirs ont incendié plusieurs bâtiments et véhicules et s’en sont pris aux forces de l’ordre pendant plusieurs heures. Des coups de feu ont été tirés par les émeutiers. Cette violence faisait suite au décès d’un homme noir de 23 ans, tué par la police. Il s’agissait d’un délinquant multirécidiviste, armé au moment des faits. Mais la communauté noire de Milwaukee y a vu un nouvel exemple de racisme et de violence policière et est descendue en masse dans la rue pour en découdre. Ce nouvel incident de violence urbaine fait suite à une multitude d’autres survenus depuis les émeutes de Ferguson, dans le Missouri en 2015. Dans la plupart des cas ce sont des brutalités policières, avec mort d’homme, qui ont été à l’origine des violences. Début juillet, à Dallas, au Texas, lors d’une manifestation contre les violences policières, cinq officiers avaient ainsi été abattus par un tireur embusqué, jurant qu’il "voulait tuer du blanc" pour venger ses frères de race… De sorte que les relations raciales sont particulièrement tendues et qu’avec les chaleurs et l’oisiveté de l’été d’autres incidents pourraient dégénérer. Immanquablement, les images de ces affrontements tendent à renforcer le besoin et la demande de sécurité chez les électeurs. De violentes émeutes joueraient ainsi en faveur de Donald Trump, qui se présente comme le candidat de "la loi et de l’ordre" (Law and Order).

Un attentat terroriste majeur sur le sol américain

Un attentat djihadiste reste la menace numéro un qui pèse contre la candidature d’Hillary Clinton. Pour certains, un tel attentat se produira inévitablement sur le sol américain, la question étant de savoir quand. Le 12 juin, un Américain d’origine afghane, Omar Mateen, a tué 49 personnes dans une boite de nuit gay de la ville d’Orlando en Floride. L’auteur des coups de feu était un musulman radicalisé, arborant une haine particulière à l’encontre des homosexuels. Dans la foulée de cette tragédie, la cote de popularité de Donald Trump avait fait un bond de sept points. Comme quoi le candidat républicain est jugé mieux armé que sa rivale pour assurer la sécurité des Etats-Unis face à la menace terroriste. Tout récemment, lors d’un meeting de campagne en Floride, le père d’Omar Mateen a été aperçu dans la foule, au premier rang, juste derrière Hillary Clinton… Sa présence n’avait pas été détectée, aux dires des organisateurs. Cette faille dans la sécurité personnelle de la candidate démocrate a été interprétée comme révélatrice de la faiblesse de ses positions en la matière. En cas d’attentat spectaculaire, l’électorat se porterait massivement sur le candidat républicain.

Un coup de fatigue ou une alerte concernant la santé d’Hillary Clinton

C’est le dernier sujet tabou de la campagne, mais le tabou est en train de tomber. Il s’agit de la santé physique d’Hillary Clinton. Donald Trump affirme désormais qu’elle n’a pas la "vitalité" ni "l’énergie" que requiert la fonction. La candidate démocrate a montré récemment des signes de faiblesse. De son propre aveu, elle est sortie de la convention démocrate "épuisée". "J’aurais été incapable de me lever et de faire quoi que ce soit", à-t-elle confié. Lors d’une réunion de campagne, elle a quitté l’estrade au bras d’un de ses assistants, d’une démarche mal assurée. L’incident a été minimisé par son entourage, mais cela n’a pas empêché la Toile de se répandre en rumeurs plus ou moins extravagantes… Hillary Clinton n’a pas d’antécédent inquiétant, mais elle a été victime d’une commotion cérébrale en décembre 2012, suite à un évanouissement. Elle avait quitté son poste de Secrétaire d’Etat en état d’extrême fatigue, devant même être hospitalisée à New York début 2013. Depuis, elle serait sujette à des épisodes de migraines, pertes de mémoire et déficits d’attention. A bientôt  69 ans, Hillary Clinton a le même âge que Ronald Reagan lors de son élection. Elue, elle serait plus âgée que tous les présidents l’ayant précédée…

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