Poutine multi-millionnaire grâce aux "montres de corruption", Nadal en finale de Roland Garros avec un demi-million d'euros au poignet<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Cette montre est une icône absolue du marché : elle a sauvé la maison Audemars Piguet dans les cycles tragiques de l’économie horlogère.
Cette montre est une icône absolue du marché : elle a sauvé la maison Audemars Piguet dans les cycles tragiques de l’économie horlogère.
©DR

ATLANTIC-tac

... et le reste de l'actualité des montres : les arbitres stars publicitaires de l'Euro de foot et la Suisse qui rend hommage aux horlogers français.

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

Voir la bio »

Un demi-million d’euros au poignet de Nadal

Dimanche, si tout se passe comme prévu, les grands finalistes du tournoi de Roland-Garros seront dans le court central. Regardez le poignet de Rafael Nadal : il est un des seuls champions du circuit à jouer avec une montre au poignet. Pas n’importe laquelle. Elle est noire et sa matière ressemble à du plastique : c’est une Richard Mille RM 027 en composite de carbone, avec un mouvement mécanique ultra-compliqué en alliage de titane et de lithium. Elle pèse moins de vingt grammes, mais elle coûte près de 500 000 euros.

Rafael Nadal sert à la fois d’ambassadeur et de cobaye à l’horloger français Richard Mille, qui peut ainsi prouver que ses montres sportives sont les plus résistantes du monde, puisqu’elles marchent parfaitement après les puissants coups droits du champion de la terre battue. Face à Nadal, il devrait y avoir ou bien Roger Federer, ou bien Novak Djokovic : ils jouent sans montre, mais regardez bien leur manège au moment du podium. Ils ont pour mission d’enfiler leur montre : une Rolex pour Federer ou une Audemars Piguet pour Djokovic. Comme vous aurez aussi remarqué que les échanges étaient minutés par Longines, vous aurez compris que Roland-Garros est une cour de récréation pour les marques de montres...


Même les arbitres de l’Europe sont « brandés »

En plein Euro 2012, on oscille entre la Pologne et l’Ukraine. On vous a souvent parlé des « femmes de footballeurs », segment très particulier du marché féminin, généralement peuplé de blondes généreusement poumonées et plus portées sur le shopping no limit que sur la Critique de la raison pure. Il y a aussi les « montres de footballeurs », segment tout aussi folklorique de l’offre horlogère : comme pour les compagnes assorties aux rois du crampon, il y faut des formes voyantes et beaucoup de diamants. D’ailleurs, comme ils n’arrêtent pas de se faire cambrioler, on sait maintenant qu’ils stockent pour des centaines de milliers d’euros dans leurs tiroirs ?

Ce qui fait le bonheur de certaines maisons suisses, devenues fournisseurs officiels des vestiaires du championnat. Pour cette édition 2012 de l’Euro, les meilleurs buteurs sont sous contrat personnel, certaines équipes nationales sont parrainées et les horlogers font des bassesses pour quelques secondes de bonheur – le temps d’une photo – au poignet d’un escogriffe en short lycra qui sait « tricoter des gambettes » (comme on disait dans le vieux Paname). Tout est affaire de branding, même le panneau qui décompte le temps additionnel et les changements de joueur : impossible de s’y tromper, c’est marqué dessus et c’est Hublot qui est le « partenaire officiel » de l’UEFA. Au point de faire poser Howard Webb, un prince international de l’arbitrage, avec le panneau en question : même les arbitres sont réquisitionnés par les marques...

La fierté d’un temps où les Grecs savaient compter

Nos amis grecs n’ont plus guère de raisons de pavoiser. Alors, ils se consolent en se pressant à l’exposition « Anticythère » au Musée national d’archéologie d’Athènes, dont la fréquentation a explosé : on y admire les trésors retrouvés sur le site d’un naufrage qui date du 1er siècle avant notre ère. Statues, mobilier, vaisselle et bijoux précieux de l’âge d’or grec : c’est la plus précieuse cargaison jamais retrouvée de l’Antiquité.

C’est pourtant la fameuse « machine d’Anticythère » qui fascine les visiteurs : très récemment étudiée et enfin comprise, elle est le premier « ordinateur » mécanique de l’histoire de l’humanité. Les rouages de cette calculatrice sans autre équivalent historique témoignent d’un temps où les Grecs savaient compter, quand leurs inventions formataient la civilisation européenne. C’est l’objet transactionnel de la nouvelle fierté hellénique. Les fragments de cette machine sont exposés dans une salle permanente, face à sa reconstitution aux dimensions d’une montre de poignet réalisée par Hublot, mécène de l’exposition. Vingt-deux siècles entre ces deux « objets du temps » : une même passion pour la précision mécanique et une même fascination pour les rouages qui écrivent la course des hommes dans l’infini ud cosmos...

Trop de belles montres pour le président Poutine ?

Les politiques n’échappent décidément pas au questionnement de leurs poignets : après le président français et les dignitaires du Parti communiste chinois, c’est au tour de Vladimir Poutine d’être soumis à cette inquisition.

Cette vidéo russe démontre qu’il possède des montres de luxe  dont la valeur correspond à six ans de son revenu moyen. Et encore, c’est un minimun ! Les blogueurs russes n’ont pas repéré toutes ses montres, ni compté celles qu’on ne cesse de lui offrir en cadeau. Après tout, c’est le président d’une Russie qui a institutionnalisé la pratique de la « montre de corruption » : une montre de luxe pour accompagner chaque démarche bureaucratique, la valeur marchande de la montre dépendant de la valeur du « service » qu’on attend du bureaucrate...

La Suisse rend hommage au premier orlogeur français

Marignan : 1515. Julien Coudray : 1518. On n’apprend plus aux écoliers la date de la bataille, et encore moins le nom d’un des premiers orlogeurs connus pour ses montres « portables ». On doit au Français Julien Coudray la réalisation de deux dagues d’apparat pour le roi Français Ier : une « montre » était logée dans leur manche. Différentes pièces de Julien Coudray se trouvent dans les musées français, mais c’est en Suisse qu’on vient de lui rendre hommage en créant une marque à son nom. L’honneur est sauf : il y a plusieurs discrets investisseurs français dans le tour de table, dont Christopher Descours (son groupe familial gère les chaussures Weston, les vêtements Bonpoint ou le champagne Piper-Heidseick).

Fabien Lamarche, l’horloger qui lance cette marque, est lui-même français. Il ne tient pas à mettre une référence de plus sur le marché, mais à travailler ses montres comme autant de pièces exclusives et pratiquement uniques pour des collectionneurs très exigeants. Ne cherchez pas de site pour Julien Coudray : pour l’instant, c’est encore secret ! Chacune des pièces signées Julien Coudray se veut une illustration de ces multiples beaux-arts de la montre qui remontent à l’orlogeur Coudray, quand les rois de France se souciaient d’encourager la création artistique de leur temps à travers les beaux objets, qu’on parle de peinture, de sculpture ou d’horlogerie...

Les 40 ans d’une icône de la montre sportive (Audemars Piguet Royal Oak)

Au départ, en Suisse, personne n’y croyait : on ne lance pas une montre-bracelet de sport en acier quand on est une marque de tradition pour les montres de poche en or ultra-compliquées. Il aura fallu l’insistance d’un distributeur italien (Roberto Carlotti) et la fougue d’un designer genevois (Gérald Genta) pour imposer à Audemars Piguet cette Royal Oak dont on fête actuellement le quarantième anniversaire. Et encore : l’Italien a dû s’engager à en commander 1 000 et le designer a dû offrir son dessin octogonal ! Comme la manufacture ne savait pas travailler l’acier, le prix de revient était prohibitif. Le lancement de la « montre en acier la plus chère du marché » sera furtif, mais le succès commercial immédiat – alors que la montre valait une fois et demi le prix d’une montre en or (récit non officiel et non autorisé : Business Montres).

Toutes les célébrités du grand écran, de la politique, de l’économie ou du sport ont porté, portent et porteront probablement une Royal Oak. Quarante ans plus tard, cette montre est une icône absolue du marché : elle a sauvé la maison Audemars Piguet dans les cycles tragiques de l’économie horlogère. Son design très typé n’a pas pris une ride, sans doute parce qu’il a été respecté. Quarante ans plus tard, les gens de la watch valley où elle est née n’en reviennent toujours pas de leur audace...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !