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Pourquoi Sarkozy et Juppé doivent s’engager dans la bataille
©Reuters

Au galop !

Les primaires n’éliminent personne. C’est pour ne pas l’avoir compris que les Républicains et les U.D.I., comme les socialistes de stricte obédience, risquent fort d’être absents du second tour de l’élection présidentielle.

Francis Choisel

Francis Choisel

Ancien conseiller général des Hauts-de-Seine, Francis Choisel est historien, auteur de Comprendre le gaullisme (L’Harmattan, 2016). 

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Du côté des centristes, des gaullistes, des libéraux, en tout cas, aucun des quatre millions d’électeurs de la primaire n’a voulu éliminer, c’est-à-dire sanctionner, exclure, « dégager » qui que ce soit. Tous ensemble, ils ont seulement choisi leur champion. Après avoir longtemps balancé, ils ont placé trois candidats sur le podium, l’un sur la plus haute marche, et deux autres à côté de lui. Car c’était un podium, avec une médaille d’argent et une médaille de bronze, pas un trône et deux guillotines. Chacun des trois médaillés de cette olympiade politique est une part d’eux-mêmes, une part de leurs convictions, une part de leur tempérament. Et les autres aussi. Tous de la même famille, rappelons-le.

Or aujourd’hui, parce que les médias, les candidats et leurs écuries ont confondu sélection et élimination, compétition et jeu de massacre, ils se retrouvent orphelins de leurs principaux poids lourds, d’Alain Juppé et de Nicolas Sarkozy surtout. Car ils n’ont pas voulu cela. Ils n’ont pas voulu que la médaille d’argent se retire à Bordeaux, et la médaille de bronze chez Accor. En tout cas pas avant la victoire. Ils n’attendent pas d’eux qu’ils jouent les sages meurtris ou les conseilleurs de l’ombre, ne sortant de leur mutisme que de loin en loin pour de brèves apparitions ou des communiqués sans visage. Ils ne les veulent pas non plus effacés, gommés, disparus. Ils les veulent au combat.

Certes, ils n’imaginaient pas qu’ils encenseraient leur vainqueur ni son programme, ce serait trop leur demander, et peut-être cela sonnerait-il faux. Alain Juppé et Nicolas Sarkozy pensaient il y peu, et ils pensent encore à coup sûr, qu’ils sont les meilleurs, que leurs propositions sont les plus pertinentes. Et c’est tant mieux, car si tel n’était pas le cas, au nom de quoi auraient-ils concouru ? Pour les ors des palais, le confort de la fonction, la griserie des vivats ? Non, ils l’ont fait par conviction, et ils n’en changent pas ; c’est à leur honneur.

Nous leur demandons une chose plus simple, plus naturelle, plus digne, c’est qu’avec leurs convictions maintenues, leur caractère bien trempé, leur personnalité éminente, bref avec toute leur autorité, ils s’engagent hardiment contre les adversaires politiques qu’ils s’apprêtaient à culbuter s’ils avaient triomphé à la primaire, et tout particulièrement contre l’illusion du macronlandisme à la mode. Là est la tâche qu’aujourd’hui leurs électeurs leur assigne. Là ce qu’attendent les indécis. Là leur devoir vis-à-vis de la France.

Alain Juppé, on l’a trop peu souligné, a commencé à le faire. Quel meilleur service en effet pouvait-il rendre à François Fillon, dans la tourmente présente, qu’en dénonçant les « démolisseurs de réputation » à qui il refuse pour sa part de se « donner en pâture ». Quelle meilleure consigne pouvait-il adresser à ceux qui lui font confiance qu’en parlant de « l’immaturité » d’Emmanuel Macron et de la « faiblesse de son projet »? Nous ne doutons pas que de nombreuses munitions sont depuis longtemps dans son arsenal, et qu’il piaffe de les laisser sans emploi. Il a d’ailleurs annoncé qu’il « ne se priverait pas d’exprimer son point de vue ». Eh bien, qu’il ne s’en prive pas, qu’il ne retienne pas ses coups, qu’il ne craigne pas de faire de l’ombre au candidat investi : qu’il mette ses armes en batterie, et qu’il fasse feu !

Et que Nicolas Sarkozy, dont la combativité n’est plus à démontrer agisse de même. Qu’il dissuade les Français de prendre une double portion de Macron après avoir subi une indigestion de Hollande. Qu’il reprenne l’offensive contre François Bayrou, ce receleur d’abus de confiance. Qu’il clame bien fort que nos ancêtres n’étaient pas des criminels. Et tant d’autres choses qu’il n’est pas besoin de lui souffler.

S’ils ne le font pas, et si François Fillon ne l’emporte pas, c’est à eux aussi qu’on le devra, à leur abstention, à leur mutisme, où même seulement à leur tiédeur. Et à eux aussi que la postérité demandera des comptes.

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