Pourquoi on ne peut pas tirer de leçons nationales de la double poussée FN et UDI au Sénat<!-- --> | Atlantico.fr
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David Rachline, sénateur FN.
David Rachline, sénateur FN.
©Wipédia commons

Les grands électeurs parlent aux Français

Le Front national fait son entrée au Sénat avec les élections de David Rachline et de Stéphane Ravier. Une "victoire historique" selon Marine Le Pen. Quant à l'UDI, il a enregistré une assez forte progression avec 8 sénateurs supplémentaires.

Xavier  Chinaud

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud est ancien Délégué Général de démocratie Libérale et ex-conseiller pour les études politiques à Matignon de Jean-Pierre Raffarin.

Aujourd’hui, il est associé du cabinet de stratégie ESL & Network.

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Atlantico : Quelle analyse peut-on faire des progressions conjointes de l'UDI et du Front national aux élections sénatoriales dimanche ?

Xavier Chinaud : Ce sont des analyses très différentes. Pour le FN d'abord, deux candidats ont donc été élus dans le Var et les Bouches-du-Rhône. Ils ont obtenu de nombreuses voix, bien plus qu'escomptés. Il est donc bien évident que des grands électeurs supposés être dans le camp de l'opposition nationale ont voté pour le candidat FN. C'est la suite logique des municipales. Cela montre le mécontentement de certains grands électeurs de droite qui en ont un peu marre de tout ce qui se passe et ont joint leurs voix aux grands électeurs du FN. C'est une percée importante mais relative car cela ne modifiera en rien les équilibres et l'adoption des textes mais il y a une symbolique forte. Et quand on la compare à ce qui s'est passé dans le reste de la région PACA, on voit que les ambtitions de Christian Estrosi et de Jean-Claude Gaudin n'ont pas abouti. Le score final de la droite est décevant. C'est à l'UMP que manquent les sièges gagnés par le FN. Ce sont des sièges de sénateurs perdus par la droite. Le FN a capté au-delà de leurs grands électeurs. Malgré tout, je ne pense pas que l'on puisse tirer de règles nationales. En tout cas moins que lors des élections municipales. Ce n'est pas une leçon nationale. On a juste retrouvé un grand classique : un FN fort en PACA.

Concernant l'UDI, ils ont gagné 8 sénateurs en solde net. Les centristes vont être une quarantaine au Sénat et vont avoir un rôle charnière car il n'y aura pas de majorité sans eux. C'est une position confortable pour eux. Les centristes sont présents depuis de nombreuses années dans certains départements et possèdent un ancrage fort ce qui leur a permis cette poussée.

Ces résultats montrent-ils une rupture entre les grands électeurs, représentants des citoyens et les partis traditionnels ? 

Il faut déjà remettre les choses en perspective. Les grands électeurs sont pour 95% des conseillers municipaux et des délégués des conseils municipaux des grandes villes. Ce sont des gens qui ne sont pas encartés pour la plupart d'netre eux ou des gens qui font des calculs plus ou moins tordus. Pour moi, il n'y a pas de rupture. Je crois que dans le cadre de cette élection, il n'y a pas de rupture. C'est le poids des petites communes rurales qui a joué dans ces résultats. L'enseignement de ce scrutin est là. Ce sont des petits élus non encartés qui ont joint leurs voix aux listes FN en PACA, ce sont aussi des petits élus modérés, surtout dans l'ouest de la France, qui ont conforté des élus UDI. C'est ce qui explique ces résultats.

L'UDI existait déjà il y a 20 ans avec l'UDF donc il n'y a pas de rupture, l'enracinement de ce parti est profond dans les régions, les départements. En revanche, c'est plus vrai pour le FN dans la région PACA, il y a eu peut-être un certain dégoût de certains grands électeurs. En plus, ce vote est secret, ce qui engage moins qu'un parrainage pour une élection présidentielle. 

Au fond, que traduisent ces bons résultats pour l'UDI et le FN et vont-ils avoir un impact à l'avenir ? Ces partis peuvent-ils se servir de ces progressions pour établir une stratégie pour 2017 ?

L'élection sénatoriale n'est pas prescriptive de l'élection présidentielle. Tirer un enseignement aujourd'hui. Mais cela démontre un état de fait. Il ne peut y avoir de majorité sans l'alliance de la droite et du centre, cependant, il est difficile pour l'UDI de se projeter pour la présidentielle. Devront-ils avoir un candidat à part en 2017 pour la présidentielle ? Il est trop tôt pour le dire. 

Concernant le FN, il y a une progression logique et constante de ce parti qui se confirme depuis plusieurs élections. Est-ce que cela suffit pour faire élire Marine Le Pen présidente de la République ? Je ne le crois pas. Mais est-ce que cela conforte et illustre la progression du FN ? Oui clairement. Malgré tout, les deux élus FN ne vont rien pouvoir faire au Sénat donc ils ne généreront rien. Ils seront encore plus inefficaces que les deux élus de l'Assemblée nationale. Leur poids sera limité. Ils vont juste pouvoir se faire plaisir devant les caméras. Ils ont un poids médiatique. 

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