Pourquoi le temps passé au restaurant ou en terrasse est un excellent investissement professionnel<!-- --> | Atlantico.fr
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©LUDOVIC MARIN / AFP

Capital social

Les pauses et les moments partagés avec des collègues lors des repas hors du temps de travail ont de réels avantages sur le plan humain et même sur le plan professionnel. Ce capital social est-il indispensable au bien-être en entreprise ?

Audrey Richard

Audrey Richard

Audrey Richard est présidente de l'Association nationale des DRH (ANDRH) qui regroupe plus de 5000 membres.

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Atlantico.fr : En entreprise, quels apports peuvent avoir le fait de prendre le temps de déjeuner ou de s’asseoir en terrasse avec un ou des collègues, pendant mais aussi hors du temps de travail, sur le plan humain et sur le plan professionnel ? En quoi est-ce un "investissement" pertinent ?

Audrey Richard : Les temps de pause ont un caractère hybride, qu’ils soient sur ou hors du lieu de travail. On pourrait penser qu’il n’y a pas d’effet productif pour l’employeur c’est d’ailleurs la définition même du travail effectif qui y soustrait ces temps de déjeuner et de pause-café/cigarette.

Néanmoins, on ne peut pas oublier que l’homme est un être social, il est façonné par la société qui lui impose des valeurs et des normes. C’est la même chose pour le travail. Ces moments de détente sont des investissements pertinents car ils permettent une meilleure intégration du travailleur à l’organisation et à l’équipe.

C’est aussi l’occasion pour le salarié de pouvoir se conformer aux attentes du groupe, par des échanges moins classiques et plus décontractés permettant de se cerner les uns et les autres et de favoriser la qualité de vie au travail.

Dès lors, ces moments deviennent des facteurs de développement professionnel permettant à l’individu de se familiariser avec son environnement de travail. Cela lui permet également de prendre conscience de sa place dans l’organisation et d’adopter les bons comportements.

Il y a donc un intérêt particulier et efficient à la sociabilisation au travail, facteur de compétence et de savoir-être.

Les enjeux sont-ils les mêmes que pour la rituelle pause-café ou cigarette ?

La pause-café ou cigarette est un moyen de se soustraire au travail et de se recentrer. On peut voir cela comme un moment qui permet de s’évader et de s’aérer l’esprit.

Dans les métiers créatifs par exemple, il favorise le processus en prenant du temps pour son intellect et son corps. Quand on prend une pause avec un collègue, c’est aussi un moyen d’échanger sur son travail mais aussi sur ses frustrations puisque l’on s’éloigne légèrement du cadre du travail. Il y a indéniablement un renforcement des liens entre salariés mais c’est aussi la possibilité de dialoguer sans la contrainte hiérarchique.

Les pauses favorisent indéniablement l’esprit du collectif tout comme l’esprit d’entreprise.

Avec la pandémie et la massification du télétravail, de nombreuses occasions de partager un repas ou un café ont été perdues, est-ce un manque qui se ressent ? Cela peut-il mener à des baisses de performance ?  

Oui, il y a clairement un manque dans les équipes de pouvoir se retrouver et de partager des moments de convivialité. On voit qu’avec le télétravail, la sociabilisation est moindre. Les échanges sont plus directs et plus froids. Mais la fonction RH se mobilise pour éviter ces situations. En développant des outils collaboratifs et en favorisant des team-building en ligne et autre brainstorming à distance. Certains managers ont également été très inventifs pendant cette période et ont organisé des moments de pause digitaux où il n’était pas question de parler de travail. Ces moments ont été appréciés par les équipes.

La productivité en télétravail "forcé" sera à analyser antérieurement à la crise actuelle car les données ne sont pas suffisantes pour le moment. Néanmoins, on peut clairement affirmer que les salariés veulent se rencontrer et revenir sur les sites pour avoir du contact humain, de la solidarité, des repères également et une fluidité dans les échanges.

Le capital social est-il indispensable au bien-être en entreprise ?

D’une génération à une autre les attributs sociaux d’un travail, qui comprennent les relations amicales dans un cadre professionnel et la possibilité d’interagir avec de nombreuses personnes, sont différentes. En effet, le capital humain sera toujours une donnée centrale au développement des salariés dans l’entreprise. Les aspects sociaux du travail ne peuvent être généralisés sur un certain type de la population. Néanmoins, l’intérêt des jeunes professionnels pour les activités sociales pourrait davantage être lié à leur âge, qu’il soit célibataire et/ou sans enfants. Le rôle de la sociabilisation est différent pour chacun.

Pour comprendre le capital social il ne suffit pas de calculer des budgets ou de la productivité mais d’analyser les comportements des salariés, leurs engagements et leur bien-être.

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