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Pourquoi le referendum sur l’indépendance de la Catalogne pourrait bien être le chant du cygne des nationalistes
©Reuters

La revolución

Un chaos institutionnel guette l'Espagne alors que le gouvernement catalan a annoncé un référendum sur sécession de la Catalogne. Mais leurs chances de réussite sont amoindries, alors que l'indépendantisme perd de sa popularité dans la région...

Bernard  Bessière

Bernard Bessière

Bernard Bessière, professeur émérite d'Aix-Marseille Université, est spécialiste de l'histoire et de la culture de l'Espagne contemporaine. Il a publié récemment avec Bartolomé Bennassar : Espagne : histoire, société, culture, Paris, La Découverte, 2017,[3e édition mise à jour]

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Atlantico : S'asseyant sur la constitution espagnole, le gouvernement catalan annonce ce vendredi qu'un référendum en faveur d'une sécession de la Catalogne sera mis en place pour le 1er Octobre. Quels sont les enjeux d'une indépendance de cette région? Quelles sont leurs revendications et quelles sont leurs chances de succès ?

Bernard Bessière : Les sondages les plus récents décrivent une légère diminution du courant indépendentiste catalan tandis que le gouvernement local continue d'évoquer une dynamique ascendante. La question que le président Carles Puigdemont a décidé de poser aux seuls habitants de la Catalogne - et non à l'ensemble des citoyens espagnols comme le prévoit la Constitution et encore, au terme de procédures que le gouvernement catalan continue d'ignorer - est : "Voulez-vous que la Catalogne soit un Etat indépendant de type républicain ?“. Puigdemont et son vice-président Oriol Junqueras répondent ainsi favorablement aux pressions du front indépendentiste d'extrême gauche [Junta pel Sí et CUP] ainsi que des modérés de Catalunya en comú] à qui ils ont promis d'organiser cette consultation "sauvage" car illégale, puisqu'elle est une claire provocation face à l'Etat central.
Nul ne sait quelle serait l'issue de cette consultation - si tant est qu'elle se tiendra - mais l'objectif visé est purement et simplement la sécession définitive de la Catalogne. Les revendications traditionnelles portent sur la supposée inégalité fiscale qui placerait les Catalans en situation de dépendance par rapport au fisc espagnol, sur le partage des fonds de la Sécurité Sociale et sur la gestion du gas Castor. Ignorant délibérément l'invitation faite par le premier ministre Mariano Rajoy [PP, droite] de venir présenter ses revendications au Congrès des Députés de Madrid, Puigdemont poursuit résolument une ligne de victimisation, dénonçant le refus de dialoguer que leur opposerait Rajoy. Il s'agit bel et bien d'un dialogue de sourds. 

Dans le cas, même hypothétique, ou ce référendum était remporté par les indépendantistes, quelles pourraient en être les conséquences pour le pays?

 Un éventuel succès du référendum poserait aussitôt la question de l'appartenance du nouvel Etat - la supposée "République de Catalogne" - à l'Union Européenne puisque les traités européens ne prévoient pas ce type d'initiative. Les conséquences sont donc imprévisibles et ne manqueraient pas de plonger la Catalogne, et évidemment l'Espagne, dans un chaos institutionnel dont nul ne peut prévoir l'issue.

L'indépendantisme catalan est-il en train de perdre son souffle? Pour quelles raisons ? 

D'abord sous la présidence - à l'origine nationaliste modérée puis progressivement indépendentiste - du président Artur Mas et plus encore depuis l'élection de Carles Puigdemont et d'un parlement catalan à majorité [faible] favorable à l'indépendance, le projet d'un référendum est constamment encouragé par certains pressions de l'extrême gauche républicaine et par de nombreuses associations rupturistes. Afin de maintenir la pression sur les électeurs catalans, le gouvernement catalan a choisi de s'engouffrer délibérément et sans nuance dans le projet de référendum, quelle que soit la réalité du viol de la Constitution de 1978 [alors adoptée par les Catalans avec une majorité écrasante] et quelles que soient les gravissimes conséquences politiques, sociales, institutionnelles et économiques que le nouvelle  République de Catalogne" aurait immédiatement à affronter dans l'Europe des 27.

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