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Pourquoi il sera plus facile pour Arnaud Montebourg de faire l'ascension du mont Beuvray que de s'imposer comme candidat incontesté de la gauche du PS
©Reuters

Mariage de la carpe et du lapin

Alors qu'Arnaud Montebourg effectue sa rentrée politique avec un discours attendu au mont Beuvray, la tentation de se rallier à lui serait réelle chez certains frondeurs. Pourtant, l'ancien ministre de l'Economie et le groupe mené par Christian Paul sont encore loin d'un "accord" pour 2017.

Maud Guillaumin

Maud Guillaumin

Journaliste à Europe 1, BFM, ITélé, Maud Guillaumin suit pour le service politique de France-Soir la campagne présidentielle de 2007. Chroniqueuse politique sur France 5 dans l’émission Revu et Corrigé de Paul Amar, puis présentatrice du JT sur LCP, elle réalise également des documentaires : « Les Docs du Dimanche », « Les hommes de l’Élysée » sur les grands conseillers de la Ve République et « C’était la Génération Mitterrand » transposé de son livre Les Enfants de Mitterrand (Editions Denoël, janvier 2010). Elle écrit également dans la revue littéraire Schnock. Elle est l'auteur de "Le Vicomte" aux éditions du Moment (2015).

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Atlantico : Ce lundi, Arnaud Montebourg fait sa rentrée politique au mont Beuvray. Alors que certains frondeurs ambitionneraient de se rallier à lui, Arnaud Montebourg ressemble-t-il tant que ça à ces derniers ? Par son parcours, ses choix, son entourage, appartient-il vraiment à la même gauche qu'un Benoît Hamon par exemple ?

Maud Guillaumin : Il est vrai que Christian Paul sera de nouveau au mont Beuvray à côté d’Arnaud Montebourg. C'est tout de même un signe. Maintenant, Christian Paul a aussi sa propre carte à jouer. Il ne veut pas se plier complètement aux désideratas d’Arnaud Montebourg. Il l'a répété à plusieurs reprises ces deux dernières années, insistant souvent sur le fait que Montebourg n’était pas le seul à pouvoir prendre la tête des frondeurs, et que ces derniers étaient libres et n’avaient pas de dirigeant. C’est un point important.

En ce qui concerne la présidentielle, il faut quand même une tête de liste, un leader. Ici, le fait de le voir marcher aux côtés d’Arnaud Montebourg est quand même un signe très fort.

Benoît Hamon, selon moi, ne peut pas être classé parmi les frondeurs type. Il a son propre courant. Il a expliqué récemment qu'il était intéressé par les idées de Nicolas Hulot. On a l'impression qu'il veut encore tracer sa route. Depuis qu'il a été exclu du Gouvernement en même temps qu’Arnaud Montebourg, il ne s'est pas rallié à lui. On les a peu vus ensemble. Je pense qu’il est difficile d'associer Benoît Hamon à cette catégorie même de politiques.

Arnaud Montebourg a-t-il vraiment les capacités de prendre le leadership moral de la gauche du Parti socialiste, une place qui était jusque-là plutôt occupée par Martine Aubry ?

Il est toujours un candidat intéressant, avec un positionnement maintenant clair pour les Français. La gauche se rappellera bien qu'il a été le troisième homme de la primaire. Sa parenthèse de deux ans hors de la politique et sa diète médiatique font qu'il a certainement un rôle à jouer. A côté de cela, Martine Aubry a certainement perdu des points au moment des régionales. Beaucoup de gens à gauche lui ont en effet reproché de ne pas se présenter alors que la menace représentée par Marine Le Pen et le Front national en Nord-Pas-de-Calais était réelle. Alors qu'elle était justement une figure incontestée et incontestable de la gauche de la gauche, elle a préféré envoyer ses lieutenants au combat. Je pense qu’elle a un petit peu perdu des points. Je ne sais pas si elle a vraiment envie aujourd’hui d'aller au combat. Une présidentielle, c'est difficile. Nous ne sommes plus en 2012 : a-t-elle encore envie de se battre au premier rang ? Je ne sais pas...

Il y a du coup une place à prendre et un créneau à occuper pour Arnaud Montebourg. Il peut également jouer de sa position d'ex-ministre de l'Economie par rapport à Emmanuel Macron aujourd'hui. Il peut se targuer d’avoir eu le même poste que lui et de n’avoir pas fait la même chose (cf. le sauvetage de Florange). S'il se positionne complètement à l'opposé d’Emmanuel Macron, il pourra d’autant plus "sauver sa crédibilité" par rapport à son ancienne appartenance au gouvernement. En disant en substance : "vous ne pouvez pas me reprocher d’avoir été au gouvernement, moi j’ai vraiment essayé d’appliquer des idées de gauche ; je l’ai quitté justement parce qu’on m’imposait de faire aujourd’hui ce que fait Emmanuel Macron".

Alors que la primaire de la gauche a pris du plomb dans l'aile ces temps-ci, Arnaud Montebourg pourrait-il vraiment faire cavalier seul pour 2017 (soutiens, parrainages…) ?

C’est assurément un gros problème, le talon d'Achille d’Arnaud Montebourg selon moi. Il a toujours voulu être un peu en marge du Parti socialiste, donc il n'a pas les appuis, il n’a pas les fédérations. Il a construit sa crédibilité en montrant qu’il était libre. Mais au moment où on se lance dans la campagne, cela devient un très très gros défaut, et je pense que cela lui manquera. Alors certes, il a tout de même des soutiens, mais de là à pouvoir récolter de l'argent et diviser dans le camp de François Hollande, je pense que ce sera difficile…

La primaire, lui-même n’y croit plus beaucoup. J'ai encore entendu récemment que François Hollande répétait à des proches qu'il était tout à fait confiant et qu'il pourrait montrer d'ici quelques mois que toute la politique qu’il avait mise en place avait aujourd’hui porté ses fruits, et qu’il était donc évidemment tout à fait légitime pour pouvoir se présenter à un deuxième mandat. Il justifiera ainsi le fait que la primaire n’a absolument pas lieu d’être.

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