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Pourquoi Donald Trump favorise l’émergence de la Chine au détriment des anciennes puissances
©NICHOLAS KAMM / AFP

Prendre à Pierre...

Alors que le G7 se tient ce week-end au Canada, la guerre menée par Donald Trump pourrait avoir des effets surprenant. Comme le fait de constater que le président américain soigne plus ses relations avec ses ennemis chinois qu'avec ses amis occidentaux.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Le G7 qui se tient ce week-end au Canada va peut-être entériner un mouvement de bascule du commerce mondial, prélude à une remise en cause totale des relations entre les grandes puissances occidentales, qui avaient créé cette institution dès 1974 en réaction au premier choc pétrolier de l’époque. Car Donald Trump a décidé de déclencher une véritable guerre commerciale en instituant des taxes sur certains produits comme l’acier et en annonçant de lourdes sanctions pour les pays qui continueraient de commercer avec l’Iran.  Des menaces suffisamment énergiques pour que les entreprises françaises annoncent déjà leur intention de rompre leurs échanges avec Téhéran.   

La brutalité avec laquelle Donald Trump met en route son programme en faveur du retour de l’Amérique à un protectionnisme pur et dur engendre un véritable désarroi dans le monde des affaires. En quelques semaines, le climat optimiste sur la croissance mondiale s’est évaporé. Dès maintenant, l’impression se répand que l’on a franchi un cap, que l’expansion était au zénith et que le ralentissement est en marche.  Les craintes concernent surtout l’Europe, comme si Donald Trump avait décidé de miser désormais sur l’Asie et d’abandonner l’Europe à son sort. Un vieux continent qui ne peut pourtant se passer de l’Amérique qui assure sa défense avec ses porte-avions et la force indispensable du dollar et qui risque d’être broyée à la fois par son manque de cohésion et surtout l’émergence de nouvelles puissances qui ne lui feront pas de cadeau.

Tout se passe aujourd’hui comme si Donald Trump poussait la Chine en avant, faisant ainsi volte-face avec son comportement d’il y a un an.   Car les mesures prises à l’encontre de l’Iran par exemple vont donner le marché de ce pays à Pékin. Les voitures chinoises vont remplacer les célèbres Peugeot. Et ceci au moment où la Chine démontre les exploits de sa technologie. La France vient ainsi d’enregistrer l’humiliation de voir que le premier EPR, conçu au départ par EDF est désormais chinois, alors que l’entreprise publique continue d’enregistrer des retards dans son programme de fabrication.   

A la réunion du G7, les Européens entendent afficher leur unité face aux Etats-Unis. Ils ont déjà annoncé des représailles commerciales, qui paraissent pourtant dérisoires, d’autant que la solidarité parait plutôt artificielle, notamment de la part du nouveau gouvernement italien, même si la chancelière allemande a donné des gages à ses partenaires, d’autant que les mouvements populistes continuent de marquer des progrès sur le vieux continent.

Rien ne serait pourtant plus préjudiciable que la tentation du repli à l’intérieur des frontières comme le prêche Donald Trump pour les Etats-Unis. Car la contraction des échanges conduirait rapidement à une réduction de l’activité et pourrait précipiter le monde dans une nouvelle dépression. L’Amérique serait la première victime avec les Européens, alors qu’elle enregistre déjà un déficit commercial de six cents milliards de dollars par an. Son déclin serait une conséquence logique, alors que les nouvelles puissances asiatiques, comme la Chine et l’Inde seraient en passe de prendre la maîtrise du monde. Ces perspectives inquiètent même certains milieux américains notamment au parti républicain, qui souhaiteraient un changement de politique. Certes, tout est encore possible tant Donald Trump et imprévisible et sa conduite présente est dictée par l’approche des élections de mi-mandat outre Atlantique. Son orgueil le pousse à braver tout le monde. Il n’aime tant que la résistance qu’on lui oppose parce qu’il espère toujours en triompher.  Et pour montrer le peu de cas dans lequel il tient le G7, il a d’abord fait mine de le bouder avant d’assurer qu’il le quitterait avant la fin. Un comportement toujours aussi erratique qui aura des conséquences néfastes, auxquelles l’Amérique elle-même ne pourra échapper.

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