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Pourquoi Bruno Le Maire boycottera le Conseil National des Républicains alors qu'Alain Juppé a annoncé, contre toute attente, qu’il y participerait
©Reuters

Participation stratégique

Le CN du 3 juillet sera, pour chaque candidat, l'occasion de faire passer des messages. Le député de l'Eure a décidé d'afficher sa distance par rapport à Nicolas Sarkozy alors qu'Alain Juppé espère peut-être… se faire siffler.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Ne cherchez pas Bruno Le Maire, samedi, dans les allées du Conseil National des Républicains, la chaise à son nom restera désespérément vide. Il sera à des centaines de kilomètres de là. Au soleil. Sur les bords de la Méditerranée. Aux côtés de Christine Lagarde, d'Emmanuel Macron et de Pierre Moscovici ? Bruno Le Maire, est comme eux, invité aux rencontres économiques d'Aix en Provence. "On ne va quand-même pas aller valider un projet qui est celui de Nicolas Sarkozy. Nous n'avons assisté à aucune des commissions de travail, ça n'est pas pour aller consacrer le bilan".

Il faut dire qu'en ce moment, entre l'ancien chef de l'Etat et son ministre de l'agriculture, le temps n'est pas au beau fixe. Le 17 mai, Nicolas Sarkozy s'en est ouvertement pris aux propositions de Bruno Le Maire sur le référendum sur l'Europe, expliquant : "Le référendum est un instrument particulièrement utile pour s’assurer de l’accord du peuple souverain. Mais la question doit être binaire, afin que l’on puisse y répondre par oui ou par non. Je ne crois pas que le référendum soit la meilleure façon de répondre à des questions si complexes portant sur la refondation de l’Europe, qui sont de la compétence de la représentation parlementaire."

Scud retour de Bruno Le Maire qui, quelques jours plus tard, s'en est pris à l'investiture de Patrick Balkany, l'ami de Nicolas Sarkozy, dénonçant "toujours la même vieille politique" par opposition au "renouveau" qu'il entend incarner. La hache de guerre, longtemps enterrée, est donc de sortie. Et après avoir été accusé d'être proche de l'ancien chef de l'Etat qui aurait favorisé ses candidats lors des investitures pour les législatives, voilà que le député de l'Eure prend à nouveau ses distances et le montre. Un proche précise : "Mais nous n'avons rien contre le parti, contre les militants, nous nous opposons seulement à un fonctionnement", qui est de vouloir faire voter un programme qui engagerait tous les candidats. "Nos différences seront tranchées lors de la primaire pas lors d'un Conseil National qui sera sans doute bien désert en ce début d'été", explique un conseiller du député qui précise, opportunément, que Bruno Le Maire présentera son propre projet à Sète les 17 et 18 septembre.

Mais tous les candidats n'ont pas choisi cette voie. Alain Juppé, lui, a opté pour une stratégie différente. Il sera présent. Pas question d'abandonner le parti à Nicolas Sarkozy. Si jamais le maire de Bordeaux était élu candidat de la droite et du centre à la présidentielle, il ne veut pas qu'on puisse l'accuser d'avoir abandonné la famille. Il ne veut pas prendre le risque de se couper d'une base militante, certes très sarkozyste, mais dont il aura besoin pour faire campagne. Il sera donc là. Bien présent. Et imagine même prononcer un discours. Ce qui entretient les sarcasmes de certains de ses concurrents : "si en plus, il pouvait être sifflé, ce serait la cerise sur le gâteau pour lui", souffle-t-on dans un staff concurrent.

Mais pour, lui aussi, bien marquer sa différence, le maire de Bordeaux organisera, le même jour, un séminaire de travail. "Ce sera l'occasion d'échanger sur notre petite affaire, de parler de la rentrée, de l'automne et même de l'hiver", écrivait, fin mai, Gilles Boyer, le directeur de campagne du maire de Bordeaux, à ses sympathisants et il ajoutait malicieusement, selon le journal Le Point: "Les horaires seront affinés ultérieurement, notamment en fonction de ceux du Conseil National des Républicains qui a lieu le même jour (je sais que cette coïncidence de dates constitue pour vous tous un crève-cœur, soyez forts)." Deux stratégies différentes donc, mais qui ont le même objectif, se différencier de Nicolas Sarkozy sans se couper de la base militante. Un subtil équilibre.

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