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Comment Arnaud Montebourg espère se frayer un chemin vers l’Élysée en gravissant une fois de plus le Mont Beuvray
©capture écran BFMTV

Ascension

Le 16 mai prochain, Arnaud Montebourg, comme l'an dernier, donnera rendez-vous à ses soutiens pour l’ascension du Mont-Beuvray. Une échéance que ses proches qualifient d'importante sur le chemin de 2017. L'ancien ministre ne cache plus qu'il prépare sa candidature à la présidentielle.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Ses chaussures de randonnées sont fin prêtes. Cirées, ressemelées. Rutilantes et impatientes. Elles attendent leur heure de gloire, sagement rangées au fond d'un placard. Dans un peu plus d'un mois, Arnaud Montebourg les enfilera à nouveau. Direction la Nièvre, à quelques encablure de Château-Chinon, où il a prévu d'arpenter les chemins caillouteux qui mènent au sommet de Mont Beuvray. 821 mètres au dessus du niveau de la mer. Un lieu si cher au cœur de François Mitterrand que l'ancien président avait songé à y installer sa concession.

Comme l'an dernier, l'ex ministre a choisi le jour de Pentecôte pour donner rendez-vous à ses soutiens . Il sera accompagné d'Aurélie Filippetti, de Christian Paul et, à n'en pas douter, d'une horde de journalistes. Il y a un an, l'ancien ministre avait refusé de parler politique, cette fois, ses proches qui présentent cette marche comme un moment fort sur la route de 2017, affirment qu'il prendra la parole. Une courte intervention, de trois minutes, est prévue mais « Arnaud sait improviser si cela devenait nécessaire », sourit l'un d'eux.

Le même, quelques semaines plus tôt, expliquait : « Des cartes postales, il y en aura, de plus en plus ». Finissant son café, ce fidèle parmi les fidèles s'était composé un sourire gourmand avant de s'échapper jurant qu'il n'en dirait pas plus. La dernière missive en date avait pris la forme d'une tribune cosignée avec Mathieu Pigasse, au titre très montebourgeois : « Hébétés nous marchons vers le désastre... ». Autant de messages envoyés par le tout nouveau dirigeant d'entreprise à son ancien monde afin qu'il ne l'oublie pas et qu'il l'attende.

Car Arnaud Montebourg n'est pas encore prêt à faire son come-back. « Ça arrangerait bien François Hollande et Jean-Christophe Cambadélis qu'il revienne, ils pourraient le taper. Franchement, ça n'est pas la peine qu'il s'expose inutilement », explique un ancien conseiller qui ajoute « La candidature Montebourg, on en parlera en septembre ou octobre, quand les gens seront dans l'élection ».

En attendant, le tout nouveau chef d'entreprise veut réussir dans son nouveau job. « Il a fait le choix de se lancer dans une expérience professionnelle courageuse, il s'est dit, j'ai été ministre de l’Économie je veux connaître l'autre face, il ne peut prétendre aujourd'hui revenir en politique s’il n'a pas fait ses preuves ». L'ancien ministre travaille donc. Outre sa mission chez Habitat, il est entré au capital de New Wind, une start-up conceptrice d'éoliennes domestiques qui ont été présentées lors de la COP 21.

« Il voulait sortir de l'entre-soi, s’intéresser aux gens, aux sociétés qui bougent sans les politiques. Il comprend qu'aujourd'hui les gens font sans nous, que nous ne pouvons plus faire de la politique comme avant », explique un député proche de l'ancien ministre.

Grâce à ce nouveau job, Arnaud Montebourg étoffe aussi son réseau qu'il sait léger. Il rencontre de nombreux chefs d'entreprise, travaille avec certains d'entre-eux comme Jean-Louis Beffa qui est aujourd'hui président d'honneur et administrateur de Saint-Gobain. « Il a une très forte audience chez les patrons car ils ont beaucoup aimé le ministre. Les patrons de PME savent qu'il les a défendus », explique l'un de ses conseillers.

Mais Arnaud Montebourg ne s'en tient pas là, il voit beaucoup d'intellectuels, de chercheurs, de fonctionnaires. Beaucoup de gens de gauche qui ne se reconnaissent pas dans les politiques menées par l'éxécutif. Rien de vraiment structuré pour l'instant.

A travers ces nouveaux choix professionnels on sent se dessiner un chemin, presque un projet, dont le made in France reste l'une des clés de voûte mais qui met l'accent sur les nouvelles technologies et, c'est nouveau pour Arnaud Montebourg, sur l'écologie. « Trois de ses projets sont écolos, c'est un choix de conviction mais il pense que l'écologie ne doit pas être punitive ». La question des institutions sera aussi majeur, l'un de ses proches réfléchit à la questions du non cumul et explique : « ça n'est possible que si on redonne du pouvoir aux députés en terme de contrôle des politiques publiques ».

Le projet d'Arnaud Montebourg, son entourage le définit en ces termes : « gaulliste de gauche, volontariste en matière industrielle, social, protectionniste et Républicain ». « Il ne veut pas être cornérisé à la gauche de la gauche, il veut dépasser les clivages mais il sera, sur certains aspects, bien plus à gauche que beaucoup », explique un proche. « Mais son électorat ce sera la France », complète un autre soutien.

Reste un écueil, et non des moindres, qui se nomme François Hollande. Le clan Montebourg semble avoir d'ores et déjà réglé la question : « Hollande n'ira pas. Il sera empêché politiquement. Il y a l’impeachment aux États-Unis et bien il y aura un impeachment politique. François Hollande écarté, il n'y aura plus que deux candidats possibles : Valls et Arnaud . Ce sont les seuls à représenter quelque chose dans l'opinion publique, à représenter une ligne .Macron ne sera pas autorisé à se présenter », déroule l'une des chevilles ouvrières du projet du futur candidat. Et si Hollande s'obstinait ? Arnaud Montebourg pourrait alors se présenter en candidat libre.

Le projet semble pourtant hasardeux, l'ancien ministre n'a pas de parti derrière lui, aucun militant et bien peu d'élus. « Tout le monde veut le voir parce que tout le monde cherche un espoir, reconnaît l'un de ses proches, mais les élus savent aussi qu'ils doivent leurs investitures au PS donc ils hésitent à soutenir Arnaud. Seule une minorité peut se présenter sans l'aval de la rue de Solférino. Les autres, s'ils ont un candidat PS en face d'eux, sont morts ».

Les militants, l'argent... L'équipe d'Arnaud Montebourg estime, en revanche, pouvoir s'en passer. «En 2011, on a fait 17% , on était seuls avec Arnaud. Une campagne, c'est 10 mecs à Paris et des volontaires sur le terrain. Ségo a fait 55 meetings et elle s'est planté. La campagne se sera portable et internet », explique-t-on. En ce qui concerne les militants, Arnaud Montebourg entend s’appuyer sur Des Idées et des Rêves, le micro parti de l'ancien locataire de Bercy. « Il y a des centaines de gens de la société civile qui attendent, le doigt sur la détente », sourit un député ami. Le terme n'est pas anodin. Une candidature Montebourg pourrait en effet s'avérer assassine pour beaucoup à gauche et en premier lieu, bien sur, pour François Hollande qui se verrait concurrencer auprès d'un électorat qu'il a beaucoup déçu.

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