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Pourquoi Arnaud Montebourg est aujourd’hui courtisé par les proches de François Hollande au grand dam de Manuel Valls
©Reuters

Entre les deux, son coeur balance

Les "hollandais" font des yeux doux à l'ancien locataire de Bercy afin de négocier son ralliement, ce qui agace Matignon qui craint de perdre son influence.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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On le disait désespérément seul. Banni de la hollandie et de toutes les autres familles du PS. A peine pris au sérieux par quelques frondeurs en mal de leader. Arnaud Montebourg allait se noyer dans son propre désert. Patiemment asséché par toutes ces années perdues à refuser d'entretenir des réseaux. A ne travailler qu'à sa propre gloire. Son isolement devait le priver de tout avenir en politique, lui barrant même la route d'une candidature aux primaires de la gauche. 

Mais fin août, un sondage a tout changé. Un sondage, commandé par le PS, destiné à rester confidentiel. Et pour cause, il donne à François Hollande, au premier tour de la primaire, une bien maigre avance sur son ancien ministre mais surtout, il pronostique la victoire de ce dernier au second tour avec 53% des voix contre 47% pour l'actuel président.

Depuis, Arnaud Montebourg observe les regards des uns et des autres changer de nature. Virer à la haine ou au contraire lui faire le coup des yeux doux. Dès sa déclaration de candidature à Frangy, la hollandie s'est adoucie avec l'ancien locataire de Bercy. L'un de ses anciens secrétaires d’État, proche du Chef de l’État, raconte depuis des semaines aux journalistes qu'il croise la force de travail dont est capable l'ancien ministre. "Je le voyais passer tous les soirs avec un chariot entier de parapheurs qu'il amenait chez lui", raconte cet ancien collègue. Et d'ajouter : "les textes de loi de Macron les mieux ficelés, c'est Montebourg qui les avait rédigés avant son départ".

En privé, les proches du Président ne manquent pas une occasion de témoigner leur estime au chantre du Made in France qui se prend à espérer. "Si François Hollande est toujours au même niveau dans les sondages en novembre, il va y avoir une hémorragie au niveau de ses troupes qui peut le dissuader de se présenter", explique un proche. Et même si une hirondelle ne fait pas le printemps, les mêmes observent avec intérêt les premiers ralliements comme celui de la députée Catherine Lemorton, membre de l'équipe de campagne de François Hollande en 2012, qui a expliqué mardi soir : "Je vais m'oxygéner la tête en revenant vers Arnaud Montebourg" et de dénoncer "l'autosatisfaction permanente de nos dirigeants".

De leur coté, si les proches de François Hollande ont remisé les armes, ça n'est pas parce qu'ils ont acquis la conviction qu'Arnaud Montebourg allait être le prochain vainqueur de la primaire mais parce qu'ils souhaitent mettre en place les conditions de son ralliement. L'entourage présidentiel considère, d'ores et déjà, que l'ancien ministre pèsera lourd à l'issue de la consultation et que François Hollande aura besoin de ses électeurs pour l'emporter au premier tour de la présidentielle. Ils tentent donc de renouer les liens.

Des tentatives de rapprochements qui ne font pas que des heureux. Les vallsistes, par exemple, voient d'un très mauvais œil le rapprochement qu'ils sentent poindre. Dès la déclaration de candidature à Frangy, Jean-Marie Le Guen, proche du Premier ministre, est monté au créneau : "Arnaud Montebourg a, sans aucun doute, des choses à dire mais je constate qu'il prend toujours le chemin de la radicalisation, de l'outrance alors que ce qu'il pourrait apporter aurait plus de force s'il était capable de se mettre au service d'un combat collectif". L'attaque est violente et elle n'est pas solitaire. Les soutiens du Premier ministre lèvent tous les yeux au ciel lorsqu'on leur parle d'Arnaud Montebourg. Alors qu'un sondage du 3 septembre, officiel celui-ci, acorde à l'ancien ministre 30% des suffrages, ils balaient le chiffre de la main et d'un soupir, "pffff c'est bidon, il fait à peine 5%".

C'est une véritable lutte d'influence que viennent d'entamer les deux hommes. Manuel Valls ne cesse de rappeler qu'il entend inspirer le programme du futur candidat Hollande et qu'il y travaille avec toute une équipe. Il espère que le chef de l’État fera campagne sur ses thèmes. Or si François Hollande veut le soutient de son concurrent à la primaire, il devra lui concéder quelques éléments programmatiques, faire une sorte de synthèse de leurs positions pourtant éloignées et offrir aux troupes montebourgeoises des places de choix dans le dispositif de la campagne présidentielle. Ce qui serait une vraie défaite pour Manuel Valls et la ligne politique qu'il entend défendre.

En attendant, fort de ces sondages et de ces cajoleries, Arnaud Montebourg souhaite que la mise en place des primaires s’accélère. Il est actuellement en train de rédiger une lettre à l’attention de Jean-Christophe Cambadélis et de la Haute Autorité afin de s’inquièter qu'aucune modalité ne soit encore connue à quelques jours du Conseil National qui doit les valider. Un bras de fer qui en rappelle un autre.

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