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Pour une droite européenne décomplexée
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Tribune

Une tribune de Philippe Juvin, député européen et maire UMP de La Garenne-Colombes, et Aurore Bergé, conseillère politique de l'UMP.

Il y a la facilité des démagogues et des populistes. Celle qui consiste à rejeter la faute de tout ce qui ne va pas sur « Bruxelles » et la Commission européenne, oubliant que celle-ci ne prend aucune décision sans un mandat clair des États membres, dont la France. Celle qui oublie que les déficits abyssaux dont nous souffrons aujourd'hui n'ont pas été imposés par « l'Europe », mais librement décidés par chacun des pays membres de l'Union. Celle qui voit un avenir dans la sortie de tout : sortie de l'Europe, de l'euro, de la Banque Centrale. Sans dire avec quel franc, dévalué chaque mois, on paiera nos dépenses. Qui peut sérieusement croire qu'avec sa seule population, son chômage, sa crise, sa dette et ses tabous, la France pourrait résister seule face aux puissances actuelles et émergentes ?

Mais la nouveauté est la suivante : les partis extrémistes ne sont plus les seuls à agiter des solutions démagogiques. Cette petite musique gagne désormais le PS et les plus bruyants de ses ministres. On comprend pourquoi : elle permet au gouvernement de faire oublier la crise dont il est responsable en France, son absence de décision et l'isolement dramatique où il nous a plongés depuis un an en Europe.

La tentation populiste peut aussi tenter certains à droite. Sans qu'ils comprennent que dans la démagogie, les électeurs préféreront toujours les originaux (Mélenchon et Le Pen) aux éventuelles copies. Face à la montée de l'euroscepticisme, la droite française doit au contraire tenir un nouveau discours, européen et décomplexé.

Nous voulons une France puissante en Europe. Pour y parvenir, nous devons à la fois être vertueux chez nous, et développer des stratégies d'influence française dans l'Union.

En politique intérieure, le gouvernement doit faire d'urgence les réformes qu'il ne fait que différer. Il doit baisser la dépense publique, lutter contre les gaspillages et la fraude. Il doit être intraitable en matière de lutte contre l’insécurité. Il doit assurer la maîtrise de nos flux migratoires. Il doit favoriser ceux qui entreprennent et non les décourager. Il doit rassembler les Français et non les diviser.

Au sein de l'Union européenne, la France doit regagner l'influence qu'elle a perdue depuis un an. Au Conseil, la France doit retrouver des alliés, être plus présente dans les négociations, affirmer des lignes claires, sortir de l'ambiguïté et de l'amateurisme permanents. Au Parlement européen, les partis doivent envoyer des députés qui prennent en main de grands dossiers, qui s'engagent à rester au Parlement et à ne pas s'enfuir à la première élection nationale venue. A la Commission, les Français de droite et de gauche doivent saisir l'occasion d'occuper les postes les plus importants dès que l'occasion se présente.

Avec la présidence de Nicolas Sarkozy, nous avions eu la preuve de la force de la volonté politique au service d'une ambition européenne, qui a permis le sauvetage de l’euro et de nos économies. Nous avions vu quel rôle pouvait jouer l’Union pour la paix, avec la fin de la crise entre la Russie et la Géorgie. Aujourd'hui, la France doit reprendre la main en Europe. Y reconstruire son influence doit être sa priorité. Car l'Union européenne peut être le nouveau véhicule de la puissance française.

Les valeurs portées par l'Europe nouvelle doivent être celles d'une droite pragmatique et décomplexée. Nous devons définir les frontières de l'Europe, économiques et géographiques, et les défendre. Nous devons imposer un protectionnisme européen pour éviter la concurrence déloyale de l'Asie et des États-Unis. Nous devons avoir une politique commune de régulation de l'immigration. L’Europe doit clairement et définitivement dire non à la Turquie. L’Europe doit protéger ses secrets industriels et ses créations intellectuelles. L’Europe doit relocaliser ses emplois industriels. L'Europe doit se doter d'un véritable gouvernement économique et harmoniser ses règles fiscales. L'Europe doit être bienveillante pour les chercheurs, ceux qui innovent et ceux qui créent des emplois. L'Europe doit avoir une politique commune de l'énergie. L'Europe doit défendre son autonomie alimentaire. L'Europe doit recentrer ses missions sur l'essentiel et abandonner sa frénésie régulatrice dans les domaines non stratégiques. L'Europe doit se fixer l'objectif de conquérir les énormes marchés de la Chine et de l'Inde, et inonder ces pays de ses marchandises, biens alimentaires et créations intellectuelles. L'Europe doit devenir une nouvelle puissance crainte, respectée et admirée.

La France n'y arrivera pas seule.

Nous avons besoin de nos voisins pour reconquérir notre propre puissance. La France, qui a longtemps éclairé le monde, doit redevenir une grande puissance en pesant à nouveau dans une Europe nouvelle, décomplexée, qui se défende et s'affirme.

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