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Eric Zemmour : un essayiste qui surfe sur la vulgarisation du débat d’idées, mais parvient à susciter l’espérance
©Reuters

Bonnes feuilles

Dans son dernier livre "Je suis un contrariant" (éditions Michalon), l'universitaire Marc Crapez dénonce la malhonnêteté intellectuelle de la gauche et fait le constat de la difficulté voire l'impossibilité d'être à la fois de gauche et dissident. Extrait de "Je suis un contrariant" de Marc Crapez, éditions Michalon 1/2

Marc Crapez

Marc Crapez

Marc Crapez est politologue et chroniqueur (voir son site).

Il est politologue associé à Sophiapol  (Paris - X). Il est l'auteur de La gauche réactionnaire (Berg International  Editeurs), Défense du bon sens (Editions du Rocher) et Un  besoin de certitudes (Michalon).

 

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Éric Zemmour, dit « zézé » au Figaro, est un auteur que j’avais repéré, et cité dans mon « Précis d’une droite dominée », avant qu’il ne perce médiatiquement. Un ami me faisait remarquer qu’il est de ces essayistes qui surfent sur la vulgarisation du débat d’idées, à la faveur d’une vision schématique invoquant des catégories de pensée express (« La mondialisation fait que... », « Le système s’arrange pour... »). J’ajouterais que le succès de ces essayistes provient de ce qu’ils parviennent à susciter l’espérance. Voilà quinze ans que Zemmour prédit, de façon imminente, une recomposition de la droite s’émancipant enfin du centrisme.

Dupé, trahi, cocu, le pékin de droite ne lui en veut pourtant pas, car c’est ce à quoi il veut croire. Comme à toute une série de fariboles : Le Pen monte, Hollande chute à tel point qu’on se demande s’il pourra aller au bout de son mandat, dans un pays qui serait au bord de la sédition, flanqué d’un parti socialiste qui serait à deux doigts de la disparition. Cela étant, Zemmour n’est pas un gredin. Certes, il endosse un costume pour jouer un premier rôle. Mais ce n’est pas un cynique. Il est sincère. Et il honore la pensée française.

Hayek était révolté de voir « combien la vie traite injustement les diverses personnes, comment les méritants souffrent et les déméritants prospèrent ». Ainsi le politologue Dominique Reynié obtint en grande pompe le prix de l’Assemblée nationale, pour son livre contre le populisme. Mais pas Taguieff, dont le travail est pourtant un cran nettement au-dessus. Philippe Séguin avait vainement tenté d’oeuvrer pour le faire couronner d’un prix. Quelle misère ! 

Pour ma part, le succès viendra peut-être post-mortem. Il faudrait que je meure précocement, ça me poserait. Mais pas en vélo, de préférence. Après tout, parmi les pas trop âgés, je suis le seul politologue de droite. Il y a bien Bruno Cautrès ou Stephen Launay, mais ce ne sont pas des intellectuels touche-à-tout, en mesure de pérorer sur l’actu économique comme sur la sociologie classique. Juché sur les épaules de Raymond Aron, je suis le seul à canarder la gauche intellectuelle avec des munitions de calibre scientifique. Comme le soulignait Aron, qui s’était fait beaucoup d’ennemis avec son livre La Révolution introuvable : « Quelqu’un devait se sacrifier » (pour faire progresser un aspect de la vérité).

Extrait de "Je suis un contrariant" de Marc Crapez, publié aux éditions Michalon, 2016. Pour acheter ce livre, cliquezici.

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