Pour les écologistes, les banques françaises sont coupables de réchauffement climatique <!-- --> | Atlantico.fr
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Les banques françaises sont pointées du doigt par certaines ONG mobilisées pour la défense et la protection de l'environnement.
Les banques françaises sont pointées du doigt par certaines ONG mobilisées pour la défense et la protection de l'environnement.
©PATRICK KOVARIK / AFP

Atlantico Business

Les banques françaises dans le collimateur des écologistes… Les écologistes prennent l’habitude de participer aux assemblées générales d’actionnaires pour dénoncer le poids des activités financières dans le réchauffement climatique.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les actionnaires de la BNP réunis hier au carrousel du Louvre à l’occasion de l’assemblée générale annuelle ont bien été obligés de les entendre. La présence de quelques représentants d’ONG ou de courants écologiques particulièrement actifs  étaient sans doute très symbolique mais il s’agissait pour eux de dénoncer la première banque française  pour son action dans le réchauffement climatique : Pour eux c’est clair « la politique de  BNP Paribas n’est pas alignée avec les accords de Paris ». Les dirigeants de la banque ont bien annoncé la semaine dernière qu’ils allaient mettre fin aux financements de nouveaux projets de champs pétroliers et gaziers, les écologistes considèrent que l’intention est très insuffisante pour que la banque puisse se décerner un brevet de vertu bas-carbone. 

En fait, les financements d’opération de prospection ne sont qu’une partie des activités de BNP Paribas avec des entreprises pétrolières et gazières... Il y a encore les émissions d’actions, et d’obligations, les prêts bilatéraux, c’est du moins ce qu’affirment les ONG françaisescomme les Amis de la Terre ou Oxfam, qui demandent donc à ce que BNP ait un engagement actionnarial fort quand elle investit des actifs sous gestion dans ces entreprises.

BNP Paribas n’a pas fait d’annonce officielle dans ces domaines...mais la banque explique que les faits sont là... Sa participation aux émissions obligataires des grandes entreprises des énergies fossiles se fait de plus en plus rare...Et la banque respecte ses objectifs en matière de financements de projets bas carbone …

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La BNP Paribas n’est pas la seule banque à se retrouver ainsi dans le collimateur des militants écologistes. L’ensemble de l’industrie financière est concerné en France comme partout dans le monde et comme dans beaucoup de secteurs, mais chez nous la grogne et la rogne s’expriment plus fortement qu’ailleurs.

Dans une étude réalisée en 2020, juste avant le Covid, l’organisation Oxfam-France estimait que l'empreinte carbone des six premières banques françaises – BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE, La Banque Postale et Crédit Mutuel – représentait près de 8 fois les émissions de gaz à effet de serre de la France entière.

Les conclusions de cette étude ont été sévèrement critiquées mais elles suscitent néanmoinsun débat. On peut certes considérer que l’industrie financières participe aux émissions de gaz à effet de serre parce que cette industrie consomme beaucoup d’énergie électrique de par le fonctionnement essentiellement digital des marchés. En simplifiant, la banque n'est qu’ un immense programme informatique et l’informatique mange de l'électricité. Sauf que tout dépend de l’origine de l’électricité consommée.

Sous cet angle,l’informatique française alimentée par de l’électricité nucléaire est moins coupable de pollution que le digital allemands nourris au gaz et au charbon ou même moins coupable que la ville de Hong Kong ou de Singapour qui tirent une grande partie de l’électricité des énergies fossiles.

Le débat est moins dans les process de fonctionnement du système financier que dans l'incidencedes activités bancaires sur le reste de l’économie.

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En fait selon Oxfam , « Les émissions des banques correspondent aux principales activités économiques qu’elles mènent, en prêtant ou en investissant dans une entreprise. Elles peuvent financer des entreprises, c’est-à-dire injecter de l’argent frais à l’aide d’outils tels que les financements de projets ou les prêts aux entreprises, mais aussi soutenir des activités économiques par le biais d’investissements sur les marchés financiers. Ces financements et investissements sont autant de manières par lesquelles une banque contribue à générer des émissions de gaz à effet de serre. »

Et dans cette logique-là, la première des banques française par son activité va se révéler aussi la plus polluante.

Pour les quatre plus grandes banques françaises – BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE – les crédits aux entreprises actives dans le secteur le plus émetteur de CO2 du pétrole et du gaz représentent plus de 40 % des émissions de leur portefeuille de crédits aux entreprises. « Les banques françaises sont les premières financeuses européennes des énergies fossiles, selon le rapport« Banking on climat chaos » d’Oxfam France.

Mais l’ONGen guerre contre cette forme de pollution en arrive à culpabiliser le client de la banque . En ouvrant un compte courant ou d’épargne, les militants d’Oxfamexplique que le client donne àla banque les moyens de financer les activités particulièrement polluantes.

Ce qui est extraordinaire dans cette analyse, c’est de faire abstraction des effets positifs sur le modèle économique existant en termes de valeur ajoutée, d’emplois et de revenus distribués.

Que la banque soit convoquée pour discuter des modalités d’une économie plus propre, parait normale et légitime. Qu’elle soit convoquée au banc des accusés les plus coupables il y a un gouffre que l’opinion ne franchira pas.

Ce qui est intéressant c’est que dans la banque, comme dans beaucoup d’autres industries , le jeu des comparaisons et des mesures d’empreinte carbone peut inciter les établissements financiers à faire des efforts… on sait par exemple que parmi lesbanques classiques les moins polluantes, on retrouve  La Banque Postale, le Crédit Mutuel-CIC et le groupe BPCE (Banque Populaire et Caisse d'Épargne).Le client et notamment les jeunes sont sensibles à ce type d’évolution, les salariés aussi.

A tel point d’ailleurs que le nombre de banques qui s’installent sur le marché en se déclarant absolument non polluantes ne finit pas d’augmenter. Il existe des banques éthiques ou vertes avec des labels qui retiennent l’attention. L’ONG Reclaim Finance a d’ailleurs  ouvert unsite  afin d'informer les clients du niveau de financement des énergies fossiles desétablissements bancaires, qu'elle juge compatible avec les objectifs climatiques internationaux … alors on retrouve la banque postale ou le crédit coopératif mais ce site signale aussi que la plupart des banques en ligne et néo banque : Hélios , green-Got , ou Ma french Bank … sont très bien notésmais punissentBoursorama champion des banques en ligne ou Hello Bank qui paient leur attachement à de gros groupe comme société générale et BNP.

Les Français sont réputés très fidèles à leur banque dit-on, pour cause d’habitude familiale, ou de crédit immobilier. Les écologistes voudraient que les consommateurs se mettent à changer de banque pour des raisons de changement climatique.

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