Porter un soutien-gorge n'est pas forcément utile ni bon pour la santé<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Porter un soutien-gorge n'est pas forcément utile ni bon pour la santé
©gizmodo.fr

Toutes topless !

Inutile pour les petites poitrines et pouvant provoquer des mycoses ou encore un relâchement musculaire, le port du soutien-gorge n'est en aucun cas indispensable et peut même s'avérer néfaste. L'été peut être l'occasion pour les femmes de revoir certaines de leurs habitudes.

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet

Stéphane Gayet est médecin des hôpitaux au CHU (Hôpitaux universitaires) de Strasbourg, chargé d'enseignement à l'Université de Strasbourg et conférencier.

 

Voir la bio »

Atlantico : L'été, un certain nombre de femmes préfèrent ne pas porter de haut de maillot de bain sur la plage, et d'autres choisissent même de ne plus porter de soutien-gorge en ville. Dans quelle mesure le port du soutien-gorge est-il réellement nécessaire ? Ne pourrait-on pas tout simplement s'en passer ?

Stéphane Gayet : Le port du soutien-gorge est une habitude de société, c’est une pratique vestimentaire sociétale pratiquement conventionnelle. S’il est motivé par plusieurs arguments, ces derniers ne sont le plus souvent pas d’ordre physiologique, au contraire.

Les seins sont constitués des glandes mammaires (lobules, canaux, aréoles, mamelons, tissu graisseux et tissu conjonctif d’enveloppe),du tégument ou peau et de leur appareil de soutien. Les muscles pectoraux étant situés en arrière des seins, ils ne participent pas beaucoup à leur soutien. Les seins sont donc essentiellement soutenus par leur enveloppe cutanée riche en muscles peauciers.À la fin de la puberté et tout au long de la période d’activité génitale de la femme, dans la très grande majorité des cas, les seins sont naturellement portés par cette musculature tégumentaire. Le port du soutien-gorge est une habitude qui, non seulement n’est pas en accord avec l’anatomie et la physiologie des seins, mais se trouve en opposition à elles.

Pourquoi porte-t-on un soutien-gorge ? Les arguments ne manquent pas et varient beaucoup d’une femme à l’autre. C’est déjà par habitude et par éducation : il paraîtrait inenvisageable de n’en pas porter, ce serait inconvenable et même indécent. La jeunefille préadolescente est fière de porter son premier soutien-gorge qui est une sorte de rite d’initiation. Ensuite, c’est par confort : la poitrine est bien calée, au chaud et en douceur. En l’absence de soutien-gorge, les seins sont plus mobiles et des frottements peuvent survenir entre les mamelons et les vêtements, pouvant occasionner un écoulement. Par ailleurs, certaines femmes portent un soutien-gorge pour amplifier le volume de leurs seins et les relever, d’autres au contraire pour le réduire en les aplatissant. Il y a aussi l’aspect érotique du soutien-gorge de fantaisie qui est valorisant quand on est en sous-vêtements. À l’inverse, des seins sans soutien-gorge et très mobiles sous les vêtements sont chargés d’érotisme. Il faut bien sûr aussi parler du marché prospère du soutien-gorge et de toutes ces publicités pour sous-vêtements.

Qu’en est-il sur le plan physiologique, de la santé du sein ? Nous l’avons vu, les seins sont soutenus par l’appareil musculaire des téguments. Or, un muscle se maintien et se développe quand il travaille ; au contraire, il s’atrophie quand il ne travaille pas. C’est une règle pratiquement universelle. Ainsi, le fait de porter un soutien-gorge affaiblit l’appareil musculaire de soutien des seins : plus on porte de soutiens gorges, plus les seins ont tendance à s’affaisser et plus on a besoin d’en porter un. C’est un cercle vicieux qui est presque sans fin. Chez une femme ménopausée avec une ptose (affaissement) mammaire, il n’y a pratiquement pas d’autre choix que de continuer à en porter un. Mais chez une femme beaucoup plus jeune, en période d’activité génitale, il est mieux pour les seins de ne pas porter de soutien-gorge, en tout cas, pas en permanence. On a montré que, lorsqu’une femme jeune cesse de porter un soutien-gorge, ses seins se raffermissent et ses aréoles remontent, alors que beaucoup de personnes pourraient s’attendre à l’inverse. L’explication en est simple : les muscles se remettent au travail et reprennent leur développement, alors qu’ils étaient restés longtemps au repos et de ce fait atones et atrophiques.

Quels sont les effets néfastes du soutien-gorge sur notre corps et notre bien-être ? 

Les soutiens-gorge en fibres synthétiques peuvent favoriser les irritations et les mycoses. Les bretelles peuvent blesser la peau, surtout quand les seins sont lourds. Comme tout sous-vêtement, le soutien-gorge peut favoriser la macération et les mauvaises odeurs. Une forte compression est préjudiciable aux glandes mammaires. Surtout, c’est l’inconvénient essentiel, les soutiens-gorge favorisent l’affaissement de la poitrine et son atonie.

D’une façon plus générale, notre corps n’est pas fait pour être emprisonné dans des sous-vêtements et vêtements. Il faut savoir le libérer quand c’est possible. Là encore, cela dépend de l’âge et de la physionomie. Il y a aussi certaines périodes de la vie, comme l’allaitement, qui nous incitent à porter un soutien-gorge.

Quels types de soutiens-gorge sont les moins néfastes pour la santé ?

Il faut éviter les soutiens-gorge en fibres synthétiques, ceux qui serrent fortement la poitrine, soit pour la rehausser, soit pour l’aplatir. On a donc intérêt, à part certaines circonstances médicales ou certains types anatomiques, à se tourner vers des soutiens gorges en fibres naturelles, des modèles légers, aérés, ne serrant pas la poitrine et ne lui assurant qu’un léger soutien. Les modèles à armatures et à balconnets… sont agressifs pour les seins. Mais ils sont très utilisés, pour les raisons que nous avons vues. Bien sûr, tout cela doit être nuancé. Il ne s’agit pas de changer brutalement ses habitudes, ce ne serait pas bon. Mais il faut revoir cet automatisme d’habillage à la lumière d’un éclairage sur l’anatomie et la physiologie de la glande mammaire et de son appareil de soutien. Il s’agit quand même de bousculer une habitude vestimentaire ancestrale : avant les soutiens gorges, il y avait les corsets baleinés… Prendre soin, ce n’est jamais enfermer.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !