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Relisons Saint-Simon pour faire 
une politique qui promeuve 
les futurs "Steve Jobs"
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Classique

En célébrant "les entrepreneurs-créateurs et eux seuls qui créent les richesses", et en fustigeant les "politiciens-exploiteurs et leurs obligés qui les gaspillent !" le duc de Saint-Simon savait que c’était aux savants et aux chefs d’entreprise de gouverner. Et si le saint-simonisme était la solution moderne donner le pouvoir aux futurs "Steve Jobs" ?

Alain  Dumait

Alain Dumait

Alain Dumait est un journaliste économique et homme politique français de tendance libertarienne.

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C’est un universel et unanime hommage qui a été rendu au génial Steve Jobs, décédé mercredi dernier à 56 ans (un âge où, notons-le en passant, 40% des salariés français sont déjà partis à la retraite...). A cette occasion - comme si l’événement s’était accompagné d’un exceptionnel éclair de lucidité de la part de nos concitoyens - le rôle majeur de l’entrepreneur-créateur a été reconnu, et même encensé.

Ce sont en effet les Steve Jobs qui font avancer l’humanité, boostent la productivité du travail des hommes et, finalement, permettent à ceux-ci de progresser et de prospérer.

On a envie de rappeler la parabole (1) de Saint-Simon (1820) :

"Supposons que la France perde subitement ses cinquante premiers physiciens, ses cinquante premiers chimistes, ses cinquante premiers physiologistes, ses cinquante premiers banquiers, ses deux cents premiers négociants, ses six cents premiers agriculteurs, ses cinquante premiers maîtres de forges (et Saint-Simon continue en énumérant les principales professions industrielles), comme ces hommes sont les Français les plus essentiellement producteurs, ceux qui donnent les produits les plus importants, la Nation deviendrait sans âme à l'instant où elle les perdrait. Elle tomberait immédiatement dans un état d'infériorité vis-à-vis des Nations dont elle est aujourd'hui la rivale et elle continuerait à rester subalterne à leur égard, tant qu'elle n'aurait pas réparé cette perte, tant qu'il ne lui aurait pas repoussé une tête".

"Admettons que la France conserve tous les hommes de génie qu'elle possède dans les sciences, dans les beaux-arts, dans les arts et métiers, mais qu'elle ait le malheur de perdre le même jour Monsieur, frère du Roi (le futur Charles X), Monseigneur le duc d'Angoulême (et ainsi de suite Saint-Simon énumère tous les membres de la famille royale) et qu'elle perde en même temps tous les grands officiers de la Couronne, tous les ministres d'État avec ou sans départements, tous les conseillers d'État, tous les maîtres des requêtes, tous les maréchaux, tous les cardinaux, archevêques, évêques, grands vicaires et chanoines, tous les juges, et, en sus de cela, les dix mille propriétaires les plus riches parmi ceux qui vivent noblement (les oisifs), cet accident affligerait certainement les Français parce qu'ils sont bons, mais cette perte des trente mille individus réputés les plus importants de l'État ne causerait de chagrin que sous le rapport sentimental, car il n'en résulterait aucun mal politique pour l'État".

Ce sont les entrepreneurs-créateurs et eux seuls qui créent les richesses, et ce sont les politiciens-exploiteurs et leurs obligés qui les gaspillent !" Le comte de Saint-Simon en concluait que c’était aux savants et aux chefs d’entreprise de gouverner.

Mais imagine-t-on Steve Jobs à Washington plutôt qu’à Cupertino ?

Laissons donc les politiciens gouverner. Mais faisons en sorte qu’ils fassent la politique qu’ils doivent. «Pour Steve Jobs». Qu’ils obéissent au peuple souverain. Grâce à la démocratie directe.

Il faut donc que le gouvernement offre une politique qui ne décourage pas les chefs d’entreprise, et même, si possible, les stimule.

Quelques pistes.

  • Un environnement législatif et règlementaire stable, permettant de faire des projections.
  • Une monnaie stable, et, dans un contexte de mondialisation, une monnaie convertible et si possible unique. Ce qui serait le cas avec un étalon-or.
  • Une fiscalité épargnant le plus possible les entreprises. De toute façon, en dernière analyse, les impôts, taxes et cotisations sont toujours payés par les personnes physiques...
  • Une fiscalité ne décourageant pas les particuliers d’investir directement dans les nouvelles entreprises. Qui favorise l’épargne de proximité pour alimenter les besoins de celles-ci.
  • Ce qui suppose des finances publiques à l’équilibre (où l’Etat n’a pas besoin de puiser dans l’épargne des citoyens), et modérées (afin de laisser aux ménages le libre choix de leurs emplois)
  • Ce qui implique aussi un système éducatif présentant une grande diversité de formations, offrant une large gamme de méthodes, afin de stimuler tous les talents, le plus tôt possible. Le contraire du moule de l’Education nationale... Combien de génies sont empêchés d’éclore ? Qui dira les Steve Jobs qui n’ont pas pu être révélés ou grandir ? Et comment se fait-il que certaines sociétés, certains pays, sont plus fertiles en Steve Jobs que d’autres ?

Pour favoriser l’emploi et la création de nouvelles richesses il faut, et il suffit, de mener une politique «pour Steve Jobs». Les pauvres en profiteront davantage qu’ils ne profitent des soit-disant politiques sociales destinées à lutter contre la pauvreté !

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