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Point de non retour : 
qui peut encore supporter 
cette équipe de France ?
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Ras-le-bol

Deux ans après la Coupe du monde en Afrique du Sud et l'épisode du bus de Knysna, les Français avaient recommencé à aimer leur équipe. Les comportements de ces derniers jours, sur et hors du terrain, ont rouvert une plaie sans doute pas prête de cicatriser.

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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Messieurs,


Manifestement le proverbe « une hirondelle ne fait pas le printemps » colle parfaitement à la prestation de l’équipe de France durant cet Euro. On avait eu une entame correcte contre l’Angleterre, une belle prestation contre l’Ukraine avant de retomber dans le néant de l’ère Domenech face à la Suède et à l’Espagne(néant tant sur le terrain que hors du terrain).

« Néant »… Le Larousse, qui ne fait malheureusement pas partie des lectures des joueurs de l’équipe de France, définit ce mot ainsi : « Le peu de valeur de quelque chose, de quelqu’un » et « absence totale, vide ».

Inutile de dire qu’en voyant les prestations face à la Suède et face à une Espagne nettement moins convaincante qu’en 2008 et 2010, le terme « néant » est parfaitement adapté. L’équipe de France a en effet fait preuve de « peu de valeur » et a montré une « absence totale » dans le jeu.

Voila pour le terrain.

Hors du terrain, on pensait que le cauchemar du bus de Knysna faisait partie du passé. Malheureusement, il a été remplacé par le vestiaire de Kiev et la zone mixte de Donetsk.

Commençons par le vestiaire de Kiev, témoin mardi soir d’un affrontement verbal opposant, si on en croit la presse, Ben Arfa, Nasri, Diarra et Laurent Blanc.

Dans cette affaire, Ben Arfa se préoccupe plus de son portable que d’écouter la causerie d’après match du sélectionneur qui le lui fait remarquer (alors que sa prestation sur le terrain lors de ce match relevait bel et bien aussi du fameux « néant »). Pour toute réponse, Ben Arfa argumente que sa sortie ne se justifiait pas car « d’autres plus nuls que lui étaient restés sur le terrain » avant d’inviter Laurent Blanc à le renvoyer à la maison s’il n’était pas satisfait.

On était presque au niveau de l’échange Domenech / Anelka dans le vestiaire de Polokwane à la mi-temps d’un France / Mexique de triste mémoire. La chose incroyable est que Ben Arfa n’a pas vu son souhait exaucé et n’a pas été immédiatement renvoyé à ses pénates, ce qui a définitivement démontré aux joueurs qu’ils étaient les VRAIS patrons de l’équipe et que personne dans le staff technique ni à la Fédération n’avait les « cojones » (pour utiliser un terme issu de la langue de nos bourreaux de samedi soir) de réagir face à un comportement aussi inadmissible qu’inacceptable. Manifestement, les leçons de 2010 n’ont été retenues par personne à la Fédération Française de Football, ce qui est particulièrement inquiétant.

L’autre comportement inadmissible hors du terrain fût celui de Nasri dans la zone mixte après la défaite de samedi soir. A un journaliste de l’AFP qui voulait lui poser une question, la réponse du Mancunien fût la suivante comme le relate Le Figaro : « Non, de toute façon, vous cherchez toujours la m..., vous écrivez de la m... ». Selon plusieurs témoins de la scène, le journaliste s'est alors emporté à son tour et lui a répliqué « Alors casse-toi. » « Viens, on va régler ça là-bas », lui répond du tac au tac le joueur qui lâche ensuite une flopée d'insultes. «Va te faire enc..., va n... ta mère. Tu veux qu'on s'explique ? Fils de p... Comme ça tu pourras dire que je suis mal élevé ! ».



Ces propos tenus envers un journaliste rappellent eux aussi ceux tenus par Anelka dans le vestiaire de Polokwane. Y aura-t-il sanction ? On peut en douter vu l’absence de sanction contre Ben Arfa mais cela prouve encore une fois que les leçons de l’Afrique du Sud n’ont pas été retenues à la Fédération Française de Football.

Cependant, on ne pourrait pas finir cette lettre sans faire allusion aux propos tenus après le quart de finale tant par le sélectionneur que par les joueurs. Voici le florilège émanant du Sélectionneur, du Capitaine et d’une des deux « vedettes » de l’équipe :

Laurent Blanc : « Les garçons ont tout donné, ont fait preuve de solidarité, ont beaucoup couru ».

Hugo Lloris : « Cet Euro est positif », « il ne nous a pas manqué grand-chose en seconde mi temps ».

Karim Benzema : « Nous sortons grandis de cet Euro », « il a juste manqué des buts mais je pense qu’on a fait un gros match »

Inutile de dire, en lisant ces commentaires, que la méthode Coué est devenue la pierre angulaire de la communication de l’équipe de France, à tel point qu’on peut se demander si Blanc, Lloris et Benzema parlent bien du France Espagne du 23 juin 2012 !

En quoi les « garçons ont tout donné » ? Même menés, ils n’ont jamais démontré la moindre envie de révolte, le moindre amour du maillot, rien…le néant, encore une fois !

En quoi cet Euro avec une victoire, un nul et deux déroutes peut-il être « positif » ? Lloris, qui fût irréprochable tout au long de la compétition, regardait-il le match pour dire « qu’il n’a pas manqué grand-chose en seconde période », période au cours de laquelle la France n’a cadré aucun tir ?

En quoi l’équipe de France a « fait un gros match » ? Avec un tir cadré (et encore sur coup franc) et aucune occasion nette par ailleurs, comment peut-on parler de « gros match » ? Comment oser dire que la France est « sortie grandie de cet Euro » avec le gloubi boulga de football proposé face à la Suède et à l’Espagne

On est loin de la Une de Marca, l’équivalent de L’Equipe en Espagne, qui disait dimanche matin : « Ils n'ont pas touché une cacahuète. Une démonstration mémorable de jeu en passes courtes de la Roja condamne les Français à courir après la balle comme des coqs sans tête...» 

Il faudrait qu’enfin on comprenne à la FFF que le football de haute compétition n’est pas « l’école des fans » où tout le monde gagne à la fin.  Il faudrait qu’enfin ces Messieurs sortent de la langue de bois et du déni de réalité qu’on croyait réservés aux politiques mais qui sont aujourd’hui une des marques de fabrique de l’équipe de France de football.

Il y a deux ans, le divorce entre les français et leur équipe nationale était patent. Après l’arrivée de Laurent Blanc et une longue série de matches sans défaite, les Français avaient recommencé à aimer leur équipe nationale.

Les comportements de ces derniers jours sur et hors du terrain ont rouvert une plaie qui risque de n’être pas près de cicatriser, surtout quand on pense aux qualifications pour la Coupe du Monde 2014 où la France va à nouveau être opposée à l’Espagne. Vu l’écart démontré lors du match d’hier au soir, on ne peut espérer au mieux qu’une place de barragiste. Le Maracana et le Morumbi sont donc loin et les poules commençant dans quelques semaines, il va falloir enfin prendre des décisions fortes à la Fédération, à moins que ses dirigeants aient décidé que FFF ne signifiait plus Fédération Française de Football mais Fossoyeurs du Football Français.

Pour la France entière tant les dirigeants du football que les joueurs de l’équipe de France sont redevenus insupportables.

Faites quelque chose, la France entière ne peut plus vous supporter !

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