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Taxer les riches : une mesure pas si populaire que ça aux États-Unis...
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Obama vs Républicains

Le plan de relance économique présenté par Barack Obama et sa "taxe Buffet" sur les plus hauts revenus sont vivement contestés par les Républicains et le Tea Party. Mais pourquoi donc ?

André Kaspi

André Kaspi

André Kaspi, est agrégé d'histoire, spécialiste de l'histoire des États-Unis. Il a été professeur d'histoire de l'Amérique du Nord à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et directeur du Centre de recherches d'histoire nord-américaine (CRHNA). Il a présidé notamment le comité pour l'histoire du CNRS.

 

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Atlantico : Paul Ryan, le « Monsieur budget » républicain de la Chambre des Représentants américaine, a dénoncé la « taxe Buffet » reprise dans le plan de Barack Obam présenté ce lundi. Comment expliquer que les Républicains soient si opposés à une taxation sur les grands investissements ?

André Kaspi : Il y a une certaine contradiction chez les Républicains. D'un côté Warren Buffet, qui est milliardaire, souhaite une augmentation de la taxation sur les investissements, parce que celle-ci est plus légère que la taxation sur les salaires. Selon lui, il paierait in fine moins d’impôts que sa secrétaire ! Cette proposition tendrait à montrer que les personnalités qui ont beaucoup d’argent souhaitent qu’on les impose d’avantage.

De l’autre, les Républicains sont fondamentalement hostiles à une augmentation des impôts, parce qu’ils estiment que la démarche de Barack Obama est une démarche populiste, et que pour améliorer la situation économique aux USA, il faudrait commencer par réduire les dépenses et non par augmenter les impôts.

Cette taxe peut-elle réellement pénaliser les investissements ou la création d’emplois ?

C’est ce qu'affirment Paul Ryan et les Républicains : selon eux, il s'agit d'une punition pour ceux qui entreprennent, ceux qui emploient, ceux qui sont créatifs. Alors qu’à vrai dire il s’agirait d’une taxe qui est infiniment faible, puisque c’est de l’ordre de 1% sur ceux qui gagnent plus d’un million de dollars dans l’année. Ce n’est pas cela qui va les ruiner. Il s'agit en vérité d'une opposition de principe, qui s’appuie sur les revendications qui ont été exprimées par le Tea Party, et qui a essentiellement pour but d’obtenir une diminution des dépenses fédérales.

Cette opposition s'appuie-t-elle également sur la mentalité même des Américains, sur leur culture d’entreprise ?

Non, il n’y a pas vraiment, dans ce domaine-là, de principe qui relève de la culture. On peut dire simplement que dans la situation actuelle, il y a tout un jeu politique : Obama veut mettre les Républicains en difficulté, les Républicains veulent mettre Obama en dehors de la Maison Blanche. Il existe donc un conflit entre les deux forces politiques, et la question qui se pose est : comment va-t-on s’en sortir ? L’essentiel, dans cette affaire, est que Barack Obama doit trouver l’argent nécessaire pour relancer l’économie, en espérant justement que ceci permette à l’économie de repartir. Faut-il augmenter les impôts ou en abaisser les dépenses fédérales ? Il s'agit là de deux attitudes contradictoires, mais qui peuvent et doivent trouver un juste milieu.

Cette taxation est-elle plutôt bien accueillie dans la population ?

Oui, parce qu’il n’y a pas beaucoup de gens qui gagnent un million de dollars par an. Ce n’est pas courant ! Mais je pense que cela devrait, malgré tout, satisfaire une partie de l’opinion américaine, sauf bien sûr ceux qui se réclament du Tea Party et du conservatisme économique et social, qui demeurent tout de même une part importante de la population.

Augmenter l’imposition sur les gros revenus ne risque-t-elle pas de précipiter une fuite vers les paradis fiscaux ?

C’est une situation qui peut en effet se produire, aux Etats-Unis comme dans tous les autres pays. Néanmoins les paradis fiscaux ont accueilli les capitaux sans attendre les impositions sur les capitaux les plus élevés. Cela peut peut-être accentuer la fuite mais d’une manière sporadique. Et ce n’est pas la raison essentielle donnée par les Républicains. 

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