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Plaidoyer pour mai 68 : non tout n'est pas à jeter !
©ARCHIVES / AFP

A contrecourant

C'était il y a 50 ans. Et pour comprendre ce qu'il s'est passé il y a si longtemps il est utile de s'intéresser à l'époque.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Atlantico aime les titres chocs. Je lis donc : "Comment mai 68 et son idéologie ont littéralement abimé nos cerveaux". C'est signé par un chercheur en neuroscience et un théologien. Des disciplines qui me sont totalement étrangères. Je ne m'y aventurerai donc pas. Et je confesse avoir quelques inquiétudes pour mon cerveau…

Le procès instruit contre mai 68 est ancien. Il a même les cheveux blancs. Pour ne prendre qu'un exemple Luc Ferry s'en fit le procureur talentueux et impitoyable dans un livre paru en 1985! Il y a 33 ans! Depuis il ne se passe pas d'année sans que paraisse un ouvrage étrillant les soixantehuitards

Quand on est de droite il est absolument vital de s'en prendre à 68. C'est un rite initiatique nécessaire pour être admis dans les cénacles précieux des pourfendeurs du gauchisme. Et quand on est de gauche ? Ah ça on ne sait pas car il n'y a plus de gauche.

L'avocat que j'essaye d'être va plaider les circonstances atténuantes. Le contexte de l'époque autorise quelques nuances dans la condamnation de la révolte soixantehuitarde. Dans les années 60 –en mai 68 donc- la censure tatillonne et oppressante est au pouvoir.

De Gaulle fit interdire le film La religieuse tiré de l'œuvre de Diderot. Au prétexte qu'il portait atteinte à l'image pure et virginale des bonnes sœurs. L'épiscopat catholique s'en offusqua. Le pouvoir gaulliste dit amen. Un autre film, Les sentiers de la Gloire sur les mutins de 1917 fut également mis à l'index. Les généraux s'en étaient émus. L'alliance du sabre et du goupillon était d'actualité.

Dans ces années-là l'avortement était puni de prison. Un progrès toutefois depuis Vichy qui guillotinait les avorteuses. Quand Lucien Neuwirth vint plaider la cause de la pilule il s'attira cette réponse du général : "On ne va quand même pas sacrifier la France à la bagatelle… Le sexe va tout envahir…". Puis de mauvaise grâce et en bougonnant il accepta.

C'est de ça, de tout ça, qu'est issu mai 68. une révolte brouillonne, naïve et souvent idéologiquement erratique. On connaît les slogans : " Il est interdit d'interdire" "Sous les pavés la plage"… Et aussi – on a tort de l'oublier- cet appel à pendre par les tripes les bureaucrates staliniens. Car mai 68, mouvement libertaire, anarchisant, anticapitaliste, antigaulliste, fut aussi une révolte anticommuniste.

Le PC français ne s'en releva pas. Si les gauchistes de cette époque tombèrent bêtement amoureux de Trotski et de Mao c'était avant tout par haine de Staline. Rien que pour ça que grâce leur soit rendue.

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