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"Plafonner le prix de l'essence est impossible car nul ne peut prédire l'avenir, pas même l'État !"
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NON au blocage du prix de l’essence

Les deux favoris à l'élection présidentielle se sont affrontés sur la nécessité de bloquer ou non le prix de l'essence. Oui pour François Hollande, Non pour Nicolas Sarkozy. Mais comment l'État pourrait-il être sûr de pouvoir compenser les fluctuations de l'euro ou d'un éventuel choc pétrolier suite à un conflit en Iran ?

Philippe Chalmin

Philippe Chalmin

Philippe Chalmin est professeur d’histoire économique à l’Université Paris-Dauphine où il dirige le Master Affaires Internationales. Membre du Conseil d’Analyse Economique auprès du Premier Ministre, il est le président fondateur de CyclOpe, le principal institut de recherches européen sur les marchés des matières premières.

Il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages, dont le récent « Demain, j'ai 60 ans : Journal 2010 - 2011 ».

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En campagne électorale, toutes les promesses sont bonnes à faire, mais il y a quand même quelques lignes rouges à ne pas franchir. Alors que jamais le pétrole, en euros, n’a coûté aussi cher, François Hollande vient d’en franchir une en se déclarant partisan d’un « blocage temporaire du prix de l’essence ».

Le retour d'un vieux fantasme de gauche

Voilà revenu un vieux fantasme, celui de la capacité de l’État de fixer les prix indépendamment de toute réalité économique. L’essence c’est du pétrole, du dollar et des impôts, les uns fixes et les autres variables (la TVA).

Côté pétrole, nous sommes aujourd’hui à 125 dollars le baril de Brent (Pétrole brut léger de Mer du Nord), et les moindres tensions autour de l’Iran et du détroit d’Ormuz ne peuvent que pousser les prix un peu plus haut : il y a malheureusement de ce côté aucun espoir à court terme.

Côté dollar, la faiblesse de l’économie européenne et la dynamique nouvelle de l’économie américaine plaide pour un affaiblissement de l’euro par rapport au dollar dans les mois à venir : là non plus rien à espérer. Il reste donc les impôts…

Nul ne peut prédire l'avenir, pas même l'État !

Il est exact que lorsque le prix avant impôts augmente, la recette fiscale augmente aussi grâce à la TVA. Le principe de la TIPP flottante, (Taxe intérieure sur les produits pétroliers) était censé compenser cette augmentation en valeur absolue du prélèvement public en s’ajustant aux rentrées liées à la TVA.

Mais là le candidat socialiste va plus loin : plafonner le prix de l’essence n’est possible que s’il on utilise le prélèvement fiscal comme un matelas que l’on serait prêt à réduire au fur et à mesure du prix de l’essence avant impôt.

C’est faisable, mais cela revient à signer un chèque en blanc, puisque nul ne sait à quel prix sera le pétrole en juin (frappes israéliennes ?) ni ce que sera alors le taux de change euro/dollar : un taux de 1,20 serait une bonne chose pour l’économie française, une bien mauvaise pour le prix de l’essence. L’État et surtout le budget auraient-ils les moyens de la compenser ?

Voilà en tout cas une promesse bien démagogique, mais tous les électeurs ne sont-ils pas aussi des automobilistes ?

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