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PIP : enfin un grand succès industriel français à l’international ?
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Zone franche

C’est au tour des Anglais de découvrir que 80 000 prothèses PIP ont été posées chez eux. Nous n’exportons plus grand chose mais lorsqu’on le fait, c’est remarqué…

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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A l’heure où nos élites se triturent les méninges pour relancer le Made in Gaule, l’exportation et l’innovation industrielle dans ce cher et vieux pays, l’affaire PIP devrait en faire roucouler plus d’un… Car enfin, dans le registre de la success story à l’américaine, c’est certainement ce qui s’en approche le plus sous nos latitudes !

Il y a tout ce qu'il faut là-dedans : un autodidacte visionnaire et ambitieux (Jean-Claude Mas, spécialiste de la bidoche puisqu’il a démarré dans la vie comme charcutier), inspiré par le charisme télévisuel de Pamela Anderson, se lance dans la fabrication de prothèses mammaires dans un patelin varois surtout connu pour ses chantiers navals en déshérence et devient le troisième acteur mondial du secteur en une quinzaine d’années à peine…

Elles sont partout, ses prothèses low-cost. En France bien sûr, c’est bien la moindre des choses, mais aussi en Grande-Bretagne, en Italie, aux États-Unis, en Argentine, au Venezuela, dans la jet-set, chez les caissières de supermarchés… 65 pays en tout : un immense succès, on vous dit.

D’ailleurs, on l’aurait laissé tranquille, notre Steve Jobs du bonnet D, qu’il aurait justement pu en rester un (de gros bonnet) et transformer la Seyne-sur-Mer en authentique vallée du silicone. Mais patatras, tout s’effondre : parce qu’il s’est rendu compte qu’il existait un moyen de faire baisser les coûts en remplaçant un produit par un autre, ni vu ni connu j’t’embrouille, le monde entier lui tombe dessus au prétexte que du joint de salle de bain ça ne reste pas en place dans un nibard.

Quelle mesquinerie !

Ah, qu’est-ce que vous voulez, on a vraiment un problème avec l’innovation. C’est comme avec le Mediator. On a un labo qui fabrique des coupe-faim tellement efficaces que les gens qui les prennent finissent par ne plus avoir besoin s’alimenter du tout et au lieu de s’en féliciter, c’est l’hallali...

Mais les Chinois, vous pensez qu’ils se prennent le chou avec de pareilles vétilles ? Allons donc, on ne devient pas l’usine du monde sans biberons aux phtalates, canapés qui donnent de l’eczéma, ou chaussures qui font puer des pieds… Il faut faire des choix. Et si la France veut vraiment récupérer son rang dans le concert des nations qui ont des trucs à vendre, ce n’est pas avec des TGV (tout le monde en fait, désormais), des avions de chasse (personne n’en veut) ou des centrales nucléaires (tout le monde en fait et personne n’en veut, sur ce coup) qu’on va réindustrialiser la Creuse.

Franchement, un tel manque de pragmatisme, ça fait mal aux seins...

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