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Phase 2 du déconfinement : les Français font nettement mieux que leur gouvernement
©JOEL SAGET / AFP

Virus d’un nouveau type

Alors que les pouvoirs publics bénéficient d’une amélioration de la situation sanitaire que l’état des connaissances sur le virus ne permet pas d’expliquer totalement, la réalisation des objectifs que le gouvernement s’était fixé (tests, masques, quarantaines) reste très largement floue.

Guy-André Pelouze

Guy-André Pelouze

Guy-André Pelouze est chirurgien à Perpignan.

Passionné par les avancées extraordinaires de sa spécialité depuis un demi siècle, il est resté très attentif aux conditions d'exercice et à l'évolution du système qui conditionnent la qualité des soins.

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l y a encore beaucoup de choses que nous ne savons pas sur le contrôle et l’atténuation de la Covid-19 en l'absence de tout traitement ou vaccin mais en ce qui concerne la France l’observance des citoyens en matière de comportement anti-transmission a été massive. Les Français ont compris que ces mesures basées sur le comportement individuel sont les seules efficaces face à la dynamique propre de l’épidémie. 

55 jours de confinement indifférencié et toujours la même circulation localisée du virus

L’activité épidémique reste très centrée sur les 4 régions / villes initiales (en France métropolitaine). Il est aujourd’hui encore plus factuel de concentrer les moyens de limitation spécifique (tester, tracer et traiter par isolement pour l’instant) au niveau de ces zones là où les foyers sont actifs. En revanche il est facile de comprendre que partout la reprise économique doit être totale. La doctrine de la division un coup en département un coup en régions est inappropriée. Les vecteurs du virus n’agissent pas en fonction des frontières administratives! La réponse sanitaire doit être totalement décentralisée jusqu’au niveau du foyer épidémique lui même et des individus tracés. Cette réponse sanitaire décentralisée avec des fermetures ciblées et des quarantaines renforcées par une distanciation sociale volontaire et le port de masque en rassemblement présente plusieurs avantages:

- Elle est pédagogique et inscrit les comportements dans la durée devant un virus encore inconnu il y a quelques mois

- Elle représente enfin une intervention sélective en amont des conséquences de la maladie Covid-19

- Elle n’entrave que très peu et très peu de temps la reprise économique 

- Elle accroît notre connaissance de l’épidémie pour mieux agir dans les prochains mois

Maintenir la pression sur la transmission résiduelle de manière la plus ciblée est la meilleure garantie. 

Les restrictions résiduelles sur l’activité économique sont infondées

Dans le contexte de la dynamique observable de l’épidémie il y a peu de justifications à toute restriction d’activité. Tous les secteurs devraient disposer des règles de fonctionnement compatibles Covid-19 et à défaut pouvoir en proposer à l’administration avec un délai raisonnable d’acceptation avec ou sans modification. Ce qui crée des disparités dans la reprise c’est bien sur le mammouth bureaucratique pas les entreprises ou les commerces. Il est vital d'ouvrir toutes les activités économiques dès maintenant.

Derrière l’affichage aucun bilan précis de l’action de l’État

L’exercice de présentation des « mesures » est maintenant maîtrisé mais ce n’est pas, loin de là, l’essentiel. Il est tout d’abord inutile de compliquer les choses simples. Ce n’est pas un “acte X du déconfinement” mais simplement une adaptation d’ailleurs très tardive à la situation. Ce n’est pas d’une “doctrine” dont on changerait mais d’une stratégie rationnelle dont la France a besoin. La réponse sanitaire du gouvernement est d’abord de tester et tracer pour isoler les individus transmetteurs. De ce point de vue le nombre de tests effectués est faible, aucune information agrégée n’est disponible et la carte en couleurs des départements est tout simplement un exercice manipulable à souhait. Enfin aucune région n’a pris à bras le corps cette question de l’information détaillée géographique de l’épidémie au moyen des données brutes clairement visualisables ce qui contribue grandement à l’intelligence collective. Il est toujours impossible de connaître le bilan des ARS en la matière pas plus que celle de la médecine du travail. Si l’on veut couper court à toute nouvelle perte de confiance il faut faire cet effort.  L’autre point important est l’avancée des tests dans les populations à risque. Où en est l’initiative de tester les résidents des maisons de retraite et de tous les soignants? Beaucoup de porteurs asymptomatiques sont là. 

La liberté est de nouveau la règle, pas vraiment

Le premier ministre l’a annoncé mais qu’en est il? Les mesures liberticides indifférenciées n’ont que trop duré. La fermeture des parcs et jardins, des plages était une erreur qui a contribué à rendre le confinement difficilement supportable alors que nous savons avoir à faire à un virus qui se transmet beaucoup dans les endroits clos, par l’air qui ne circule pas ou bien sans se renouveler. Les limitations aux déplacements personnels aussi. Il est bien évidemment moins générateur de transmission de voyager dans sa voiture que de se rendre sans masque à la boulangerie où l’éloignement interpersonnel n’a pas été organisé pendant tout le confinement... Pourtant, toujours dans cette logique punitive E. Philippe a cru bon d’ajouter qu’il valait mieux remettre les déplacements lointains. Il avait lors d’un point presse précédent déclaré qu’il fallait à tout prix éviter de “se faire plaisir” en prenant sa voiture “pour rouler”. Enfin, alors que le gouvernement n’a pas contrôlé les frontières pour limiter la phase sporadique de l’épidémie au début il maintient la fermeture des frontières pour les français qui voudraient sortir. Ce n’est pas incohérent, c’est une atteinte insupportable à la liberté de circulation dans l’espace européen. Et surtout cette interdiction n’a aucune base rationnelle mais relève toujours d’une logique punitive. En cette matière le gouvernement est mal placé.

À partir d’un plan assez bien bâti après les erreurs majeures de Janvier, Février et Mars, E. Philippe se heurte à l’impossibilité de transmettre les outils et les décisions de la politique sanitaire au delà de Matignon. Le ministère de la santé et ses nombreuses agences, ARS et autres structures labyrinthiques est totalement paralysé. Les exécutifs régionaux et départementaux sont occupés à remettre les fonctionnaire territoriaux du back office en marche. Bref est on mieux préparé en cas de résurgence? Il est sérieusement fondé d’en douter. L’augmentation des  salaires des soignants ne résoudra pas cet incroyable insuffisance au coeur même de l’état.

Autre question centrale, la confiance est la base de l’observance dans les comportements. Le premier ministre maintient des mesures liberticides infondées mais les élections auront bien lieu et la fête de la musique itou. Il ajoute même: “Notre plus grand adversaire, ce sont les très grands rassemblements”. 

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