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Don de sang : Britanniques et homosexuels s’abstenir
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Zone franche

Une pénurie de plus en plus sérieuse préoccupe les banques du sang mais l'on continue d'y refuser du monde. Plus que Twilight, c’est la Twilight Zone.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Le don de sang est une affaire mystérieuse, combinant pénurie chronique et barrières permanentes dressées devant les donneurs potentiels.

Moi qui vous parle, je n’ai pas le droit de faire cadeau de mes globules au motif que j’ai vécu au Royaume-Uni aux grandes heures de la « vache folle » ― lorsque les Anglais étaient censés tomber comme des mouches pour s’être empiffrés de steak aromatisé au prion

Bon, c’était à la fin des années 80 et on a largement eu le temps de se rendre compte à quel point cette interdiction était du grand n’importe quoi mais, au pays du principe de précaution constitutionnalisé, on n’aime guère être bousculé.

Cette restriction reste tout de même surprenante observée de chez les voisins du dessus, où l’on consomme de l’hémoglobine locale sans dommages apparents. Sans aucun doute, si le sang britannique était si dangereux, c’est à soixante millions de Creutzfeld-Jakobiens en phase terminale que David Cameron imposerait son méga plan d’austérité !

Tu parles ! En perfide Albion, on se transfuse les uns les autres à qui mieux mieux et on ne s’en porte pas plus mal (on s’en porterait même plutôt mieux, la transfusion étant précisément un truc qui fait du bien à des gens qui vont mal). L’organisme des Rosbifs doit mieux résister à la vache folle que celui des Froggies, j’imagine… Question de proximité génétique.

Les Français snobent les Anglais, les Américains snobent les Français...

C’est d’autant plus étonnant que les États-Unis interdisent, de leur côté, aux Français de donner leur sang pour exactement les mêmes raisons (à l'époque de la vache folle, nous importions de la viande écossaise en pagaille, paraît-il).

C’est tout aussi absurde, mais disons qu’il y a une certaine cohérence transcontinentale dans l'absurdité.

Mais il existe une autre catégorie de population que l’on ne veut absolument pas voir faire de dépôts à la banque du sang pour cause de plasma douteux : les homosexuels. Eh oui, c’est comme ça, le pourcentage de séropositifs étant plus élevé chez « ces gens-là », comme on doit dire à la direction de l'Établissement Français du Sang, on préfère leur demander de s’abstenir d’aider leur prochain.

Las, voilà-t-y pas que les Anglais, encore eux, vont justement les autoriser à donner leur sang après des années de prohibition, rendant notre doctrine encore plus intenable !

Les mauvais esprits lâcheront sans doute que, déjà saturés de vache folle, il n’en sont plus à une contamination près. Mais les mauvais esprits sont comme ça : médisants.

De toute manière, si la pénurie devient trop insupportable, il faudra bien s’adapter en, au minimum, révisant des principes de collecte trop peu universels pour qu’on puisse les considérer comme crédibles (une recommandation européenne serait la bienvenue). Faute de quoi, c’est au don rémunéré qu’il faudra ouvrir la porte et l’éthique, déjà pas mal malmenée, n’en sortira pas gagnante.

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