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Pauvreté et dons alimentaires : un besoin urgent de pragmatisme
©Reuters

Précarité alimentaire

Après 7 années de vaches maigres, l'augmentation de la pauvreté nous rappelle que la prospérité n'est pas un acquis. Faute d'argent, les besoins vitaux sont rognés, et certains ménages peinent à remplir le frigo. Un triste constat qui doit nous rappeler combien il est important d'assouplir les normes sanitaires concernant les dons d'aliments périmés.

Muriel Boulmier

Muriel Boulmier

Muriel Boulmier est déléguée de l’UDI chargée du 3ème âge, et Adjointe au Maire d’Agen en charge de la politique sociale et de l’accessibilité. Elle est également l'auteure de deux rapports de missions ministérielles sur l’adaptation de la société au vieillissement, présidente du groupe de travail "Évolutions démographiques et vieillissement" du CECODHAS Housing Europe, mais aussi directrice générale du Groupe CILIOPÉE.

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Chaque jour, nous côtoyons un certain nombre de personnes dont le visage nous est familier et dont nous savons que le sort n’est pas celui qu’ils auraient souhaité.

Les sept ans de crise que nous vivons nous rappellent que la prospérité n’est pas un droit acquis comme ont pu le penser à tort les boomers d’après guerre et leurs enfants, qui ont grandi au cœur de la société de consommation. Les médias, les visages croisés chaque jour, autant d’éléments qui nous obligent à ouvrir les yeux : aujourd’hui, tout le monde n’a pas à manger !

Ces sept années de vaches maigres nous obligent à moderniser ou réformer, au choix, et nous contraignent à renoncer aux modèles rigides de l’après-guerre pour nous ouvrir à de nouvelles solidarités sous peine d’affronter les conséquences d’une rupture sociale forte.

Nous déplorons sincèrement la pauvreté ? Nous regrettons le gaspillage ? Certes ! Mais, nous demeurons derrière le paravent protecteur des normes sanitaires qui figent tellement les règles que l’émotion en devient hypocrite.

C’est à juste titre que nous nous désolons des 20 kg de nourriture jetés par chaque Français chaque année, auxquels s’ajoutent la masse d’invendus des commerces javellisés par obligation, alors même que plusieurs millions de nos compatriotes subissent une précarité alimentaire. Ce besoin de solidarité alimentaire s’exprime donc avec force. Aussi, je veux saluer la proposition de loi déposée par des Députés UMP et Centristes en septembre dernier visant à astreindre les grandes surfaces à proposer leurs invendus alimentaires à des associations caritatives. C’est un premier pas dans la bonne direction, emprunt de pragmatisme et de bienveillance. Mais allons jusqu’au bout…

Il est urgent et indispensable de modifier  les dates limites de consommation et par là même celles des dons alimentaires. Aujourd’hui, il est interdit à un commerçant de donner un yaourt pasteurisé le lendemain de la date limite de consommation ! Il est interdit à une association de le distribuer à une famille !! Ineptie… car chacun d’entre nous consomme ces mêmes produits laitiers, restés au frais, quelques jours après la date fatidique (DLC) sans conséquence fâcheuse. Il en va de même pour le fromage à pâte cuite ou autres aliments pasteurisés ou protégés par des conservateurs inoffensifs.

Je plaide donc pour que soit instaurée une période courte de clémence après la DLC destinée aux seuls dons  pour les produits les moins exposés indispensables à l’équilibre nutritionnel. Cette période doit être définie par une autorité sanitaire sur la base des travaux existants et en partenariat avec l’industrie agro-alimentaire. Toute association reconnue d’intérêt général pourrait alors les recevoir et les distribuer.

Lutter efficacement contre la précarité alimentaire, c’est faire preuve de pragmatisme.

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