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Décret Alstom : Montebourg préfère le chômage allemand au moindre chômage américain
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Un décret publié jeudi 15 mai au Journal officiel et à l'initiative d'Arnaud Montebourg stipule que l'État devra donner son autorisation en cas de prise de contrôle, par un groupe étranger, d'une entreprise française dans le secteur de l'énergie, de l'eau, des transports, des télécoms ou de la santé. Un texte qui est paru alors que Siemens et General Electric lorgnent sur l'activité énergie d'Alstom. Mais à quoi bon légiférer puisque la fusion, qu’elle soit avec l'un ou l'autre, conduira à des licenciements.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Les croisés sont de retours. Ils portent un costume de chevalier qu’ils cousent de leur propre fil, totalement made in France, les bandes bleus et blanches remplacées par un panache en plume de poulet.

Ils inventent aux Français une histoire de protectionnisme à la petite semaine,  pour contrebalancer certainement le discours FN. Comme si se positionner par rapport au FN était un moyen de le combattre et de remonter dans l’estime des Français.  

Ils font de la discrimination par la géographie, un outil prétendu de ce que devrait être la justice économique. Attisant ainsi la défiance de l’autre. La discrimination.

Ils font de l’Etat, le justicier non masqué, qui contrôle l’économie, ce que le marché doit faire ou non, comme un effort désespéré et pitoyable pour faire croire au monde, que le politique détient le pouvoir et reste le rempart contre les affreux vikings des temps modernes, chaussés de Nike et mangeant des hamburgers. Et surtout faire croire que l’Etat, et ses politiques, qui n’ont jamais mis les pieds, ni le reste, dans une entreprise et n’ont jamais travaillé de leur vie, sont plus aptes à juger que le marché, les décisions des dirigeants des entreprises de ce pays.

Nos Gaulois peuvent être heureux. Ils bâtissent des murailles face aux Romains. Le petit Village va s’isoler un peu plus, après avoir été le pays prônant l’impôt à 75% ou la taxation des plus values des uniques investisseurs encore présents en France. Nous allons redevenir ces champions d’une économie dirigée, stalinienne, dont on connaît la pertinence des résultats dans l’histoire.

Comme le disait un comique pourtant réputé de gauche, l’autre jour, la fusion, qu’elle soit avec Siemens ou GE, conduira à des licenciements, pour réduire les doublons. Mais nous avons choisi un chômage Allemand plutôt qu’Américain. Cela fera certainement une grande différence pour les personnes qui le subiront. Un chômage en allemand c’est mieux car les chiffres s’écrivent avec beaucoup plus de lettres.

Les politiques ne sont plus rien. Sans vision, de droite comme de gauche, ils désespèrent le peuple, qui le manifeste en votant aux extrêmes ou en ne votant plus. Leur agitation pathétique, proche de la dernière "érection" du pendu, fait peine à voir.

Voilà un Ministre, qui, frustré de ne pas avoir pu nationaliser Florange, aimerait nationaliser les décisions économiques de ce pays et comme les drogués du jeu, se refaire. Cela fait de la peine à voir, mais conforte, pour Arnaud Montebourg, cette aile gauche dont il veut se faire une alliée fidèle, pour les combats politiques à venir. L’économie devient ainsi un outil de progression dans son électorat. Une manifestation de plus que nos politiques calculent quotidiennement le résultat des sondage, et segmentent leurs cibles prioritaires. Amusant de voir ces as du marketing se moquer des entreprises à qui ils empruntent leurs méthodes. Leurs intérêts, à nouveau, passent avant l’intérêt du pays.

J’aimerais tant qu’une personne sensée, puisse m’expliquer en quoi une acquisition allemande aurait plus de sens qu’une acquisition américaine ? Est ce une réminiscence de cette stupide idée professée par notre éducation nationale préférée, selon laquelle des élèves parlant allemand serait présumés d’une qualité supérieure à ceux qui prennent anglais ? Le fait d’avoir un actionnaire à 1 500km de chez soi le rendrait t-il plus sympathique et docile, que si le siège se déplaçait à 6 000km ? L’air de l’Allemagne réussira t-il mieux aux cadres d’Alstom que celle des Appalaches ? Les couleurs du drapeau allemand seraient elles plus compatibles que celle de l’Union Jack avec le flambeau national ? La saucisse que le Hamburger ? La bière que le cola ?

Tout le monde s’accorde à dire que la synergie industrielle est plus forte avec GE. Tout le monde s’accorde à dire qu’Alstom, qui a perdu de sa valeur malgré le travail remarquable que Patrick Kron a fait pour la sauver du désastre, exige une fusion rapide.

Alors pourquoi tout ce cirque médiatique et politique ? Pour détourner l’attention, se couronner d’un « made in vertu », jouer la carte Europe face aux USA. Au final, la seule chose qui compte c’est de savoir si la société restera et continuera à employer en France. Si son savoir-faire restera en France. Si la fusion créera des synergies profitables à Alstom et donc à ses actionnaires et salariés. Et à l’emploi. Le reste n’est que littérature pour adolescents pré-pubères.

L’attitude de notre Ministre est conforme à ce qu’on attendait de lui. Il a le mérite de la constance. Interventionniste il était, interventionniste il reste. Que l’image de la France à l’étranger souffre et se fane n’est pas son problème. L’affaire Dailymotion l’a déjà prouvée. L’affaire Goodyear aussi. Ruiner notre capital confiance à l’étranger pourtant si important n’est rien par rapport à son profit politique personnel. Il est actionnaire à 100% de son capital politique et touchera 100% des bénéfices. Chaque affaire est un bonus qu’il s’attribue seul et ne partage pas. Pire que les actionnaires de la vraie vie en fait.

Pour une fois il est en phase avec Michel Sapin. Rare ! Sapin qui qualifie d’escroc, lui, l’ennemi de la Finance, Jérôme Kerviel. Alors que chacun sait qu’il n’est qu’un lampiste, maladroit et sans scrupules certes, mais qui fait office de fusible comme tout le monde le sait. Le Ministre qui écrase l’individu face à la finance. Amusant non ? 24 mois après le discours du Bourget !!??

Si nos politiques, et à nouveau en l’occurrence de gauche, mais de façon identique, de droite, voulait bien nous lâcher un peu. S’occuper de réduire leur dette avant de gérer l’économie à laquelle ils ne comprennent rien. S’occuper de gérer une justice qui va enfermer Kerviel au moment où elle va ne pas condamner ou libérer des récidivistes plus dangereux qu’un trader, dans une société où les braquages augmentent de façon monumentale. S’occuper de supprimer ces milliers de postes où pantouflent tous les politiques en manque de postes, à des salaires indécents, quand les Français sont 3 millions à chercher un emploi. S’occuper de préparer une vision pour la France au lieu de travailler à une vision de leur seul avenir. Prendre des décisions fortes et ne pas les reporter à 2017 systématiquement. Si c’est tout ce que nous avons comme Ministre de l’Economie, peut être devrions nous faire l’économie de ce Ministre ! Les entrepreneurs heureusement arrivent, en politique, et nous aurons surement enfin, des hommes et des femmes, comme nous, à la tête du pays, un jour. Vivement dimanche  !!

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