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Partir en vacances tout en restant investi en bourse : ce qu’il faut savoir pour éviter de se faire plumer pendant l’été
©DR

Wall street

Ni l'économie, ni la finance ne cessent leurs activités durant l'été. Cette période peut même devenir tout particulièrement propice aux placements, d'autant plus qu'il existe certains produits financiers permettant de placer son argent sans passer ses journées au bord de la piscine à suivre avec angoisse l'actualité financière.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Alors qu'un portefeuille boursier nécessite un suivi particulier, quelles sont les recettes permettant de "partir tranquille" ? Existe-t-il des moyens pour continuer à investir pendant l'été sans avoir à se préoccuper quotidiennement des évolutions boursières ? 

Philippe Crevel Depuis la Grande Récession, les étés ont tendance à être chauds au niveau bousier. Il était admis jusqu’à peu qu’en août tout était calme. Pourtant, un certain 15 août 1971, les Etats-Unis ont décidé de supprimer la convertibilité or/dollar, qui était un des piliers de l’accord de Bretton Woods de 1944, qui a fondé le système monétaire mondial d’après guerre. Pour partir tranquille, il faut avoir les arbitrages avant. Afin de pouvoir décrocher et d’éviter de suivre les hauts et les bas des marchés boursiers sur son smartphone préféré au bord de l’eau, plusieurs solutions sont envisageables.

La plus mauvaise : retirer tout son argent de la bourse et le mettre sous son matelas. Il ne vous reste plus, dans ce cas, qu'à laisser un message à votre cambrioleur préféré pour lui indiquer vos dates de vacances. Pensez dans ce cas à vérifier votre police d’assurance.

Si vous avez peur du krach, c’est humain, faites vous plaisir et aidez le gouvernement en dépensant toutes vos économies. Faites un beau voyage et revenez décontracté.

Une autre solution pas très bonne : retirer l’argent de la bourse et le laisser dormir sur votre compte courant. Certes, en revenant de vos vacances, vous le retrouverez mais vous risquez de devoir d’éventuelles plus-values fiscales et vous pouvez passer à côté de quelques bonnes affaires à venir. Si vous avez décidé de sécuriser votre portefeuille en le mettant sur un Livret A, des livrets bancaires, etc., en termes de rendement, ce ne sera pas terrible et de même, au niveau fiscalité, vous serez perdant. Certes, vous pouvez, avant le 1er août - il faut se dépêcher - ouvrir un Plan d’épargne logement, afin de bénéficier du taux de 1,5 %. Au 1er août, ce dernier passe à 1 %. Il faut savoir que le taux du PEL reste identique durant toute la durée de vie du PEL. Donc si vous avez un vieux PEL, surtout ne le fermez pas avant ses 10 ans.

Vous pourriez décider de tout mettre sur un fonds euros d’un contrat d’assurance-vie. Le rendement tourne autour de 2 % mais vous bénéficiez de la garantie en capital. Certes, il y a de moins en moins d’assureurs qui acceptent que les épargnants mettent toutes leurs économies sur les fonds euros car ce sont des produits coûteux en fonds propres. Par ailleurs, la baisse des taux d’intérêt rend la gestion de ces produits de plus en plus complexe.

Il faut donc mieux conserver votre portefeuille ce qui ne signifie pas ne rien faire. Il faut bien évidemment maintenir son Plan d’épargne en actions (PEA) et son assurance-vie afin de pouvoir bénéficier au bout de 5 ans ou de 8 ans du meilleur régime fiscal.

Au niveau des actions, il faut absolument jouer la diversification et investir progressivement et à contre-courant des moutons. Avec l’été, vous avez un peu plus de temps pour regarder la composition de votre portefeuille. Il peut y avoir des lignes en pertes chroniques avec peu de potentiel de hausse. Il faut alors les sabrer. Accepter de perdre de l’argent pour rebondir fait partie du jeu. Cela a deux avantages. Les moins-values pourront, le cas échéant, compenser les plus-values si on a un compte titres hors PEA, et cela permet de réinvestir sur des titres à fort potentiel. Il faut savoir regarder loin, en Afrique, aux Etats-Unis où il y encore de la croissance. Mais aller à contre-courant signifie acheter des actions, des titres injustement bradés. Ceux qui ont acheté des actions Peugeot ou Renault quand ces deux marques étaient au fond du trou peuvent se dire qu’ils ont fait une bonne affaire. Pourquoi ne pas regarder du côté du Royaume-Uni, de l’Amérique latine… Mais une règle s’impose, c’est de ne pas mettre d’un coup toutes ses économies sur le marché des actions. Il faut lisser les effets d’un éventuel krach en investissant régulièrement.

Dans le contexte actuel, entre Brexit et ralentissement de la croissance mondiale, doit-on s'attendre à un été chaotique sur les places financières ? Est-il plus opportun de se mettre à l'abri dans une telle situation ?

Avec des taux d’intérêt extrêmement bas, avec le quantitative easing de la BCE, les marchés financiers sont volatiles ce qui facilite les coups de tabacs estivaux. Le Brexit va miner durant des mois le moral des investisseurs. Les premiers indicateurs confirment que le Royaume-Uni n’échappera pas au ralentissement de sa croissance, qui aura lui-même un effet négatif sur la nôtre. L’été 2016 sera celui des incertitudes, mais également celui des opportunités.

Sauf à vouloir à se mettre face au vent, rien n’est sûr, rien n’est certain. Il faut limiter ses risques en jouant la diversification et en essayant de maximiser sa situation. Il faut profiter de l’été pour regarder comment d’ici la fin de l'année réduire la facture fiscale. Si vous avez plus de 40 ans, il n’est pas stupide de se pencher sur sa future retraite. En cas de taux d’imposition élevés à l’impôt sur le revenu, l’ouverture d’un Plan d’épargne retraite populaire peut être intéressante. Les versements sont déductibles dans une certaine limite du revenu imposable et sont donc hors plafond des niches fiscales. Les travailleurs non-salariés doivent quant à eux ouvrir un Contrat Madelin qui ouvre lui aussi droit à des déductions fiscales.

Sinon, il y a d’autres produits qui permettent de réduire sa facture fiscale : les Fonds communs de placement dans l’innovation, les Fonds d’investissement de proximité ou les SOFICA (financement du cinéma).

Alors que les taux d'intérêts sont toujours plus bas, quels sont aujourd’hui les placements délivrant le meilleur "rendement-risque" pour qui cherche la sécurité avant tout ? 

Au niveau du rendement, les SCPI (Sociétés civiles de placements immobiliers) offrent du rendement, autour de 5 % mais il faut faire attention au frais de gestion. Il est possible d’acquérir des parts de SCPI et de les mettre dans un contrat d’assurance-vie. Il est de plus en plus facile, via des unités de compte, d’accéder à des SCPI.

Autre solution, c’est d'ouvrir des contrats d’assurance-vie avec plusieurs devises pour jouer sur les effets de change. De plus en plus d’établissements financiers proposent des contrats luxembourgeois permettant d’opérer en euros, en dollars, en livre sterling. Si on parie que le dollar va continuer à s’apprécier, il n’est pas inintéressant de placer ses économies en zone dollar et de bénéficier de l’effet de change.

Au niveau des actions, il faut regarder le secteur pétrolier, le secteur minier et le secteur agro-alimentaire qui souffrent du ralentissement économique mais qui pourraient d’ici la fin 2017 connaître une embellie. De même, les entreprises à dominante touristique sont touchées par la situation internationale mais leurs perspectives de développement restent bonnes…

Sinon, pensez aux grands crus classés dans le vin en achetant des parts de sociétés viticoles ou prenez des risques sur les start-ups intervenant dans les objets connectés, la santé, etc. Il y a aussi - c’est moins drôle - des gains potentiels avec les maisons de retraite, les EHPAD car la population française vieillit. Les croisiéristes sont également de bons partis. Il suffit, pour s’en convaincre, de constater le nombre de navires de croisières en cours de fabrication.

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