Parents cancres et enfants tyrans : ce sujet de fond qu'aucune morale laïque ne permettra de traiter<!-- --> | Atlantico.fr
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Vincent Peillon souhaite le retour de l'enseignement de la morale laïque en 2015.
Vincent Peillon souhaite le retour de l'enseignement de la morale laïque en 2015.
©Charles Platiau / Reuters

Bonnet d’âne

Au risque d'attraper le torticolis, le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon est rivé sur la ligne bleue de la morale laïque mais il ne voit pas la barbarie de proximité.

Christian Combaz

Christian Combaz

Christian Combaz, romancier, longtemps éditorialiste au Figaro, présente un billet vidéo quotidien sur TVLibertés sous le titre "La France de Campagnol" en écho à la publication en 2012 de Gens de campagnol (Flammarion)Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages dont Eloge de l'âge (4 éditions). En avril 2017 au moment de signer le service de presse de son dernier livre "Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos", son éditeur lui rend les droits, lui laisse l'à-valoir, et le livre se retrouve meilleure vente pendant trois semaines sur Amazon en édition numérique. Il reparaît en version papier, augmentée de plusieurs chapitres, en juin aux Editions Le Retour aux Sources.

Retrouvez les écrits de Christian Combaz sur son site: http://christiancombaz.com

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Or donc le ministre de l'Education se prévaut de défendre désormais la morale à l'Ecole.

Mais que représente l'Ecole dans la vie de l'enfant, et quel est le rôle du professeur dans son développement  ? Il est pratiquement nul, voire négatif, dans certains cas d'absentéisme chronique ou de démission idéologique. En revanche, le rôle de la publicité, de la télévision, du cinéma, du jeu vidéo est écrasant, or c'est précisément de quoi il ne sera jamais question dans le discours de nos gouvernants, qui se gardent d'affronter le réel, faute de quoi ils seraient obligés de faire ce pour quoi ils ont été élus : gouverner sur les questions vraiment importantes pour le Peuple et qui concernent tout le monde, c'est à dire en gros le contraire du mariage gay. Ils nous serinent donc leurs préceptes et nous rappellent la nécessité du respect de l'autre au dessus du tableau noir, mais ils laissent dégrader tout et tout le monde en permanence.

Le feuilleton quotidien de TF1 Chers voisins est déjà à lui seul la négation de tout ce que l'Ecole devrait essayer d'établir : la dignité de l'adulte, l'honnêteté en matière d'argent, la modestie dans le comportement, la générosité familiale, la politesse à l'égard des voisins ou du concierge. Tout y est battu en brèche chaque soir.
Mais ce n'est rien encore auprès de la publicité, dont on me pardonnera de ne choisir qu'un exemple, une campagne Volkswagen consacrée au véhicule familial Touran et signée par l'agence V.

Ce spot très bref et d'ailleurs ancien, plus d'une année, vient d'être abrégé pour une diffusion sur internet et son montage n'en est que plus insupportable à cause de ce qu'il montre. Déjà, le message est globalement ahurissant, il tient en une phrase : quand on sait de quoi les enfants sont capables, on choisit une voiture solide. En d'autres termes, si vos enfants sont odieux ne les punissez pas, ne les contraignez pas, ne les dressez pas, choisissez plutôt des voitures qui leur résistent. Cette philosophie n'est pas seulement imbécile, elle devient cruelle et nous concerne donc tous parce que cette minute publicitaire est tournée dans un style Tarantino complètement déplacé quand il s'agit de l'enfance. Le film s'appelle "la vie des jouets" mais c'est de leur mort, de leur lente torture qu'il est question. La perversité de ces quelques plans frapperait n'importe quel psychiatre. Elle tend à légitimer, avec une sordide indulgence, les fantaisies violentes de ces chers petits, mais surtout elle nous montre les yeux exorbités des ours en peluche comme si le réalisateur jouissait de la terreur qu'ils éprouvent quand l'enfant leur envoie des projectiles, les plonge dans la baignoire, les traîne par terre et là nous sommes dans la barbarie la plus sournoise, la plus indécente, la plus susceptible, en principe, d'éveiller les soupçons d'un ministre de l'Education, lequel avait déjà l'air torve en arrivant à son poste, mais est en train d'attraper le torticolis à force de regarder ailleurs.

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