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Pansexuel, gynosexuel, demisexuel : ce qui se cache derrière l’inflation des nouvelles identités sexuelles
©REUTERS/Maxim Shemetov

Foire-fouille

Mais aussi skoliosexuel, graysexuel, polysexuel... les identités sexuelles (ou anti-sexuelles) fleurissent depuis quelques années.

Michelle  Boiron

Michelle Boiron

Michelle Boiron est psychologue clinicienne, thérapeute de couples , sexologue diplomée du DU Sexologie de l’hôpital Necker à Paris, et membre de l’AIUS (Association interuniversitaire de sexologie). Elle est l'auteur de différents articles notamment sur le vaginisme, le rapport entre gourmandise et  sexualité, le XXIème sexe, l’addiction sexuelle, la fragilité masculine, etc. Michelle Boiron est aussi rédactrice invitée du magazine Sexualités Humaines

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Atlantico : À côté des orientations traditionnelles des hétérosexuels, homosexuels et bisexuels, une myriade d'autres options existent maintenant dans le lexique : pansexuel, gynosexuel, demisexuel… Comment expliquer cette apparition d'une multitude de nouvelles formes sexuelles ?  

Michelle Boiron : Votre question est révélatrice surtout de "l'orientation" que prend notre vie sexuelle parce qu'elle subit l'influence de la société et la norme du moment. Elle s'infiltre dans ce qu'il y a de plus intime dans l'humain: sa sexualité. Depuis la liberté sexuelle sans entrave qui a aujourd'hui 50 ans, chacun, chacune cherche sa voie pour être épanoui. On peut nommer toutes ses formes depuis le neo-romantisme, le pansexuel le gynosexuel... La liste est longue et sème le trouble sur l'humain qui avant toute chose se pose la question de la normalité de sa sexualite (voir mon article dans Santé mentale sur La sexualite normale) . Cette question est récurrente dans nos consultations car la réalité de la vie sexuelle est bien loin de ce que l'on nous "vend" dans les magazines. Le siècle dernier à modifié le statut de l'homme . Il s'est perdu dans un univers qu'il pensait maîtriser mais en fait qui le dépasse et dont il ne parvient plus à s'échapper ! Il s'est éloigné de sa réalité pour prendre l'apparence du politiquement correct et aujourd'hui du sexuellement correct. Ce faisant on nie la dimension inconsciente de la sexualité et on oublie la gamme des émotions et des sentiments, par essence privés pour la mettre en mots et la définir avec des termes comme pansexuel, gynosexuel... Comme si le fait de nommer ou d'identifier des pratiques somme toutes privées devaient être jetées en pâture au public. Ces pratiques peuvent être passagères, évolutives ou fixées . Les nommer accentue le levée de la frontière du domaine privé au domaine public de la vie sexuelle et fait miroiter une jouissance libre . Pourquoi pas? Les interdits ont disparu, le désir aussi! Comme si on oubliait que l'interdit, la transgression faisaient partis de la sexualité... En revanche on arrive à devoir trouver de nouvelles formes de sexualité pour remplacer ce que l'homme avait naturellement en lui... La Sexualité uniquement au service de la jouissance individuelle semble légitimer toutes les pratiques et les encourager . Il n'est nullement question de retourner en arrière, mais seulement de retrouver la part de la magie avec une alchimie des corps, une communion de l'esprit et peut être une vraie jouissance partagée sans lui donner forcément une orientation et sans la nommer... Il n'y a pas de mot pour en dire quelques choses . 

Alors qu'aujourd'hui nous pouvons avoir des douzaines d'identités sexuelles, elles peuvent devenir tellement individualisées et spécifiques qu'elles perdent toute signification pour les identités de groupe, et le concept entier d'une identité sexuelle fixe est érodé. Peut-on vraiment parler d’identité sexuelle dans ces cas-là ? Ou s'agit-il d'orientations ?

Autour de cette panoplie de nouvelles orientations sexuelles tellement atomisées on ne peut plus repérer les catégories dans lesquelles elles s'inscrivent. En voulant faire prédominer les comportements comme étant des catégories on perd la possibilité de définir ce qu'est une identité sexuelle. Les gynosexuelles, les demissexuels... n'expliquent rien; les catégories restent les mêmes, en parler et vouloir les classifier perturbent le schéma . D'autant que certaines comme: les démisexuels ont toujours existé : une amitié qui se transforme en relation sexuelle est un comportement classique pourquoi vouloir à tous prix en faire une catégorie? Quand aux sapiosexuel, de tous temps une grande vivacité intellectuelle, une certaine intelligence ont donné à un grand nombre de personnes de tous les sexes un grand plaisir voire une excitation très forte. On est en train de tout mélanger et créer la confusion dans le cerveau des gens. Ces mêmes comportements peuvent être pratiqués par un hétérosexuel, un homosexuel un bisexuel... Il me paraît important de reprendre la définition de l'identité sexuelle. Je choisirai celle de Bernard Golse : " Tout ceci n'est pas simple, on en conviendra aisément... La seule chose qui est sûre, c'est que notre espèce se compose de deux groupes d'individus, des Hommes et des Femmes, ce qui renvoie à la notion d'identité sexuée, tandis que l'identité sexuelle serait liée à la question du choix d'objet sexuel (choix homo ou hétérosexuel). À partir de là, à tel ou tel moment de son histoire et de son évolution politique, chaque société ou organisation socio-culturel accordé des statuts différents au groupe des Hommes et des Femmes, ce qui renvoie au concept de genre dont la théorie est loin d'être achevée, contrairement à ce qu'on voudrait nous faire croire!" Extrait de Identité sexuée ou identité sexuelle ? D'un genre à l'autre par Bernard Golse. 

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