Où finissent les médicaments de contrefaçon ?<!-- --> | Atlantico.fr
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1,2 million de sachets d’aspirine de contrefaçon en provenance de Chine ont été saisis le 17 mai par les douanes du Havre.
1,2 million de sachets d’aspirine de contrefaçon en provenance de Chine ont été saisis le 17 mai par les douanes du Havre.
©Reuters

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La semaine dernière, la plus importante saisie de médicaments de contrefaçon a été réalisée en France. Si les risques d'en trouver chez votre pharmacien sont proches du zéro, les sites Internet en proposeraient à la pelle.

Jean-Paul Giroud

Jean-Paul Giroud

Le Pr Jean-Paul Giroud est l'un des spécialistes les plus reconnus en pharmacologie. Membre de l'Académie nationale de Médecine, de la commission d'Autorisation de Mise sur le Marché, de la Commission de pharmacovigilance et expert auprès de l'OMS, il est également l'auteur de plusieurs livres, dont "Médicaments sans ordonnance : les bons et les mauvais" Editions de la Martinière.

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Atlantico : Quelque 1,2 million de sachets d’aspirine de contrefaçon en provenance de Chine ont été saisis le 17 mai par les douanes du Havre. Il s’agit de la plus importante saisie de contrefaçon de médicaments réalisée en France. Lorsque ces médicaments ne sont pas saisis par les douanes, dans quels circuits se retrouvent-ils ? Peut-on retrouver ces contrefaçons dans les pharmacies ou parapharmacies ?

Jean-Paul Giroud : Étant donné le prix de l'aspirine, j'imagine que ces contrefaçons n'étaient pas destinées au marché français mais plutôt aux pays en voie de développement. La contrefaçon se développe surtout dans les pays pauvres du Sud. Et cela relève de la catastrophe parce que le principe actif peut être sur-dosé ou sous-dosé, voire inexistant. Un anti-paludisme peut sauver une personne mais lorsque le produit n'est pas bien dosé, il peut aussi bien la tuer. 

Les laboratoires pharmaceutiques estiment que le phénomène se développe de plus en plus en Europe mais normalement en France, le circuit du médicament est relativement sérieux. Un médicament part du laboratoire et passe par un distributeur avant d'arriver au pharmacien. Il y a une réelle traçabilité. La question est de savoir si le pharmacien est honnête et qu'il n'a pas lui même acheter une contrefaçon. Mais je pense que l'on peut aisément leur laisser le bénéfice du doute. Le système est fiable à 99%.

Le réel problème se situe sur Internet. En ligne, il est possible de trouver toute sorte de médicaments, même des médicaments de prescription. Entre 50 à 70% des médicaments que l'on trouve sur la toile sont contrefaits.

Comment peut-on être sûr de ne pas être face à une contrefaçon ?

Dans le circuit français, le meilleur moyen d'éviter les contrefaçons est encore d'acheter ses médicaments en pharmacie. Parce que l'aspect et l'emballage d'une contrefaçon ne peuvent la trahir. Bien souvent, l'emballage est copié. Malheureusement, personne ne peut vous dire ce qu'il y a l'intérieur du paquet et de la gélule. 

Si j'avais un conseil à donner : fuir les ventes sur Internet. D'autant plus lorsqu'il s'agit de produits amincissants ou de viagra. 

Quels risques sanitaires présentent ces contrefaçons ?

Les ingrédients des contrefaçons peuvent être nocifs, le principe actif peut être sur-dosé ou sous-dosé. Cela aboutit à des échecs thérapeutiques et peut aller jusqu'à des intoxications fatales. 

En cas de maladie grave, un médicament de contrefaçon peut être équivalent à une absence de traitement et peut entraîner la mort. 

Comment peut-on lutter contre l’afflux de contrefaçons toujours plus nombreuses ?

Les ventes sur Internet ne permettent pas un réel suivi. Par ailleurs si le prix de vente des médicaments est plus avantageux qu'en pharmacie, les sites vous font souvent payer le portage.

Néanmoins, je ne vois pas comment lutter contre les contrefaçons sur Internet car bien souvent nous n'en connaissons pas l'origine. 

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